«Les jeunes sont de plus en plus fainéants», «De mon temps, on savait ce que c’était le respect», «À l’époque, on connaissait la valeur des choses»… voilà autant de petites phrases toutes faites qu’on répète à travers les époques. Qu’on se le dise, les êtes humains peinent souvent à se réinventer, surtout dans leur manière de voir le monde.
Et puis, il y a un autre énoncé qui semble avoir été transmis de génération en génération: «Les hommes sont de plus en plus féminins et les femmes de plus en plus masculines». C’est ce qu’a voulu démontrer Paul Fairie, professeur à l’Université de Calgary, Canada, dans un thread Twitter.
La même rengaine depuis le XIXe siècle
Après avoir épluché de nombreuses coupures de presse, le chercheur américain a publié certaines parties d’articles datant de 1886 à 2020. Le cœur du message est toujours le même: les hommes et les femmes ne s’en remettent plus à leurs rôles respectifs.
Les théories les plus loufoques sont évoquées dans ces papiers d’hier et d’aujourd’hui. En 1925, un quotidien dénonçait déjà le soi-disant problème: les hommes portent de plus en plus de vêtements dits féminins comme des chaussettes en soie ou des peignoirs, tandis que les femmes, ou les Parisiennes plus précisément, oseraient les vêtements d’hommes.
En 1940, un journal rapportait que, selon un rapport annuel de l’Association médicale américaine, les hommes devenaient moins vigoureux et masculins parce qu’ils mangeaient de la viande crue. En 1977, ce sont les gratte-ciels qu’on blâmait pour la féminisation de la société. Vivre dans un immeuble à plusieurs étages impliquerait de renoncer à posséder un espace extérieur. Dès lors, les hommes passeraient plus de temps à s’occuper des tâches domestiques plutôt qu’à s’occuper de leur terre...
En bref, à chaque époque son excuse pour expliquer comment les hommes et les femmes trahissent leur genre.
La peur du changement
Tout comme pour les autres généralités qu’on énonce depuis la nuit des temps, force est de constater que non, les hommes ne sont objectivement pas plus féminins qu’avant et vis versa.
Mais alors qu’est-ce qui se cache derrière ces mythes? La peur du changement, la modification d’un ordre défini et surtout, un argument qui défendrait le «c’était mieux avant».
Loin d’énoncer des vérités scientifiques, ces coupures de presse trahissent en fait une peur: par manque de force et de virilité, les hommes perdent leur pouvoir et les femmes en gagnent en imitant leur compagnon, leur père, leur voisin…
Il n'empêche que ces justifications étalées sur un environ un siècle ne manquent pas de faire sourire des années après. Vivement le prochain article!