Influenceuse et médecin
«Certains followers me demandent des diagnostics»

En 2014, elle devenait Miss Suisse. Une poignée d'années plus tard, Laetitia Guarino terminait ses études en médecine. Aujourd'hui assistante en chirurgie à Neuchâtel, elle nous parle de sa carrière de médecin et de son statut d'influenceuse.
Publié: 03.08.2021 à 18:19 heures
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Dernière mise à jour: 03.08.2021 à 18:51 heures
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Valentina San MartinJournaliste Blick

Vous commencez une carrière en chirurgie et vous êtes influenceuse à vos heures perdues. Comment gérez-vous votre temps?
Laetitia Guarino: C’est peut-être une réponse bateau, mais tout est une question d’organisation. De toute façon, ma carrière de médecin passe avant tout. Jamais je ne partirai plus tôt du travail pour aller faire autre chose. Concernant le web influencing, j’ai un manager qui m’aide à gérer tous mes contrats. Je n’accepte pas non plus tout et n’importe quoi. Je suis assez pointilleuse concernant les marques avec lesquelles je travaille. Impossible de tout faire sinon.

Galas, pubs, interviews, opérations, gardes de nuit, est-ce que vous dormez encore?
Je dors peu! J’avoue être hyperactive sur les bords. Même en vacances, je suis debout à 6h et je cherche quelque chose à faire. Pour être honnête, je n’ai pas vraiment besoin de beaucoup dormir. Par contre, c’est vrai que je bois aussi pas mal de café (rires).

Comme votre double vie vous demande beaucoup de temps, d’organisation et d’énergie, vous bénéficiez de traitement de faveur au travail, non?
Non, pas du tout. Au contraire. Si on est adepte de concours de beauté, si on fait du mannequinat ou des shootings à côté, c’est presque plus difficile car on doit prouver qu’on n’est pas juste bonne à être jolie.

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Etre influenceuse et ex-miss Suisse, n’est-ce pas un peu décrédibilisant dans votre travail?
Non, être influenceuse ou avoir fait Miss Suisse ne me déprécie pas du tout dans ma carrière de médecin. Ce sont deux univers totalement différents, qui ne se côtoient pas du tout. Il faut faire ses preuves dans les deux sphères.

Influenceuse ou médecin: quel est le milieu le plus compétitif?
Franchement, j’ai l’impression que de la compétition, il y en a partout. Dans le monde médical autant que dans le monde de l’influence. Après, je ne suis pas quelqu’un qui va tout faire pour piquer la place d’une personne. Typiquement, je ne suis pas prête à tout pour vite aller au bloc opératoire, sur les interventions et j’en passe. Je crois qu’il y a de la place pour tout le monde et qu’on peut tous réussir sans se tirer vers le bas. Pour la petite histoire, je suis une page Instagram qui s’appelle bossbabe.inc. Il y a des publications tous les jours, des citations qui sont hyper inspirantes et qui poussent tout le monde à aller de l’avant. Personnellement, ça m'aide beaucoup et je trouve que se motiver les uns les autres, c’est ça la clé pour réussir.

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Vous êtes la preuve vivante qu’influenceuse ou miss ne veut pas dire être bête?
C’est dommage qu’on pense encore ça aujourd’hui. J’ai quand même l’impression que les concours de beauté évoluent. Il ne s’agit pas que de physique. Il faut aussi montrer que tu as des choses à défendre, que ce soit des causes, des projets ou même des associations.

Que pensent vos confrères et consœurs de votre statut d'ex-miss et d'influenceuse?
Mes collègues actuels m’ont avoué que lorsqu’ils ont appris que j’allais travailler avec eux il y a deux ans, ils étaient sûrs que j’étais une pimbêche ou que je me la racontais. Et en fait, pas tout. Mais c’est vrai qu’il a toujours cet a priori selon lequel je vais arriver sur mes grands chevaux…

Et du côté de vos patients, j'imagine qu'ils vous reconnaissent?
Bien sûr (rires). Au début on me regarde, puis on vérifie mon badge et une fois qu’on m’a reconnue, on engage la discussion sur mes vacances ou autre. En fait, certains patients me suivent sur les réseaux ou ont lu des articles sur moi. Après, je reconnais que c’est toujours un peu délicat parce qu’en tant que médecin, on a une position à tenir. Dans mon cas, les gens savent beaucoup de choses sur moi qu’on ne sait généralement pas concernant son médecin…

Cela vous gêne?
Non, parce que de manière générale, les gens sont plutôt bienveillants. Mais c’est vrai que c’est parfois un peu déstabilisant.

