OnlyFans, c’est LE phénomène du moment. Normal, la plateforme propose un cocktail de choc pour gagner un max de popularité: le sexe, l’argent et surtout l’exclusivité. Mais qui sont ces gens qui ont choisi de vendre leur corps sur OnlyFans et dans quel but? Assiste-t-on à une nouvelle forme de révolution sexuelle? Le travail du sexe serait-il devenu une mode?
Pour comprendre la tendance, je vous propose d’entrer dans l’univers d’OnlyFans au gré de plusieurs épisodes. Pour cette immersion, j’ai notamment parlé à quatre femmes actives sur le site: Linda alias Ravenchild, Mia* qui a souhaité préserver son anonymat, Nathalie aussi connue sous le pseudo de Cutebutpsycho et et Claudia aka Du Lièvre.
- Notre immersion au cœur d'OnlyFans: on vous en dévoile les dessous
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- OnlyFans, terre d’asile des stars en quête de liberté et d’argent
- Notre entretien avec Laurence Dispaux, sexologue
- OnlyFans: faut-il craindre des dérives pédophiles?
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Ce n’est qu’une poignée de jours après mon engagement que nous avons discuté d’un potentiel sujet «OnlyFans» avec mon boss. Partie d’une discussion sur WhatsApp, l’idée s’est concrétisée lors de nos échanges à la rédaction. Je me suis plongée dans ce réseau social principalement dédié au sexe pour en découvrir toutes les facettes. Avant même de m’y mettre, je m’imaginais déjà faire une note de frais avec, comme intitulé, «Sujet OnlyFans». Plutôt cocasse comme situation, non?
Etape 1: Créer un profil
Tout d’abord, il a fallu créer un profil. C’est là que j’ai commencé à me poser les premières questions: dois-je mettre mon vrai nom? Et si un proche tombait sur mon profil? Bon, va pour un pseudo… mais quel pseudo? Un truc aguicheur genre «Prinsex Valentina» ou quelque chose de plus neutre? Que mettre pour la photo de profil? Mon visage, mes épaules, une photo de paysage? Et dans ma bio, alors? Mon tour de poitrine? Mon métier? Mes passions? Après une journée à cogiter, j’ai décidé de faire simple: je me nommerai «valpasta» (parce que j’aime bien les pâtes) et illustrerai mon profil d’un selfie un chouïa retouché. Quant à ma bio, j’y noterai que je suis Suissesse, que j’aime les pâtes (au cas où certains ne l’auraient pas encore compris), que j’adore les Anime, histoire d’avoir l’air cool, et surtout… que je suis journaliste. L’idée étant d’être claire sur mes intentions lorsque je contacterai des personnes pour leur demander de témoigner.
Etape 2: Trouver du biscuit
Arrivée sur la page d’accueil, je m’attendais à ce que l’on me suggère de suivre une ribambelle de profils aux contenus coquins. Eh bien non. Le premier compte que l’algorithme me proposait était celui d’une fitness girl. Autant dire que «How to do squats at home» (Comment faire des squats à la maison) était loin d’être ma priorité du moment. Premier réflexe, aller sur la barre de recherche et taper «Swiss Girl» ou encore «Lausanne» et «Genève». Résultat: rien, le néant… J’avais visiblement très mal anticipé la manière dont fonctionnait la plateforme. Après quelques recherches, notamment via deux ou trois tutos Youtube, j’ai trouvé le site «onlyfinder.com» qui permet de chercher des profils par noms, régions ou même par spécificités et autres fétiches comme le BDSM, le bondage, le facesitting, les poils, le cosplay ou encore les pieds…
Etape 3: Approcher les femmes derrière les profils
C’est comme ça que je suis tombée sur les profils qui m’intéressaient. Pour le coup, la plupart des contenus explicites proviennent de profils féminins. Je n’ai trouvé que très peu d’hommes qui se mettaient en scène. Pour communiquer avec les personnes que j’avais dénichées, il a fallu que je m’abonne à leur page. Je me suis donc mise à suivre 13 femmes et un certain Bastian Baker. Tout cela pour la modique sommes de 121 dollars et 32 cents (car oui, sur OnlyFans, on parle en dollars et pas en francs suisses). Mon panier contenait à la fois des femmes qui proposent du contenu disons «soft», comme des nudes ou des photos de charme, et d’autres qui vendent des réalisations porno ou se sont «spécialisées» dans certains fétiches comme le bondage. Enfin, je me suis aussi abonnée à des artistes qui ont une vision esthétique, voire parfois militante, de la nudité.
Etape 4: Repenser l’image de la femme qui vend son corps
A ma grande surprise, il n’a pas été trop difficile d’approcher les femmes derrière mes abonnements. Sur les 12 personnes à qui j’ai écrit, quatre n’ont pas donné suite, deux ont refusé et six ont volontiers accepté de me parler. Je dois avouer que je ne m’attendais pas à recevoir autant de réponses positives et à parler à autant de jeunes femmes qui étaient aussi à l’aise avec leur activité.
Dans mon imaginaire, j’allais tomber sur des personnes dans des situations délicates, voire carrément précaires, qui dépendraient des revenus générés sur la plateforme. À l’image des femmes qui ont témoigné dans un article du New York Times qui se sont inscrites sur OnlyFans après avoir perdu leur emploi à cause de la pandémie. Et comme la crise sanitaire a eu un énorme impact sur la situation financière des étudiants, notamment à Genève, j’étais certaine que j’allais rencontrer des étudiantes en galère. Si je ne doute pas que ce genre de profils existent, les créatrices de contenus que j’ai rencontrées sont contentes, voire fières de ce qu’elles font. Elles s’ouvrent sans complexe et sont là parce qu’elles l’ont décidé et surtout parce qu’elles aiment ça. Rien à voir avec l’image de la pauvre jeune fille qui n’a d’autre choix que de vendre son corps et dont il faudrait avoir pitié.
Etape 5: poser les enjeux
Au royaume du voyeurisme et de l’exhibitionnisme tarifé, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes? Pas si vite… L’avènement vitesse grand «V» d’OnlyFans pose toute une série de questions que je vous propose d’aborder dans les épisodes qui suivent. Nous aurons l’occasion de poser les enjeux et de faire l’historique de cette plateforme qui s’est répandue comme une traînée de poudre, de donner la parole aux inconnues qui s’y dévoilent sous leurs coutures les plus intimes, d’aller y «stalker» quelques-unes des nombreuses célébrités présentes, d’aborder l’épineuse problématique du risque de dérive pédophile et de nous poser cette question vertigineuse: qu’est-ce qui pousse une partie non négligeable de l’humanité à se foutre ainsi à poil?
*Prénom d’emprunt
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