La médaillée d'argent des championnats du monde, Camille Balanche, souffre. Même maintenant, alors qu'elle ne fait «que» lever son cappuccino. «J'ai mal au pouce et au haut du corps. Et mon pied droit est comme endormi depuis l'accident», détaille l'infortunée. La championne du monde de descente 2020 traverse une période difficile depuis sa terrible chute le 25 août lors des qualifications pour la course de Coupe du monde en Andorre.
La Neuchâtelois n'avait pas l'intention de donner de grandes interviews. Mais elle l'a tout de même fait à Macolin, au-dessus du lac de Bienne. Elle a parlé avec patience, de manière détaillée et ouverte comme toujours. Le fait qu'elle ne se souvienne pas du pire jour de sa carrière l'aide peut-être. «C'est vrai, sourit-elle. Je ne me souviens de rien. Même la semaine qui a suivi la chute est comme effacée.» Pourtant, elle est tout de même ne mesure de parler de ce crash. Certes, il n'y a pas d'images vidéo, mais un photographe se trouvait juste à côté et lui a fait un compte rendu détaillé.
«J'étais gavée de médicaments»
«Lors d'un saut en principe inoffensif, j'ai été prise dans une rafale de vent», explique Camille Balanche. Elle roulait à environ 40km/h, comme d'habitude. «Et soudain, je me suis retrouvée en travers et j'ai percuté le sol dur de plein fouet.» Elle n'a pas souffert de fractures ou de déchirures, mais a été transportée par avion dans un hôpital proche avec de fortes contusions et un traumatisme crânien. Un jour plus tard, le transfert à Berne a suivi. «J'ai été gavée de médicaments pendant deux semaines avant de passer une semaine dans un hôpital neurologique.»
Camille Balanche est consciente d'avoir eu un ange gardien à ses côtés lors de sa chute. Elle est également heureuse que les tests neurologiques approfondis n'aient jusqu'à présent pas laissé entrevoir de dommages durables. «Mais il faut encore attendre de voir ce qui se passera si j'augmente l'intensité de l'entraînement. En ce moment, je fais peu de choses. Une fois, je suis allée faire une heure de vélo sans forcer. J'espérais que cela irait plus vite, mais malheureusement, j'ai encore beaucoup de douleurs. C'est difficile parce que même les médecins ne savent pas encore exactement quel est le problème.»
Même faire les courses est difficile
La Neuchâteloise a perdu jusqu'à présent cinq kilos de masse musculaire. Elle ne doit pas surmener son corps, ni sa tête. «Trop de stimuli visuels me donnent mal à la tête. Une fois, je faisais des courses, j'étais à la caisse et j'étais extrêmement fatiguée.»
Elle est particulièrement reconnaissante de savoir sa compagne et ancienne descendeuse, Emilie Siegenthaler, à ses côtés. «Emilie est toujours là pour moi et a été d'une aide particulièrement précieuse après l'accident. Sans elle, je serais sans doute restée plus longtemps à l'hôpital en Andorre, ce que je ne voulais en aucun cas.»
Des anémomètres? Pas d'indication
On ne sait pas quand Camille Balanche reviendra sur les pistes de descente. «Je ne prendrai certainement aucun risque», dit celle qui a participé aux Jeux olympiques d'hiver en 2010 avec l'équipe nationale de hockey sur glace. Elle n'envisage pas de se retirer. Comme chaque année, un nouveau championnat du monde est au programme en 2024. Où se déroulera la compétition? Précisément en Andorre et sur la piste qui lui a été fatale.
«J'espère simplement que l'on se penchera sur la question. D'autres coureuses ont chuté au même endroit. On sait que des rafales de vent peuvent y survenir. En ski de compétition, on aurait des appareils de mesure et des officiels à de tels endroits. Malheureusement, nous sommes encore loin d'être aussi professionnels en descente, bien que de terribles accidents puissent aussi se produire ici.»
«Je me donne le temps dont j'ai besoin».
On le voit: l'enthousiasme de Camille Balanche pour Andorre est très limité. Ses yeux brillent d'autant plus lorsqu'on lui parle des championnats du monde à domicile de 2025. Ils auront lieu en Valais. «Ce sera une énorme fête. Je me réjouirai énormément de pouvoir être au départ à ce moment-là.»
Mais elle va d'abord se lancer dans une toute autre course, celle pour retrouver sa santé. Pour cela, elle doit penser en d'autres dimensions que les secondes et les centièmes. «J'en suis consciente. Même si c'est difficile pour moi, je me donne le temps dont j'ai besoin. Je ne peux rien forcer.».