Médiumnité: Nicole Coudray raconte
«Je n'ai pas peur lorsque je communique avec les morts»

Nicole Coudray a 54 ans. Consultée par des personnes du monde entier pour ses capacités paranormales surprenantes, la médium valaisanne est active depuis maintenant trente ans. Son don: elle voit les défunts et converse avec eux. Voici son histoire.
Publié: 18.02.2022 à 15:48 heures
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Dernière mise à jour: 21.02.2022 à 09:09 heures
La médium a toujours su qu'elle avait une sensibilité hors normes.
Photo: julie de tribolet
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Valentina San MartinJournaliste Blick

Nicole Coudray ne connaît rien de ma vie. Et elle ne connaît personne de mon entourage. C’est dire que ma toute première rencontre avec cette médium installée à Vétroz (VS) a été troublante, lorsqu’elle a immédiatement deviné des détails très intimes de ma vie.

- Nicole Coudray: Nous sommes tous et toutes régulièrement accompagnés par un défunt. Toi, par exemple, tu es souvent accompagnée d’un homme.
- Moi: Ah bon…
- Oui! Il a des épaules larges. Il est un peu trapu. Il a des petits yeux rieurs. C’était quelqu’un de très méticuleux et il ne parlait pas beaucoup.
- Je le connaissais?
- Oui. Je pense que c’est ton grand-père du côté paternel. Tu avais peu de contact avec lui vers la fin. Il est décédé à la suite de problèmes respiratoires.
- Est-ce qu’il accompagne d’autres personnes?
- Bien sûr! D’ailleurs, je sais qu’avec ton papa ça a été difficile parfois. Tu n’es pas toujours d’accord avec ses comportements. Mais il ne faut pas lui en vouloir…

Mon grand-père est décédé paisiblement il y a deux ans. Il a gentiment cessé de respirer lorsqu’il dormait. J’étais allée lui rendre visite six mois avant sa mort, le jour de son anniversaire. Cela faisait plus de dix ans que nous n’avions pas eu de contact. La raison: des relations familiales parfois toxiques et de grandes mésententes avec mon père. J’en ai donc longtemps voulu au patriarche de la famille de ne pas avoir choisi un camp, de ne pas avoir été un soutien ou d’avoir refusé de me comprendre.

Sans vouloir entrer dans des détails un peu barbants sur ma petite vie, mon grand-papa était un homme plutôt imposant et parfois sévère. Que voulez-vous, il était Allemand… Il a eu trois enfants, dont l’un était un garçon: mon père. Ce fils, il l’a énormément chéri, peut-être un peu trop, selon moi. Résultat: mon paternel a souvent échoué à se montrer responsable envers sa famille à lui, c'est à dire moi.

Que quelqu’un puisse deviner une partie de mon histoire que même mes amis les plus proches ne connaissent pas m’a proprement stupéfaite. Qui est cette femme qui converse avec les défunts? Voici son histoire, intimement liée aux destins de celles et ceux qui nous quittent. Ou peut-être pas totalement. Une histoire racontée ici à la première personne.

Issue d’une lignée de médiums

«Lorsque les gens viennent en consultation, ils ne disent rien. Je les laisse s’installer et j’observe et décris ce que je suis la seule à voir: un proche qui est mort. Ça peut être un parent parti, un animal de compagnie décédé ou un enfant disparu. Je laisse toujours le défunt s’exprimer. Nous communiquons par télépathie et je lui demande ensuite l’autorisation de transmettre son message. Je m’adresse alors aux clients pour leur donner des informations ou simplement répondre à leurs questions.

Vous devez sans doute vous dire que c’est impossible, que je fabule. Vous avez bien sûr le droit de douter. Je n’oblige personne à y croire. D’ailleurs, je conçois totalement qu’on puisse ne pas comprendre ce don que j’ai depuis que je suis enfant.

Petite déjà, j’étais très sensible. J’étais proche de la nature. Encore aujourd’hui je l’aime, mais plus encore, j’en ai besoin. Je suis une hypersensible, je ressens tout. Me balader en forêt, regarder les oiseaux, admirer les arbres, cela a toujours été des activités qui me permettent de me ressourcer.

Mon père et ma mère ont vite compris cette habileté à tout voir d’un œil différent. Ils me disaient que j’avais des antennes qui me permettaient d’appréhender le monde. Eux étaient des gens, disons, plutôt ordinaires. Mon papa était architecte et ma maman s’occupait du foyer. C’est sûrement d’elle que j’ai hérité ma médiumnité. Mon arrière-arrière grand-mère était guérisseuse à Nendaz (VS) et son frère était médium. Ma grand-mère m’a raconté que les écrits de cet ancêtre avaient été brûlés par le curé et le maire du village lorsqu’ils ont su qu’il avait ces sortes de pouvoirs.

