Deux fois primée aux Césars, l'équivalent français des Oscars, la comédienne Adèle Haenel, âgée de 34 ans avait contribué à libérer la parole dans le cinéma français quand elle avait dénoncé fin 2019 «l'emprise» et les agressions sexuelles subies de la part d'un réalisateur avec lequel elle avait tourné alors qu'elle était adolescente.
Elle avait ensuite fait sensation en 2020 en quittant avec fracas la cérémonie des Césars pour s'opposer au sacre du réalisateur Roman Polanski alors qu'il était rattrapé par des accusations anciennes de viol.
Une «complaisance généralisée»
Dans une lettre à l'hebdomadaire culturel Télérama, où elle annonce mardi arrêter le cinéma, l'actrice entend «dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et (...) la manière dont ce milieu collabore avec l'ordre mortifère écocide raciste du monde».
«Dans un contexte de mouvement social historique, on attend de voir si les pontes du cinéma comptent - comme les sponsors de l'industrie du luxe - sur la police pour que tout se passe comme d'habitude sur les tapis rouges du Festival de Cannes», poursuit-elle, à une semaine de son ouverture.
De Polanski à Depardieu
L'actrice, dont la carrière au cinéma est à l'arrêt depuis 2021, dénonce tous ceux qui «se donnent la main pour sauver la face des Depardieu, des Polanski, des Boutonnat». «Continuer de rendre désirable ce système est criminel», ajoute-t-elle.
Le célèbre acteur français Gérard Depardieu est mis en examen pour des accusations de viols qu'il conteste tandis que Dominique Boutonnat, patron du puissant Centre national du cinéma (CNC), est lui mis en cause dans une enquête pour agression sexuelle.
Adèle Haenel dit vouloir désormais poursuivre son métier de comédienne au théâtre.
(AFP)