«Grosse toque», «frustrée», «encore une qui a été mal tirée», … Des dizaines et des dizaines de messages nauséabonds de ce tonneau défilent depuis quelques jours dans la section commentaire de plusieurs médias romands. Leur cible? La députée vaudoise Oriane Sarrasin. Son «délit»? Une simple interpellation au Grand Conseil qui questionnait une tradition pourtant sexiste de son canton.
Ni une, ni deux, comme d'habitude, les trolls sont montés au créneau. Facile de traiter quelqu'un de tous les noms quand on s'appelle gargamelle18. Moins facile par contre, pour la victime, de porter plainte pour des propos qui tombent sous le coup de la loi.
Que tout le monde s'insulte sur Facebook, on le sait et c'est peine perdue. Mais quand les médias sont les hôtes de propos haineux, c'est inacceptable. Les haters ont malheureusement bien compris deux choses: les médias leur offrent une tribune inespérée et sont souvent infichus de modérer les saillies publiées sur leurs propres plateformes.
Un grand pouvoir implique une grande responsabilité
Dommage de tout ficher par terre. Pour un site de news, donner la parole à ses lectrices et lecteurs — et leur offrir ainsi la possibilité d'enrichir l'information — est légitime. Mais cela implique des responsabilités, d'en assumer toutes les conséquences.
Contrairement à ce que les trolls eux-mêmes prétendent, tous les avis ne viennent pas nourrir le débat. Certains se cantonnent à alimenter la haine. Les médias doivent faire leur examen de conscience. Modérer coûte évidemment beaucoup de temps et d’argent. Mais à l’heure de la transition numérique, si l’on choisit d’ouvrir une section commentaire, il faut pouvoir débloquer les moyens de la gérer avant qu’elle ne se transforme en jungle virtuelle.
Si ce n'est pas possible, deux options sont sur la table: supprimer ces sections manifestement hors de contrôle ou exiger que les personnes contribuent au débat avec leur vraie identité, dûment vérifiée. De quoi assurément faire taire la haine et rehausser le niveau des discussions.