Finlande: Käärijä avec «Cha cha cha»
Avec son titre «Cha Cha Cha», le rappeur-compositeur-interprète et ancien joueur de hockey, Käärijä envoûte. Il est presque devenu une marque déposée tant il est reconnaissable par ses performances torse nu et sa chorégraphie emblématique, qu’il décrit lui-même comme «c’est fou, c’est la fête». Le ton est donné.
Dans son titre décalé, inspiré du groupe de métal Rammstein, il fusionne rap, électro et métal avec du… schlager. Là où réside le génie du participant finlandais, c’est de réussir à faire ressentir le texte dans la structure musicale. Les paroles de la chanson évoquent la monotonie du travail et les problèmes de la vie quotidienne, ce qui est parfaitement retranscrit dans la partie agressive de la mélodie. Mais le refrain entêtant basé sur le gimmick «Cha Cha Cha» reflète la volonté de tout bousculer et de se changer les idées le week-end. Cette transition radicale entre les genres, passant du métal à de la pop très légère, est une invitation à la fête et à se déhancher sur le dancefloor.
Placée en deuxième position par les bookmakers, la Finlande s’est révélée être le cheval noir de la compétition dont tout le monde a besoin. Pour l’entrain que ce titre nous procure, la victoire serait méritée. Laissez-vous emporter, ça fait du bien!
Autriche: Teya & Salena avec «Who The Hell Is Edgar?»
Avec son titre «Who The Hell Is Edgar?», l’Autriche fait preuve d’audace cette année. Sa chanson est une satire de l’industrie de la musique et dénonce l’utilisation de ghostwriters – des personnes qui écrivent des chansons pour d’autres sans être créditées pour leur travail. Les représentantes autrichiennes, Teya & Salena, se basent sur leur propre expérience en tant qu’autrices-compositrices pour souligner le manque de reconnaissance de leur profession, en particulier chez les femmes. Elles pointent du doigt la plateforme de streaming Spotify, qui ne rémunère les artistes qu’à hauteur de «0,003 dollar» par écoute de chanson.
Mais au-delà de son message sérieux, la chanson est également accrocheuse grâce à son refrain pop et répétitif sur le thème d’Edgar Allan Poe, écrivain et poète américain connu pour ses œuvres publiées à titre posthume. Celui-ci est d’ailleurs devenu un véritable hymne pour ses fans qui ne peuvent plus se le sortir de la tête, et nous non plus!
Malgré sa position relativement modeste dans les pronostics des bookmakers (10e place), ce titre pourrait bien surprendre lors des votes du public, notamment grâce à ce refrain entraînant.
Australie: Voyager avec «Promise»
On ne s’attendait pas du tout à mettre l’Australie dans ce top, mais après avoir vu leur prestation que l’on peut qualifier de parfaite hier soir, cette place est amplement méritée. Dans leur titre «Promise», le groupe Voyager opte pour un mélange de sons synthétiques des années 1980 avec du métal qui peut surprendre, mais ça marche, et pas qu’un peu! Ce morceau évolutif démarre tranquillement puis monte en puissance pour finir dans une explosion mêlée de claviers endiablés, de guitares électriques affolées et de batteries énervées avec un chanteur qui se donne jusqu’au bout.
On en soupirait presque à la fin, tellement bluffé par l’énergie et la présence scénique débordante du groupe. Du côté des paroles on nous promet comme le titre et le nom de groupe le stipulent, un voyage décalé. On se prend au jeu et on s’autorise à lâcher prise et devenir aussi fou qu’eux derrière nos télés.
Finalement, c’est un véritable tube qui mérite plus de visibilité puisque l’Australie est placée seulement 14e par les bookmakers, alors qu’elle n’a pourtant pas à rougir d’un possible top 5.
Suède: Loreen avec «Tattoo»
C’est un pari risqué que Loreen, la représentante suédoise a choisi d’entreprendre: tenter de remporter une deuxième fois l’Eurovision après sa victoire en 2012 avec son tube «Euphoria». Bien que ce ne soit pas la première fois qu’un candidat retourne dans l’arène après une victoire (Alexander Rybak en 2018 pour la Norvège), cela ne garantit pas pour autant un succès triomphant.
Pour mettre toutes les chances de son côté, Loreen a choisi de coécrire sa chanson avec la même équipe qui avait composé «Euphoria» et d’y ajouter tous les ingrédients nécessaires pour créer un titre Eurovision-compatible. Appelé «Tattoo», ce morceau de dark dance pop reste générique, mais efficace grâce à un gimmick accrocheur, technique dont les artistes raffolent à l’Eurovision pour marquer le public. Les paroles de la chanson sont simples et parlent de la nécessité de s’accrocher à l’amour malgré la douleur que l’on peut éprouver. Un texte dans lequel tout le monde peut se reconnaître.
Alors que Loreen serait la grande gagnante pour les bookmakers, il vaut mieux rester prudent. En effet, l’engouement qu’elle suscite peut vite retomber face à la concurrence ardue qui l’attend.
Suisse: Remo Forrer avec «Watergun»
Que serait l’Eurovision sans une balade? Si parfois, il y en a un peu trop et que l’on s’ennuie quand elles s’enchaînent, elles offrent tout de même une pause émotionnelle entre des shows parfois très exubérants. C’est ce que le jeune Remo Forrer nous propose en représentant la Suisse avec «Watergun».
Il aborde un thème important et actuel: le refus de la guerre. Le jeune interprète fait mouche avec la puissance de ses paroles. Il y compare le petit garçon qui jouait au soldat avec ses amis et le jeune homme qui prend conscience des atrocités et des aberrations des conflits. Ajoutez à cela une voix grave et mélodique, vous obtenez les éléments nécessaires pour une prestation sans fausses notes qui, comme lors des demi-finales, vous coupe le souffle.
En se qualifiant avec ce message de paix, la Suisse s’érige en compétiteur de taille. Malgré une 16e place plutôt décevante attribuée par les bookmakers, la Suisse peut se rassurer de proposer une chanson d’une si bonne qualité qu’elle mériterait une cinquième place.
Remo Forrer - Watergun (LIVE) | Switzerland 🇨🇭 | First Semi-Final | Eurovision 2023