Blick: Jusqu'à présent, on imagine que votre mari, Reto, s'occupait le plus souvent de la vie à la maison. La répartition des rôles au sein de la famille va-t-elle changer après votre retraite?
Nicola Spirig: Il faudra certainement du temps pour que cela se mette en place et nous voulons nous laisser ce temps. Reto n'est pas forcément à 100% à la maison. Nous devons voir ce qui est idéal pour nous en tant que famille, qui reste à la maison et qui travaille.
Lequel de vos trois enfants sera la prochaine Nicola Spirig?
Mon mari et moi espérons que nos enfants ne deviendront pas des triathlètes! Pour une raison simple: si la maman a eu autant de succès, ils auront forcément la pression pour aller chercher une médaille olympique. Ce n'est pas idéal pour eux. Ils ne doivent pas subir cette pression ni cette attente. Nous espérons qu'ils trouveront un autre sport qui leur plaira.
Vous considérez-vous comme un modèle pour les femmes qui souhaitent concilier carrière et vie de famille?
Je me considère comme une source d'inspiration pour les personnes qui le souhaitent, c'est tout. Chaque mère doit décider pour elle-même si elle veut travailler et à quel point. En ce sens, je suis peut-être un modèle en montrant que c'est possible. Cela n'est malheureusement pas toujours le cas, il faut un bon environnement.
Qui sont les personnages clés qui ont rendu possible une telle carrière et pour lesquels vous éprouvez une profonde gratitude?
La figure la plus évidente est Reto, grâce à qui j'ai pu prolonger ma carrière après la naissance de mes enfants. Sans lui, il n'aurait pas été possible de la poursuivre en la conciliant avec une vie de famille. Mes parents ont aussi été déterminants, surtout au début, quand mon père était mon coach et ma mère ma manager. Encore maintenant, ils gardent les enfants et continuent de venir aux compétitions. Mes sponsors aussi m'ont beaucoup soutenue, même lorsque j'étais blessée ou enceinte. Il y a tant de gens...
Quel regard portez-vous sur ces 25 années incroyables?
Tout cela a été possible, d'une part, grâce à l'équipe qui m'entoure. D'autre part, c'était ma véritable passion. Je suis allée aussi loin parce que j'aime vraiment faire ça et que j'ai pu faire un métier de mon hobby. En plus du sport, j'ai une famille, une fondation, une série pour enfants et j'ai aussi fait des études de droit. Le fait d'avoir rempli ma vie de beaucoup de choses différentes, qui me plaisent toutes, m'a permis d'être très satisfaite et de pouvoir durer aussi longtemps.
Quels sont les moments de votre carrière dont vous vous souvenez le plus?
Ce sera à jamais le titre olympique en 2012. Tout simplement parce que c'est quelque chose d'incroyable de devenir championne olympique, de monter sur le podium et de pouvoir se dire: «Aujourd'hui, tu es la plus rapide du monde.» C'est de la folie! De plus, tout était extrêmement serré à Londres. De nombreux fans viennent encore aujourd'hui me raconter ce qu'ils ont vécu lorsque j'ai franchi la ligne d'arrivée au sprint. C'était extrêmement impressionnant, pour moi comme pour beaucoup de gens autour de moi. Mais la médaille d'argent obtenue quatre ans plus tard à Rio a été encore plus émouvante. J'étais déjà maman et Yannis (ndlr: son fils) et Reto me regardaient avec mon père. C'était un moment très spécial pour moi.
(Adaptation par Thibault Gilgen)