La tête d’affiche incontestable du samedi 22 juillet 2023 à Paléo? Damso, le rappeur belge qui explore mieux que tous ses homologues les vices et autres maux du monde. Le maître du «rap explicite», titrait la RTS, lors de sa dernière venue sur la plaine de l’Asse en 2019. Retour sur cet artiste hors norme, qui alterne dans ses textes entre dureté et délicatesse, et qui jouera en terrain conquis face à un public romand séduit d’avance.
En trois ans, celui qui avait décroché la Victoire de la musique du Meilleur album rap de l’année en 2019 est encore monté en puissance. En témoignent ses nombreux succès et collaborations avec les plus grands noms de la scène francophone: Hamza, Ninho, Angèle, Disiz, Gazo ou encore Aya Nakamura.
Fuir la guerre pour survivre
Rien ne prédestinait pourtant le trentenaire à un tel parcours. Né en 1992 dans le Zaïre de Mobutu (ex-Congo), fils d’un père cardiologue et d’une mère sociologue, William Kalubi — son vrai nom — fuit la guerre avec sa famille et s’installe à Matongé, un quartier d’Ixelles, commune de Bruxelles.
Damso commence à rapper à l’âge de 13 ans, influencé par ses frères qui lui font découvrir le rap américain, raconte Konbini. En 2006, il monte un groupe avec son ami d’enfance, Dolfa. Ils l’appellent OPG, pour «Original Player Gangsta». La base est posée.
Au début des années 2010, le collectif OPG se professionnalise et sort sa première mixtape: «MMXIII». «C’est peut-être d’ailleurs de là que vient la passion de Dems pour les alphabets antiques», imagine le pure player français, en référence aux titres qui compose la réédition de l’album QALF, sortie en 2021.
Pendant son adolescence, Damso a de bons résultats scolaires, mais il n’aime pas les études, préférant les cabines d’enregistrement des studios. Il s’inscrit tout de même à la fac en marketing et psychologie, mais abandonne assez vite. Quand son père le découvre, il décide de le renvoyer au Congo, dans une école plus stricte pour apprendre la comptabilité.
Un passé de SDF
Le décalage est trop grand, le jeune Belge ne s’imagine pas bosser toute sa vie dans un bureau. Il revient dans le pays plat, mais sans le soutien de sa famille. Conséquence: il est livré à lui-même, habitant dans des squats, traînant à la rue d’Aerschot, réputée pour sa vie nocturne et commettant même quelques petits trafics pour survivre.
Damso ne lâche cependant pas l’affaire. «Il passe son temps en studio pour enregistrer et dans les salles d’attente de Pôle emploi pour écrire», affirme encore Konbini. À cette époque, il met tout l’argent qu’il trouve et son énergie pour percer dans la musique. Malgré les difficultés et les polémiques — notamment sur certaines de ses paroles jugées sexistes par différentes associations, le temps lui a donné raison.