Clooney, Venard de Cerisy, Dsarie et Twentytwo des Biches doivent passer en quarantaine avant leur départ pour Tokyo. Ce sont les chevaux olympiques des quatre sauteurs d'obstacles sélectionnés: Martin Fuchs, Steve Guerdat, Beat Mändli et Bryan Balsiger. Ce n'est qu'une des innombrables exigences auxquelles la Fédération suisse des sports équestres (FSSE) doit répondre.
La responsable des sports de la FSSE, Evelyne Niklaus, est chargée de la logistique olympique. La Bernoise a déjà rempli plus de 1000 formulaires. Elle estime également à 1000 le nombre d'heures de travail consacrées par l'association ces Jeux olympiques. Un profane en matière d'équitation peut difficilement imaginer tout ce qui doit être pris en compte dans les préparatifs olympiques pour les athlètes à quatre pattes.
La quarantaine
Depuis ce vendredi, les quatre spécialistes du saut d'obstacles sont placés en quarantaine. Ils sont isolés dans un centre équestre quelque part en Suisse, dont le lieu n'est pas révélé. «Non pas parce que nous avons quelque chose à cacher, précise Evelyne Niklaus. C'est surtout à cause de la réglementation stricte de cette bulle.» Il s'agit d'éviter les visiteurs et les spectateurs qui pourraient rencontrer les inspecteurs du Comité olympique.
Les six autres chevaux olympiques nominés (1 Dressage, 4 Concours Complet, 1 Para-Dressage) termineront leur quarantaine à Aix-la-Chapelle, en Allemagne. Cependant, une solution a été recherchée pour les chevaux de saut d'obstacles en Suisse, également pour que les cavaliers de saut d'obstacles puissent mieux les entraîner dans les jours précédant le départ.
Les réglementations sont également strictes à cet égard. Avant d'emménager, les installations doivent être nettoyées et désinfectées. Seuls les grooms qui dorment sur place dans des vans, les entraîneurs et les cavaliers eux-mêmes sont autorisés à entrer dans la bulle. Ces derniers doivent tenir à jour un agenda détaillant les déplacements du cheval.
Au total, il y aura huit à dix équidés dans cette bulle. En effet, les chevaux de remplacement doivent également passer par la quarantaine. Ceux qui feront partie de la liste des sélectionnés ne seront déterminés qu'après ce week-end de compétition. Le 24 juillet, les quatre chevaux olympiques seront transportés directement de la quarantaine à Liège (Bel), d'où ils effectueront le long vol vers Tokyo.
Précautions vétérinaires
Les cavaliers seront testés pour la coronavirus, tandis que les chevaux subiront également des tests pour leur maladie. La première phase de tests détaillés et coordonnés a commencé environ un mois avant le départ. Le vétérinaire de l'association, Thomas Wagner, a dû prélever des échantillons prédéfinis sur chacun des chevaux éligibles.
Au moyen d'analyses sanguines, ils ont été examinés pour la piroplasmose (infection des globules rouges par de petits pathogènes parasites) et le coggins (anémie contagieuse). Les chevaux ont en outre subi un test nasal pour la grippe (maladie virale de tout le système respiratoire). Ces trois tests doivent être effectués à nouveau durant la quarantaine.
En raison de la grave épidémie du virus mortel de l'herpès équin en février, les chevaux olympiques doivent faire l'objet d'une mesure de la fièvre deux fois par jour pendant les dix jours précédant la quarantaine et au cours de celle-ci. Si la température est élevée, un test approprié devra être effectué.
Plus sur les Jeux de Tokyo
Les données et résultats correspondants arrivent chez Eveylne Niklaus et doivent être saisis en ligne sur une plateforme par elle et son personnel. Il existe un dossier pour chaque cheval olympique. Outre le scan du passeport et du carnet de vaccination du cheval, il doit également contenir une liste exacte du matériel et des aliments. Cette préparation complexe a nécessité un gros effort logistique. «Parfois, j'avais peur que quelque chose se perde dans cette jungle de formulaires ou que nous manquions un délai qui avait été modifié au pied levé», précise la responsable.
Fourrage et matériel
L'importation du foin n'est en outre pas autorisée au Japon. Mais comme le pays ne dispose pas de stocks suffisants pour couvrir les besoins de tous les chevaux olympiques, celui-ci est acheminé par avion depuis les États-Unis. La société Anderson, ainsi que Kentucky Equine Research, ont été les fournisseurs de foin pour plusieurs événements olympiques et Jeux équestres mondiaux.
Comme la composition du foin américain diffère considérablement de celle du foin européen, la FSSE ainsi que d'autres associations européennes ont pris des précautions et se sont fait livrer les rations de foin à l'avance. En Suisse, il s'agissait de 38 balles de 20 à 22 kilos chacune qui ont été distribuées aux éventuels chevaux olympiques afin qu'ils puissent être nourris avant et au plus tard au cours de la quarantaine.
Comme les cavaliers utilisent différents types d'aliments concentrés, la FSSE a dû transmettre ses ingrédients au Japon et les faire approuver. 150 kilos d'aliments concentrés seront emportés pour chaque cheval. En outre, il y a beaucoup de matériel à transporter. Chaque animal a droit à 250 kilos de «fret». Cela comprend l'équipement d'équitation tel que les selles, les brides, les couvertures, les fers à cheval de rechange et bien plus encore.
Le vol
La boîte du forgeron pèse à elle seule 40 kilos. Evelyne Niklaus doit également penser à un réfrigérateur et à un congélateur pour les bottes de refroidissement, par exemple. Ou des médicaments et des rideaux pour les écuries. «Et une machine à café pour l'écuries ne doit surtout pas manquer», rigole-t-elle.
Au total, le vol collectif de Liège à Tokyo dure environ 18 heures pour les chevaux. Un arrêt de ravitaillement est effectué à Dubaï. Un palefrenier se déplace avec chacun équidé, tandis que les autres palefreniers voyagent à l'avance pour prendre possession des locaux. Les chevaux devraient atterrir au Japon à 1h45, heure locale, et arriver à l'écurie du parc équestre entre 5 et 6 heures du matin après la procédure administrative à l'aéroport. Pour ceux qui pourraient considérer ce voyage comme une épreuve, Evelyne Niklaus se veut rassurante: «Pour les chevaux, voler est plus agréable qu'un long voyage en camion.»