Il en a tiré de la force
Ce champion olympique raconte comment vivre avec l'épilepsie

L'ex-sauteur à ski Severin Freund révèle souffrir d'épilepsie, une maladie qui ne l'a empêché de concourir au plus haut niveau. Le champion olympique parle ouvertement de son expérience et veut donner du courage aux autres personnes concernées.
Publié: 25.11.2024 à 14:32 heures
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Dernière mise à jour: 25.11.2024 à 14:33 heures
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Severin Freund rend publique sa maladie épileptique.
Photo: IMAGO/Ulrich Wagner
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Matteo Bonomo et BliKI

L'ancienne star du saut à ski Severin Freund a rendu publique sa maladie épileptique. Dans une interview accordée à «Welt am Sonntag», le champion olympique de 2014 révèle des détails sur son combat contre la maladie qui l'accompagne depuis près de deux décennies.

«J'ai toujours eu des crises, mais seulement pendant mon sommeil», explique Severin Freund. L'ancien sauteur à ski sait désormais exactement à quel rythme les crises se déclenchent chez lui. «Il semble que j'ai une fenêtre d'environ deux semaines, espacée de six à 24 mois, pendant laquelle j'ai des crises. Après cette période, il y en a une ou trois au maximum, de manière épisodique. Ensuite, je suis à nouveau tranquille».

Les médecins lui ont déconseillé de faire une carrière professionnelle

La première crise est survenue à l'été 2004. Severin Freund se rappelle: «Notre médecin de famille, qui habitait juste à côté, est arrivé rapidement et a assisté à la phase où je ne réagissais pas immédiatement.» Au départ, le spécialiste avait même envisagé une intoxication alimentaire, l'incident s'étant produit lors d'une fête populaire. Cette expérience a plongé le jeune athlète dans un véritable état de choc.

Malgré le diagnostic, Severin Freund a poursuivi sa carrière. En 2006, un médecin avait pourtant été catégorique: il lui déconseillait vivement de continuer. «Il n’était même pas question de sport de compétition. Pour Monsieur Freund, l’enjeu était simplement de mener une vie normale», raconte le sportif de 36 ans, encore marqué par ces mots gravés dans sa mémoire. Mais des examens complémentaires ont montré que les crises étaient peu probables en journée, lui permettant ainsi de poursuivre son parcours.

Durant sa carrière, Severin Freund a choisi de garder sa maladie secrète. Il redoutait que ses contre-performances soient systématiquement attribuées à son épilepsie et ne voulait pas être constamment interrogé sur le sujet.

Il a fait preuve de courage

Le déroulement d'une crise est gentiment devenu une routine. «Je commence à convulser pendant mon sommeil, je me mords parfois la joue. Ma femme veille alors à ce qu'il n'y ait rien à proximité sur lequel je puisse me blesser et à ce que je ne me traîne pas hors du lit».

Severin Freund, qui a pris sa retraite sportive en 2022 souligne qu'environ 800 000 personnes vivent avec l'épilepsie en Allemagne. «Cela peut représenter une contrainte, mais ce n'est pas forcément le cas. Quand on y est confronté, il y a d'abord un grand sentiment d'impuissance». Il voit sa propre situation de manière différenciée. «Les évolutions et les manifestations sont très différentes et individuelles. J'ai eu de la chance à bien des égards».

Malgré l'épilepsie, Severin Freund peut se targuer d'une carrière extrêmement réussie. Lors de la saison 14/15, l'Allemand s'est emparé du classement général de la Coupe du monde. Son palmarès compte également trois titres de champion du monde. Lors des Jeux olympiques de 2014 à Sotchi (Russie), il a fêté son plus grand succès en remportant la médaille d'or dans la compétition par équipe.

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