Vous a-t-on déjà demandé une photo ou un autographe au travail?
Oui, ça arrive souvent d’ailleurs.

Souvent c’est-à-dire… tous les jours?
Non, pas tous les jours, plutôt toutes les semaines.

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Se faire potentiellement opérer par une ancienne miss, ça doit être quelque chose!
Je ne sais pas… Comme je l’ai dit avant, la médecine et les concours de beauté ou le monde de l’influence, ce sont des univers totalement différents. Quand je suis au travail, je range ma casquette d’ancienne miss et d’influenceuse et je deviens une chirurgienne très impliquée. Après, est-ce que c’est rigolo ou cool de se faire opérer par une ancienne miss? Pas sûr... Il faudrait poser la question aux personnes au bloc (rires).

Vos followers vous demandent-ils des diagnostics et autres conseils médicaux?
Oh oui! Très souvent, même! Et dans toutes les spécialités, même en gynécologie! Je les remercie souvent pour leur confiance mais je préfère leur préciser qu’il faut qu’ils aillent consulter leur médecin. Je ne suis pas gynécologue, donc je ne me permettrai jamais de donner des conseils en gynécologie… Et puis, poser un diagnostic comme ça via un réseau social, ce n’est pas très pro.

Quelle est la question médicale la plus folle qu’un follower vous ait posée?
(Elle hésite) Euh… J’en ai une en tête mais je préfère ne pas la divulguer. Je pense qu’ils risquent de se reconnaître et de se vexer. Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai parfois des demandes vraiment… louches.

Vous êtes-vous déjà fâchée avec des followers parce qu’ils étaient antivax ou parce qu’ils tenaient des propos pas très scientifiques?
Alors m’énerver comme ça avec l’un de mes followers, non. Mais je sais qu’il y a des personnes qui sont antivax et que certains ont des doutes en ce qui concerne le Covid. Mais bon, j’ai travaillé aux soins intensifs au début de la pandémie, j’étais avec des patients intubés pendant des semaines, j’ai vu des familles désespérées car elles ne pouvaient pas aller voir leurs proches hospitalisés… c’était très difficile pour tout le monde. Donc non, je ne m’embrouille pas frontalement avec mes followers qui questionnent tout ça. Mais c’est vrai que ça m’énerve. Je ne peux pas le nier.

Est-ce que vous avez usé de votre statut d’ex-miss et d’influenceuse pour parler du Covid et faire de la prévention sur vos réseaux?
Il y a quelques jours, j’ai fait une vidéo avec l’OFSP où on parlait du vaccin, ou de l’importance de se faire vacciner. Je me suis d’ailleurs moi-même fait vacciner et j’ai publié ça en story. Avant ça, j’ai aussi fait une vidéo quand j’étais aux soins intensifs, afin de montrer que le Covid, c’est du sérieux. Donc j’essaie d’informer et de motiver les gens de manière positive. Quant à celles et ceux qui ne voudraient pas écouter, je ne peux rien y faire.

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Alain Berset a lancé une campagne sur Instagram pour encourager les jeunes à se faire vacciner. Il s’est allié à quatre célébrités romandes pour l’épauler. Parmi eux, les ex-Miss Suisse Christa Rigozzi et Whitney Toyloy, le chanteur Gjon’s Tears, et le musicien Marash Pulaj. Et vous alors?
(Rire) Oh il y a plein de gens intéressants qui peuvent s’exprimer sur la question. Je ne suis pas Miss vaccin non plus.

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