Pour une fois, ce n'est pas une question cliché. Comment allez-vous?
Thomas Lüthi: Toute cette situation est encore incroyable, incompréhensible. C'est un grand vide. Il va falloir du temps pour assimiler les choses. Même si la vie continue.
Ce week-end, place déjà au GP de Barcelone, avec les essais dès vendredi.
C'est terrible, parce que le calendrier est très serré (deux courses en deux week-ends) pile au moment où une chose pareille survient... Mais je vais me rendre à Barcelone mercredi et j'ai l'intention de participer à la course.
Lundi encore, votre chef d'équipe disait ne pas savoir si vous alliez vous aligner en Catalogne. La décision a-t-elle été difficile à prendre?
Oui. Il m'a fallu une journée pour assimiler les choses. C'est aussi pour cela que je ne voulais pas donner d'interviews. J'étais en mille morceaux, littéralement. Il faut maintenant les recoller et essayer d'aller de l'avant tant bien que mal.
Avez-vous songé à arrêter?
Beaucoup de pensées m'ont traversé l'esprit. Mais pas celle-ci.
Et faire l'impasse en Espagne?
J'ai décidé de courir à Barcelone. Il faut que ça continue. Aussi parce que ça ne change rien pour Jason si je fais une pause.
Vous avez suivi Jason Dupasquier de près en tant que mentor. Le considériez-vous comme un petit frère?
Nous étions étroitement liés par notre passion commune. Nous nous sommes souvent entraînés ensemble et avons organisé des événements de sponsoring ensemble. Le voir sur une si belle lancée dans le championnat du monde, cela me rendait heureux. Je peux mesurer à quel point il a travaillé pour cela – en tant que pilote suisse, c'est très difficile d'y arriver.
MediaSlot: ImageContainer #ImageVous avez décidé de ne pas courir au Mugello pour aller au chevet de Jason Dupasquier à l'hôpital. Un geste courageux: voir un collègue aux soins intensifs n'est pas à la portée de tous.
Pour moi, la décision de foncer à l'hôpital était logique, la question ne se posait pas. Mon équipe a été très compréhensive. Bien sûr, mon travail est d'être pilote de Grand Prix, mais nous sommes aussi des êtres humains avec des sentiments. Il y a des situations dans lesquelles le travail passe au second plan.
Etiez-vous aux côtés de la famille Dupasquier jusqu'à lundi à Florence?
Par respect pour la famille, je peux seulement dire que je suis rentré directement de l'hôpital en Suisse le dimanche.
Comment vous sentirez-vous lorsque vous monterez sur votre machine vendredi?
Je ne le découvrirai moi-même que vendredi.
Le retour sur la piste peut-il aussi vous changer les idées?
Là encore, je ne sais pas si cela peut fonctionner. Je ne le saurai pas avant vendredi.
Votre considération de la dangerosité de votre sport a-t-elle changé?
C'est le mauvais moment pour parler de sécurité. C'est mon job et je vais le faire à Barcelone.