Après son sacre sur 200 m
Mujinga Kambundji enfin sur le toit de l'Europe

Mujinga Kambundji est sur le toit de l’Europe. Six ans après avoir fait naître les rêves les plus fous en se parant de bronze sur 100 m, elle a coiffé ses premiers lauriers sur la scène continentale.
Publié: 20.08.2022 à 13:12 heures
Mujinga Kambundji: six ans pour gagner.
Photo: Martin Meissner

Un poids immense s’est envolé des épaules de Mujinga Kambundji vendredi soir à Münich, comme elle l’a confié quelques minutes après son sacre sur 200 m. Et pour cause. Si l’on excepte cette 3e place sur la rectiligne à Amsterdam, son histoire avec les Européens était jusqu’ici avant tout marquée par des crève-coeurs.

Double finaliste en individuel lors des tant attendus Championnats d’Europe de Zurich en 2014, la Bernoise était ainsi devenue l’héroïne malheureuse de tout un peuple en lâchant le bâton avant même le départ d’un 4x100 m où le quatuor suisse affichait déjà ses ambitions. Un échec dur à avaler, et un poids lourd à assumer lorsque l’on n’a que 22 ans et que l’on est LA star mise en avant par sa Fédération. Le bronze obtenu à Amsterdam sur 100 m en 2016 avait bien pansé la plaie, mais la blessure s’était largement rouverte en 2018 à Berlin.

Quelques semaines après être devenue la première Suissesse à casser la barrière des 11 secondes, elle avait vécu un véritable cauchemar dans la capitale allemande: 4e tant sur 100 que sur 200 m, elle avait bu le calice jusqu’à la lie en échouant à nouveau au pied du podium au sein d’un relais qui avait tout pour bien faire. Après le déclic, la claque.

Un sacre bien mérité

Mais Mujinga Kambundji n’a jamais cessé de croire en son étoile. Après avoir longtemps cherché l'encadrement idéal, elle a enfin trouvé l’équilibre nécessaire à son épanouissement chez elle, à Berne, avec Adrien Rothenbühler à la baguette, au plus près d’une famille si chère à son cœur. Privée de finale pour 5 millièmes de seconde sur 100 m aux Mondiaux 2019 à Doha, elle frappait un premier grand coup en plein air en se parant de bronze au Qatar sur 200 m.

La Bernoise avait enfin su saisir sa chance, dans une course « boudée » par plusieurs cadors. Une course qui a marqué le début d’une série en cours de sept finales individuelles dans des championnats intercontinentaux en plein air: 6e (sur 100 m) et 7e (sur 200 m) aux JO de Tokyo 2021, elle a décroché il y a à peine un mois aux Mondiaux de Eugene la 5e place sur la rectiligne et la 8e sur le demi-tour de piste. Seule Européenne avec Dina Asher-Smith à avoir disputé ces deux finales dans l’Oregon, la sportive suisse de l’année 2019 a du coup abordé ces Européens de Munich avec une pression encore accrue.

Sacrée championne du monde du 60 m en salle en mars à Belgrade avec à la clé le 4e chrono de l’histoire (6’’96), elle se devait de transformer enfin l’essai là où on l’attendait le plus, sur la scène continentale. Le nouveau crève-cœur vécu mardi sur 100 m, où elle a laissé filer l’or pour... 5 millièmes alors que la favorite Dina Asher-Smith avait stoppé son effort et que le titre lui semblait promis après 80 mètres de course, aurait pu la faire douter. Mais il n’en fut rien. Concentrée comme jamais vendredi soir, elle a su contenir les assauts d’une Dina Asher-Smith retrouvée pour s’offrir enfin une consécration dont elle n’aurait pas osé rêver il y a dix ans.

Deuxième titre européen de l'histoire pour une Suissesse

Mujinga Kambundji saura savourer ce titre européen, le deuxième de l’histoire seulement pour une Suissesse après celui de Lea Sprunger sur 400 m haies en 2018. Mais elle voudra aussi très vite se projeter vers l’avenir. A 30 ans, elle prend plus de plaisir que jamais sur la piste et en dehors, été comme hiver, et court aussi plus vite que jamais.

La Bernoise a en effet signé les meilleurs chronos de sa carrière en 2022, récupérant le record de Suisse du 100 m à l’occasion des championnats de Suisse 10’’89 avant de porter celui du 200 m à 22’’05 lors des Mondiaux de Eugene. L’esprit serein et le corps sain, elle voudra tout faire pour grignoter les centièmes qui la séparent du graal, à savoir un podium mondial ou olympique. La quintuple championne du monde du 100 m Shelly-Ann Fraser-Pryce le prouve à chaque sortie, on peut être plus rapide que jamais à 35 ans passés.

(ATS)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la