Rōse, DJ survoltée à Paléo
«J'aime l'idée d'être une rose qui envoie du sale»

Comme à chaque édition, Paléo invite des artistes locaux ou moins connus à se produire sur scène. Blick est allé à la rencontre d'une DJ lausannoise amoureuse de techno. Rencontre avec Rōse, une artiste aussi délicate que survoltée.
Publié: 22.07.2022 à 11:30 heures
Rōse a mixé à Balelec au printemps 2022.
Photo: DR
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Valentina San MartinJournaliste Blick

C’est dans un café au centre de Lausanne que je donne rendez-vous à celle qui se fait appeler Rōse. Derrière ce grand sourire et ces yeux malicieux, se cache une raveuse qui balance des mixes enragés. Aux platines, la jeune artiste de 23 ans montrera de quel bois elle se chauffe à Paléo le vendredi 22 juillet.

Une famille qui aime la musique

Il faut dire que rien ne prédisposait la Lausannoise à s’imposer dans la hardtechno. Issue d’un milieu populaire, Rōse confie que le style qu’elle préconise n’a jamais été très en vogue chez elle: «Aucun de mes trois grands frères n’écoutait de la techno. Pareil pour mes parents: ma mère est Espagnole et mon père est Marocain. Disons que la techno, ce n’est pas vraiment ce qu’ils ont eu l’habitude d’écouter étant plus jeunes. Il n’empêche que la musique a toujours été présente chez nous. Mon papa m’a fait connaître des classiques comme Bob Marley, les Beatles ou Pink Floyd assez tôt.»

À 18 ans, tout bascule. Loin de son cocon familial, la jeune femme découvre la techno avec des potes en soirée. C’est la révélation: «J’adorais ce rythme hyper soutenu. Après ça, j’étais fourrée dans toutes les soirées techno.»

La fleur qui pique

Ni une, ni deux, elle décide d’acheter un contrôleur pas trop cher sur lequel elle s’entraîne. Ce qui n’était au départ qu’une forme d’amusement devient une passion. Elle lâche peu à peu son contrôleur et se tourne vers des platines qu’un ami lui prête: «Après avoir testé les platines, impossible de revenir en arrière!» Rose investit alors dans un équipement plus élaboré et s’amuse à se mettre en scène sur Instagram avec des mixes déchaînés.

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Son nom de scène est tout trouvé. Elle s’appellera Rōse. «En fait, je m’appelle Jamila Rose. Mais je trouve que Rōse est plus facile à prononcer en toutes les langues. Surtout, j’aime bien l’idée d’être une rose qui envoie du sale», s’amuse la jeune femme.

La rose justement, elle se l'est fait tatouer à l’intérieur du bras droit: «C’est joli et gracieux, une rose. Mais il ne faut pas oublier que ça pique aussi!»

La DJ s'est fait tatouer une rose sur le bras en hommage à son blaze.
Photo: DR

On peut le dire, lorsqu’on voit la jeune femme, elle inspire la fraîcheur et la coquetterie. Rien à voir avec ce qu’elle dégage une fois sur scène. Lorsqu’elle balance du son, ça secoue. Âmes sensibles s’abstenir!

Du D! à la scène internationale

Et puis, en 2019, le Covid débarque. Fidèle à son caractère pétillant, Rōse y voit une opportunité: «Je peux le dire, c’est un des meilleurs moments que j’ai pu vivre parce que j’ai pu m’entraîner à fond à la maison. En plus de ça, j'invitais des potes et on faisait des soirées tous les week-ends.»

À force de travail, de tags et autres publications sur Insta, Rōse décide de tenter le tout pour le tout, en mode «qui ne tente rien n'a rien». Elle contacte celui qui s’occupe des line ups techno et lui envoie un set qu'elle avais enregistré chez elle. Un culot qui se révèle payant puisqu'elle est invitée au D! en août 2020 pour mixer lors d’une soirée: «Les boîtes avaient rouvert un petit laps de temps et c’était vraiment une belle première opportunité.»

Malheureusement, après une poignée de semaine, les discothèques ferment à nouveau. Rōse se dit donc que quitte à poster ses sons sur Insta, autant en faire un outil de travail. «Ce réseau social est devenu mon C.V.», raconte-t-elle.

Elle finit par être contactée par une agence française qui souhaite la représenter à l'étranger, et plus récemment par une allemande qui gère ses dates chez nos voisins du nord. Après avoir mixé dans plusieurs boîtes à Zurich ou Berne, elle débarque sur Paris, Lyon et même Dortmund… En plus des boîtes, elle est même invitée au célèbre festival Balelec sur le campus de l’EPFL: «C’était mon tout premier festival. Deux de mes frères et ma mère sont d’ailleurs venus me voir. C’était très touchant.»

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Bye bye la HEC!

Mixer pour une tonne d’étudiants, une situation plutôt loufoque puisqu’une poignée de mois plus tôt, Rōse était elle-même sur les bancs de la HEC. «Je n’ai fait qu’un semestre et j’ai arrêté. Je n’aimais pas me stresser à coup d’exas, tout ça pour finir par faire potentiellement carrière dans un bureau», explique la Lausannoise.

Choisir une vie d’artiste à la place d'études prestigieuses n’a pas tout de suite fait l’unanimité auprès de sa famille. «Vous imaginez bien que mes parents n’étaient pas vraiment ravis au début. Mon père tenait beaucoup à ce que je poursuive une carrière universitaire. Vous savez, j’étais la première de ma famille à faire des études supérieures. Mais il a très vite accepté puisqu'au font, ce qui importait, c’est que je sois heureuse», confie Rōse.

Pour la DJ, c’est sûr, on peut totalement avoir un métier qui nous passionne: «Je ne me fixe aucune limite et je pars du principe que je vais atteindre mes rêves. La seule inconnue, c’est le 'quand', tout le reste est une certitude.»

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