Une petite fille allergique à l’école

Mes premières expériences paranormales, je les ai faites autour de 4 ou 5 ans. Je m’amusais à léviter. J’allais toucher le plafond depuis mon lit. On appelle ça le voyage extracorporel ou la projection astrale. L’esprit se dissocie du corps et peut se déplacer, explorer son environnement.

Pour être tout à fait honnête, je ne saurais pas vous dire si cette expérience était réelle ou s’il s’agissait de mon imagination. Vous savez, lorsqu’on est enfant, les deux mondes se confondent parfois…

Et puis, quand j’ai commencé l’école, c’est parti. Je n’arrivais plus à aller toucher le plafond depuis mon lit. J’ai l’impression que les institutions scolaires m’ont freinée dans mes capacités. Encore aujourd’hui, les bambins sont mis dans des cases et il leur est difficile d’exprimer leur créativité. Moi, j’ai toujours détesté l’école. Mis à part les matières créatives comme le dessin ou la musique, je trouvais que ce que l’on y apprenait était inutile. Cet intérêt pour le dessin est d’ailleurs resté, puisque je peins aujourd’hui.

Si mon enfance était plutôt tranquille, j’ai commencé à me rebeller vers l’adolescence. Je n’étais pas en accord avec les règles en place. Un soir, j’ai voulu renouer avec le paranormal. Alors, pour m’amuser avec des copines, on a fait du ouija. Il s’agit d’un jeu qui permet de communiquer avec les esprits. Nous avons posé nos doigts sur un verre qui se déplaçait entre diverses lettres de Scrabble. Tout à coup, il s’est brisé. Je n’avais que 13 ans et j’ai eu la peur de ma vie. C’était une très mauvaise idée. Lorsqu’on ne maîtrise pas ses émotions et son énergie, on fait vite n’importe quoi…

Les disparus s’invitent la nuit

Après cet épisode terrifiant, j’ai mené une vie, disons, assez normale durant quelques années. Mon rêve, ça a toujours été d’être décoratrice ou de travailler avec les animaux. J’ai fini par faire une école de commerce et j’ai travaillé au guichet d’une banque de mon village à Vétroz avant d’entamer une formation de gardienne d’animaux auprès de la SPA. C’est là que ma médiumnité m’a rattrapée, c’était vers la fin des années 1990. Je n’avais pas encore 30 ans et j’ai commencé à voir des défunts partout, tout le temps. Ils me réveillaient la nuit, s’invitaient à mes repas entre amis ou apparaissaient au guichet de la banque juste à côté des clients. Je voyais aussi des animaux. Je n’avais pas peur, mais c’était difficile à gérer.

Nicole Coudray et son animal de compagnie.
Photo: Nicole Coudray

Quelque temps plus tard, j’ai fait la rencontre de Janet Parker, une médium anglaise qui donnait des cours en Suisse romande pour découvrir et comprendre ses talents de médiumnité. C’est elle qui m’a donné les clés pour gérer mes émotions afin d’utiliser mes capacités de manière correcte. Lorsqu’un mort s’imposait devant moi, je lui sommais calmement de me laisser tranquille, que ce n’était pas le bon moment. Il finissait par s’en aller.

Qu’en est-il des autres, des esprits malveillants? Eh bien je vous rassure, cela n’existe pas. Lorsqu’on meurt, nous nous défaisons de notre enveloppe corporelle, c’est un peu comme si on changeait de vêtements. Il ne nous reste ainsi que notre âme et notre conscience. Et comme la haine vient de la tête et pas du cœur, elle s’en va avec notre corps lorsqu’on meurt. Soyez-en certains, les âmes et les consciences ne sont pas mauvaises. Vous savez, les humains sont des êtres lumineux et ils le restent, même après être passés de l’autre côté.

Quand j’ai enfin compris tout cela et que je maîtrisais mon don, c’est devenu plus facile. Au fil du temps, ça a commencé à se savoir. Les gens étaient au courant que je pouvais voir et parler avec les morts. Certains clients à la banque venaient à ma rencontre. Entre deux versements et un retrait, ils me posaient des questions et voulaient communiquer avec leurs défunts à travers moi. J’ai donc décidé de quitter mon travail pour me lancer là-dedans à 100%.

Trente ans de conversation avec les morts

Au début des années 2000, je recevais des amis en consultation, puis des amis d’amis, et ainsi de suite. J’ai donc ouvert un cabinet au dernier étage de ma maison, à Vétroz. Aujourd’hui, les gens viennent me voir depuis Paris, le Brésil, la Belgique, les États-Unis et j’en passe. Mon agenda est booké sur un an et demi, c’est dire.

