Michael Hengartner
Les filles aussi sont bonnes en maths

Michael Hengartner, président du Conseil des écoles polytechniques fédérales (EPF), explique pourquoi les filles devraient davantage être poussées vers les sciences «dures».
Publié: 03.08.2021 à 15:50 heures
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Dernière mise à jour: 05.08.2021 à 16:44 heures
Michael Hengartner

Mon allemand n’est pas très bon et je commence tout juste à apprendre l’italien. Certains d'entre vous pourraient penser: oui, évidemment, c'est un homme. Et les hommes ont du mal avec les langues. Mes difficultés avec l'allemand sont pourtant moins liées à mes capacités d’apprentissage qu'à mon expérience personnelle: j'ai grandi au Québec, et j'ai appris le français et l'anglais à l'école, mais pas l'allemand. Il est si facile de tomber dans le piège des préjugés.

Il existe également de nombreux clichés concernant les femmes. On entend souvent dire que les filles sont mauvaises en maths. Mais il s’agit là d’une idée reçue qui ne correspond à aucune réalité: des études scientifiques ont montré que les filles ont les mêmes capacités en mathématiques que les garçons. Ce qui est vrai, en revanche, c'est qu'au fil du temps, l'intérêt des filles pour les maths diminue en moyenne davantage que celui des garçons - entre autres pour des raisons sociales.

Un énorme gaspillage de talent

Pourquoi est-ce un problème? Tout d'abord, chaque individu devrait pouvoir poursuivre ce qui le fascine, indépendamment des préjugés sociaux. Deuxièmement, c'est un énorme gaspillage de talent. Pour relever les défis de demain, nous avons besoin des esprits les plus brillants, quel que soit leur sexe. C'est pourquoi l’ETH Zurich et l’EPFL, les universités et des fondations proposent depuis longtemps des cours d’encouragement spécifiques pour les filles, dans lesquels même les enfants de neuf ans peuvent apprendre à maîtriser des concepts mathématiques, à construire des robots, à programmer des ordinateurs, et bien plus encore.

Ainsi, les filles devraient conserver, voire accroître leur intérêt pour les matières dites MINT, c'est-à-dire les mathématiques, l'informatique, les sciences naturelles et la technique. Et de nombreuses filles y participent avec enthousiasme: par exemple, des écolières de Coire (GR) ont récemment présenté à la rectrice de l’ETH Zurich, avec fierté, le robot qu’elles avaient elles-mêmes construit. Bien sûr, cela ne suffit pas. Les étudiantes ont également besoin de modèles féminins. Au sein des EPF, la proportion de femmes professeures est encore honteusement faible, mais l'on constate là aussi une évolution positive. Le nombre de femmes au niveau des instances dirigeantes de l’ETH Zurich et de l’EPFL est, quant à lui, équilibré. Et l'année dernière, 40 % des nouveaux postes de professeurs ont été attribués à des femmes.

La suisse est à la traîne

Les choses évoluent donc dans le bon sens, mais il y a encore beaucoup à faire. En ce qui concerne le nombre de femmes qui opte pour des études dans les domaines MINT, la Suisse est à la traîne par rapport aux autres pays de l'OCDE.

Et c'est un problème pour les entreprises suisses, qui recherchent désespérément à recruter du personnel qualifié: des femmes ingénieures, programmeuses, mathématiciennes ou techniciennes apporteraient de précieuses compétences. La thématique de la promotion des femmes dans les hautes écoles reste d’actualité. Et c'est une très bonne chose.

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