Les as de la descentes en VTT avaient soif de revanche. Leur discipline n'était pas proposée aux Jeux olympiques, donc elles ont dû attendre jusqu'aux Mondiaux pour en découdre. C'est à Val di Sole, en Italie, que cela se passait ce dimanche. Camille Balanche et Émilie Siegenthaler défendaient les couleurs suisses et un titre de championne du monde pour la première. La coureuse de 31 ans a dû rendre sa couronne, avec une médaille de bronze comme consolation.
La fille de l'ancien sauter à ski Gérard Balanche a été devancée par les Françaises Myriam Nicole et Marine Cabirou. Elle avait pris le départ un peu diminuée après s'être blessée à un mollet en chutant quelques heures avant le départ. Pour sa part, Émilie Siegenthaler a terminé à la 10e place, son huitième «Top Ten» à ce niveau.
Avant la course, Blick était allé à la rencontre du duo. Avec cette première question: faut-il être un peu fou pour se lancer à l'assaut de ces pentes en VTT, comme on l'entend souvent? «Non, non, nous sommes tout à fait normales», rigole Camille Balanche. La jeune femme née au Locle relève néanmoins l'exigence de la discipline. «Avant les courses, je me demande souvent à quoi bon je m'astreins à tout ça. C'est tellement stressant! Au départ, je me dis qu'une seule petite erreur suffit à réduire tout ce travail à néant.»
Emilie Siegenthaler peut en témoigner. Voilà près de 15 ans que la Biennoise dévale des pentes. «C'est génial, mais la boule au ventre avant le départ est violente. Plusieurs jours avant la course, j'ai de la peine à manger. Une fois arrivée en bas, on retrouve le sourire — et on se rend compte de l'immense pression qui pesait sur nos épaules», raconte le jeune femme de 34 ans. Un âge où la retraite sportive guette — à la fin de cette saison pour Émilie Siegenthaler. «Je n'ai plus envie de ce stress et du risque de me blesser», confie-t-elle.
«Pourquoi faudrait-il se cacher?»
Les confidences, d'ailleurs, ne s'arrêtent pas là. Il reste un grand rêve à la Biennoise: partager un podium avec Camille Balanche. Pas seulement parce que cela ferait un joli doublé suisse, mais aussi parce qu'il s'agit de sa partenaire de vie. Les deux coéquipières n'ont jamais caché leur amour. «Pourquoi le faudrait-il?», interroge Emilie Siegenthaler. Les deux jeunes femmes sont engagées depuis plusieurs années dans la campagne «Stop à l'homophobie dans le sport». Elles n'ont pas subi de discrimination mais veulent aider. «Lors de mon coming-out, j'ai reçu beaucoup de messages me disant que c'était super et que ça avait aidé ces personnes. C'est pour cette raison que je fais tout ça.»
Qu'en dit Camille Balanche? L'ancienne joueuse de hockey sur glace a hésité à s'afficher publiquement. «Mais tous les gens qui gravitent autour du Downhill l'avaient remarqué, de toute manière». S'il n'y a eu aucun écho négatif, les deux amoureuses se font parfois siffler dans la rue lorsqu'elle se donnent la main. «On ne ferait jamais ça pour un couple hétérosexuel, non?», demandent-elles.