Je reçois des jeunes, des moins jeunes et des personnes d’absolument tous les milieux. Deux ou trois fois, j’ai même eu contact avec la police pour résoudre des affaires. Le truc, c’est que les morts nous transmettent certaines choses, mais pas tout. Vous savez, il y a aussi des limites dans la sphère ésotérique. Il faut accepter de recevoir ce que l’on nous donne. Si on tente d’extirper plus que nécessaire, ça ne fonctionne plus.

Tant que des crimes n’ont pas été résolus par les autorités, je n’ai pas le droit de faire des révélations. Je ne tiens pas à me substituer à la police. N’oubliez pas que je peux aussi me tromper. Imaginez les conséquences que cela pourrait avoir sur les familles…

Alors oui, certaines personnes disparues dont on a beaucoup parlé dans certains faits divers et dans la presse, je les vois décédées. Je sais qu’elles accompagnent leurs proches, je les vois, je leur parle.

Lorsque je reçois des gens en consultation, l’ambiance est toujours teintée de beaucoup d’émotions. Quand on aborde la mort, on est souvent triste ou en colère. Perdre son enfant, par exemple, cela fait partie des situations les plus difficiles. Pourtant, je ne peux pas pleurer. En tant que professionnelle, je dois rester concentrée. Et puis, quand les papas et les mamans voient qu’ils peuvent communiquer avec leurs enfants à travers moi, ils sont heureux.

Pour tous ceux qui pensent que la mort est une fin en soi, vous avez tort. Ce n’est que le corps qui disparaît, le reste est encore là. En fait, la mort n’existe pas. On ne fait que transitionner: on entre dans une autre réalité, on revient aux sources, on accède à ce deuxième univers juxtaposé à celui des vivants. J’aime bien dire qu’on 'rentre à la maison' et qu’on ne disparaît jamais vraiment. On veille sur ceux qui sont restés, on leur envoie parfois des messages, jusqu’à ce qu’ils passent de l’autre côté, eux aussi. Lorsqu’on meurt, on rejoint nos défunts. On finit par être réunis après la mort.

Une sensibilité au service de l’art

Aujourd’hui, j’ai envie de communiquer autrement qu’à travers la parole. Comme j’adore la peinture, j’ai décidé de m’y mettre sérieusement. La peinture m’accompagne et m’apaise, au même titre que la nature. Grâce à elle, je peux transmettre des messages à grande échelle depuis l’autre côté. C’est beaucoup plus fort que communiquer avec un seul défunt et transmettre ses mots à la personne qu’il accompagne.

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«Les Possibilités»
Photo: Nicole Coudray

Pour moi qui suis autodidacte, c’est une grande fierté. J’ai fait mes premières expos entre 2000 et 2001. À force de persévérance et surtout de passion, j’ai réussi à exposer à la 2e Biennale de Palerme en 2015. Mes tableaux sont particuliers. Quand je peins, je suis en conscience avec ce qui m’est donné. Mes œuvres ont pour but d’apporter du bien-être et de l’équilibre à celui qui la possède. Mais attention, ce n’est pas la personne qui choisit la toile, mais la toile qui choisit la personne. La peinture évolue au fil du parcours et des émotions du propriétaire, c’est une manière d’amener la paix et la sérénité à l’être et au lieu.

Et puis, mes créations m’ont amenée à mettre sur pied un autre type de projet aux côtés d’une très bonne amie: la comédienne Sylvia Fardel. Elle a vu mes toiles et je me suis dit qu’il fallait qu’on monte une pièce. Elle m’a dit: 'OK, on y va!' C’était en 2019.

C’est comme ça que la pièce «XXI grammes» est née. On l’a appelée comme ça parce qu’un scientifique a réalisé qu’une personne perdait 21 grammes lorsqu’elle décédait. Il en a déduit que c’était le poids de l’âme. Cette pièce qui parle de la mort, et surtout de sa démystification, sera jouée à Sion en mai de cette année.

La pièce «XXI grammes», sera jouée à Sion en mai 2022.
Photo: DR

Avec tout ça, vous devez vous demander si j’ai eu du temps pour moi. Pour fonder une famille ou simplement vivre ma vie. Je n’ai jamais été mariée et je n’ai pas eu d’enfants. Je n’ai jamais eu envie d’imposer tout cela à quelqu’un. Je suis un électron libre, vous savez, j’ai besoin de ma liberté et je n’aime pas les obligations. Aujourd’hui, j’entame une nouvelle aventure dans ma vie. Je veux me consacrer à la peinture, à l’art, le tout au service de ma médiumnité.»

Le site internet de Nicole Coudray: nicole-coudray.ch


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