«Industry» (OCS/HBO)
Faussement présentée comme la nouvelle série de Lena Dunham (la créatrice de «Girls» est en réalité productrice exécutive du seul premier épisode), «Industry» est un Ovni dans le paysage des séries, quelque part entre «Gossip Girl» et «Le loup de Wall Street». L’intrigue suit une bande de jeunes diplômés embauchés dans le quartier des affaires de La City, à Londres. En tête, Harper tente de faire son trou, d’autant plus difficile à creuser qu’elle est noire.
Si «Industry» aligne tous les ingrédients pour qu’on se sente tous trader le temps d’un épisode, du jargon incompréhensible aux buildings glacés, en passant par une belle quantité de drogue dure, la série possède une profondeur supplémentaire en parlant également de discrimination, du rapport au travail et, forcément, de capitalisme. Aussi haletant qu’intelligent.
«Bad Banks» (Netflix)
La simple présence au générique de Paula Beer, merveilleuse actrice allemande, devrait suffire à vous convaincre de regarder «Bad Banks». Elle y joue le rôle de Jana Liekam, employée dans une banque luxembourgeoise licenciée brutalement pour avoir été… trop compétente. Embauchée dans un autre établissement financier allemand, elle reprend son ascension. Jusqu’à déceler des irrégularités dans les comptes de son nouvel employeur.
Suspense, magouilles, coups bas et jeu de chaises musicales pour récupérer une place en conseil d’administration… «Bad Banks» garde un rythme effréné sur deux saisons. Évidemment, certaines manœuvres financières manquent de clarté pour qui ne maîtrise pas le sujet sur le bout des doigts. Mais c’est le jeu de ces séries. Il faut parfois savoir lâcher prise et se laisser prendre par le tourbillon des investissements douteux.
«Billions» (MyCanal)
Voici un face à face au sommet entre deux acteurs extraordinaires. À ma droite, Damian Lewis («Homeland») en jeune trader traumatisé par le 11-Septembre, qui a gravi tous les échelons au mépris parfois de toute morale. À ma gauche, Paul Giamatti («Sideways» et une bonne quarantaine de seconds rôles au cinéma) dans le costume de Chuck Roades, procureur de New York bien décidé à faire la chasse aux délinquants en col blanc.
Entre ces deux-là s’engage une partie de cache-cache sans pitié, sur un ton qui varie entre le soap et l’ultra-réalisme. Les créateurs de «Billions» ont d’ailleurs fait appel à Andrew Ross Sorkin, journaliste économique au «New York Times», pour approcher au plus près les arcanes de Wall Street.
«Devils» (OCS/HBO)
Comme «Billions», «Devils» fait le pari d’un jeu du chat et de la souris entre deux hommes, Massimo Ruggiero, jeune requin de la finance d’une part, et Dominic Morgan, son mentor, de l’autre. Le premier, se sentant trahi par le second après avoir vu un poste lui échapper, décide de faire tomber la banque d’investissement américaine pour laquelle il travaille à Londres.
Si «Devils» est parfois un peu trop classique, elle a le mérite d’insérer son intrigue dans les tourments de l’actualité européenne et internationale, de la crise du Brexit aux bras de fer entre la Chine et les États-Unis. Le mérite, aussi, de faire de Patrick Dempsey, le docteur Mamour de «Grey’s Anatomy», un vautour machiavélique. Beau contre-emploi.
«King of Stonks» (Netflix)
Diffusée depuis cet été sur Netflix, cette série allemande ne se passe ni dans une banque ni dans un fonds d’investissement, mais au sein d’une start-up. CableCash AG est une société spécialisée dans la sécurisation de transactions financières et la gestion de risques. Félix Armand, programmeur ambitieux derrière le succès de l’entreprise, espère bien parvenir à gérer son introduction en bourse. Car le patron, Magnus Cramer, est un excellent showman mais un piètre gestionnaire. Et évidemment, rien ne se passe comme prévu…
CableCash AG est la version à peine fictionnelle de Wirecard, start-up allemande dont le succès étincelant cachait en réalité des fraudes comptables, ce qui a entraîné sa faillite et un énorme scandale en 2020. Tout aussi palpitante que les autres séries de notre sélection, «King of Stonks» y ajoute une bonne dose de satire, qui penche parfois même vers la parodie. Son équilibre tient souvent à la relation étrange mais passionnante entretenue par les deux personnages principaux.