Quand Camille et Julie Berthollet arrivent à la rédaction, elles sont accompagnées de leur maman. Les deux superstars franco-suisses du classique ont déménagé à Paris il y a un moment. Chaque visite en Suisse est l’occasion de se retrouver en famille et de «ne pas parler que de boulot et manger un max»! Les deux musiciennes enlèvent leurs instruments de leurs dos, se mettent à l’aise et Camille, 22 ans, s’amuse à se prendre en photo sa sœur de 24 ans, qui porte une robe façon Marie-Antoinette moderne, de-ci de-là dans la rédaction.
Après un café et un verre d’eau, on se met à l’écart pour papoter un peu avant le tournage de notre vidéo BOOM, production maison dont elles ont rejoué… le générique au violon et violoncelle, après l’avoir écouté à peine 2 minutes. On est virtuose ou on ne l’est pas!
«On jouait déjà 'Game of Thrones'»
«Cela fait tellement plaisir que les concerts reprennent», lancent-elles. «Elles», oui. Parce qu'elles parlent souvent en même temps en utilisant les mêmes mots! Les deux flamboyantes jeunes femmes sont ravies de repartir sur les routes et de se retrouver, car au moment de préparer ce projet d’album de reprises, elles étaient séparées à cause du confinement. «En France le confinement a été prononcé du jour lendemain, et on n’était pas au même endroit», confie Camille, qui était à Paris alors que Julie était en Suisse.
Quand on leur demande si cette idée de rejouer des génériques de séries est née à ce moment-là, elles admettent qu’elles y avaient pensé avant de passer, comme beaucoup de monde, du temps sur leur canapé pendant cette drôle de période. «On jouait déjà le générique de «Game of Thrones» pendant nos concerts et on voyait que le public y était réceptif. Puis, un jour, Julie est tombée sur le générique de «The Leftovers» et c’est là qu’on s’est dit qu’on allait en faire quelque chose», glisse Camille.
Sa sœur ajoute: «C’est devenu logique dès ce moment-là et on s’est plongées à fond dans les B.O. que l’on a réarrangées. On a collaboré avec Mathieu Gonnet (chef d'orchestre et pianiste français de talent, qui a fait partie des professeurs du télécrochet «Star Academy», ndlr.) et tout s’est enchaîné».
Élargir leur public et frôler la pop
Camille et Julie Berthollet viennent d’un univers très classique et commencent souvent leur spectacle, «Nos 4 saisons», par... Vivaldi. Ce qui ne les empêche pas de finir avec du AC/DC. Toutes deux admettent que leur nouveau disque va, en quelque sorte, faire un pont entre deux univers. «Il y a beaucoup de musique classique dans les séries télé. On trouvait que ça se prêtait bien à notre style. Mais aussi à ce que l’on aime nous, quelque chose de plus pop.»
Camille braque ensuite la lumière vers son aînée: sur cet album, Julie donne de la voix sur certains titres et en a aussi composés deux: «Générique» et «Flash-back». «On voulait un titre pour clore l’album, pour que ce ne soit pas que des B.O. qui se suivent, alors j’ai fait «Générique» et je me suis inspirée de Ludovico Einaudi (compositeur italien dont les ritournelles ont été utilisées au cinéma dans «Les Intouchables» ou «Mommy», de Xavier Dolan, ndlr.) et du genre néoclassique, détaille-t-elle. Et après, il y a eu «Flash-back», une chanson comme un scénario de l’année que j’avais passé.»
Niveau goûts musicaux perso, elles rigolent à l’unisson quand on leur demande leurs goûts «très éclectiques». Avant de citer le dernier Stromae — «ultastylé!» — ou encore Gjon’s Tears, avec qui elles ont joué il y a peu, et qu’elles désignent comme un gros coup de cœur.
Un tout premier clip et une tournée à venir
Une autre chose leur tient à cœur: grâce à ce disque, elles ont sorti leur premier clip. Classique oblige: les tournages vidéo, ce n’est pas trop une habitude dans ce genre musical. Pour ce premier essai, c’est la reprise de «The Leftovers» qu’elles ont choisie. «On en rêvait depuis des années. On a galéré pour le tourner la veille de notre concert au Royal Albert Hall à Londres. On a commencé à 6h du matin dans les Yvelines pour finir à Paris à 2h du mat' tout en haut d’un building en Louboutin. Heureusement qu’on n’a pas le vertige!» Elles se marrent, si fières d’avoir mis en image le lien qui les unit.
Le prochain spectacle qui accompagnera cet album «Séries» est, lui, toujours en construction. «On est en train de préparer la tournée et de faire les arrangements: on ne peut pas être à chaque fois avec tout un orchestre sur scène. Mais en même temps, ça nous laisse plus de liberté.»
Camille relance: «On adore bosser sur la mise en scène, les lumières, les tenues. Et on adore se changer, faire de petites folies...» À l’image de la pochette de cet album ou des vidéos de promotions où on les voit tour à tour en femme fatale, jeunes filles champêtres ou carrément divas.
Une fois les costumes tombés, Camille et Julie, qui ont joué dans les lieux les plus prestigieux de la planète, redeviennent deux frangines dans la vingtaine, avec leurs vies devant elles. «Quand on a du temps, on aime retourner à Paris pour voir les copains. On s’organise souvent à la dernière minute, mais on y arrive!»
Notez que les sœurs Berthollet seront en concert les 31 janvier et 1er février 2022 au Théâtre de Beausobre à Morges. En attendant, bonne écoute!