Le réalisateur de 90 ans Roman Polanski, cinéaste majeur mais considéré par beaucoup comme un symbole de l'impunité en matière de violences sexuelles, n'a pas fait le déplacement pour défendre «The Palace» à Venise.
Son film, tourné à Gstaad (BE) avec Mickey Rourke et Fanny Ardant, doit y être projeté samedi soir, hors compétition.
Auparavant, le producteur italien du film est passé à l'offensive. «Nous vivons dans le présent et, dans le présent, ce qui compte c'est la liberté. Il ne faut pas de jugement moral dans l'art», a déclaré Luca Barbareschi en conférence de presse.
«La Mostra doit être un lieu d'expérimentation, de provocation et de liberté d'expression pour les artistes», a-t-il poursuivi.
Persona non grata
Une réponse aux féministes qui considèrent au contraire cette sélection, ainsi que celle d'un autre artiste mis au ban de Hollywood, Woody Allen, ou de Luc Besson (contre lequel des accusations de viol viennent d'être définitivement écartées par la justice), comme une provocation.
Polanski vit en Europe à l'abri de la justice américaine, qu'il fuit depuis plus de 40 ans après une condamnation pour des relations sexuelles illégales avec une mineure.
Persona non grata à Hollywood, l'auteur du «Pianiste» et de «Rosemary's baby» a vu sa situation basculer en France depuis la polémique autour du César de la réalisation obtenu en 2020 pour «J'accuse», alors qu'il était visé par de nouvelles accusations d'agressions sexuelles.
Interrogé par l'AFP avant le début du festival sur cette invitation, le directeur de la Mostra Alberto Barbera s'est défendu en estimant qu'il fallait faire «la distinction entre l'homme et l'artiste».
Le dernier film de Polanski a nécessité un budget de 21 millions d'euros et a été «dur» à produire, a souligné Luca Barbareschi. Selon le média professionnel Hollywood Reporter, «The Palace» a été vendu dans plusieurs pays, dont l'Italie, l'Espagne, Israël ou la Belgique.
Mais pas en France ni aux Etats-Unis, a regretté le producteur, qui ne désespère pas d'y distribuer «The Palace» et rappelle que le film précédent, «J'accuse», n'a pas pu sortir dans les pays anglo-saxons. Ces pays «doivent respecter les artistes comme le reste du monde», a-t-il lancé.
Bradley Cooper absent
D'une manière générale, «je ne comprends pas pourquoi toutes les plateformes comme Paramount, Amazon, Studiocanal ou Netflix passent les films de Polanski tous les jours et font des millions avec, et pourquoi on ne pourrait pas produire un nouveau film de Polanski», a-t-il insisté.
L'autre grand absent de la journée est bien moins polémique: l'acteur et réalisateur Bradley Cooper n'est pas venu à Venise pour la projection en compétition de «Maestro», l'un des films les plus attendus de la Mostra, en raison de la grève historique des acteurs et scénaristes aux Etats-Unis.
Produit et diffusé sur Netflix en fin d'année, ce biopic de Leonard Bernstein s'attache principalement à la vie sentimentale et familiale de l'un des compositeurs et chefs d'orchestre les plus connus de tous les temps, décédé en 1990.
L'Américain a notamment dirigé l'Orchestre philharmonique de New York et reste dans les annales pour sa partition de «West Side Story», succès majeur de Broadway. Le film se penche notamment sur sa relation tourmentée avec sa femme, interprétée par Carey Mulligan.
(ATS)