Les coûts de la santé de l’année passée sont les primes maladies de l’année prochaine. Et la rumeur gronde, sévère. Les coûts ont augmenté de 5 à 6% en 2021. Ce chiffre sera vraisemblablement celui de l’explosion des factures LAMal de 2023.
Cette augmentation, c’est celle des revenus des hôpitaux, des médecins, des labos, des pharmas, des pharmacies. La santé en Suisse est un système complètement planifié. Et les tarifs sont étatisés à souhait. À chaque seconde de consultation, à chaque sparadrap, à chaque cachet d’aspirine, correspond un prix, fixé par l’État ou par les partenaires tarifaires. Rien n’est laissé au hasard. Ou pire encore, au marché.
Les prix étatiques sont un oreiller de paresse qui nous coûte cher. Très cher. Bien sûr, dès qu’on le dit, on nous rétorque les mêmes lieux communs sur la santé, un bien «pas comme les autres». Mais soyez rassurés: les revenus des acteurs de la santé, eux, sont des revenus comme les autres.
Absence de concurrence, hausse des coûts
Je suis intimement convaincu que c’est l’absence de concurrence qui provoque les hausses des coûts. La preuve par l’exemple. Lorsqu’il est remboursé par l’État, le test PCR coûte 150 francs. Quand vous le payez de votre poche, on le paie 15 francs.
Les soins dentaires constituent un autre contre-exemple parfait au modèle LAMal. Depuis son entrée en vigueur, le chiffre d’affaires des cabinets dentaires a augmenté moins vite que les salaires. Tout le contraire des autres domaines de la santé, remboursés, protégés. Et malgré cela, la qualité de la santé bucco-dentaire en Suisse s’améliore.
La concurrence a permis l’apparition des chaînes d’opticiens, de cliniques orthodontaires, des centres de remise en forme. La qualité des soins n’a pas diminué, la compétition a contenu les prix. On trouve aujourd’hui des lunettes de vue à un prix inférieur à celui de 1990, sans s’imposer un look de premier secrétaire du parti communiste soviétique.
Il ne faut pas secouer le cocotier
Dans la santé publique, administrée, solidarisée, l’innovation échappe à la règle qui veut qu’elle induise une réduction des prix. C’est même l’inverse: à l’hôpital, chaque invention justifie d’augmenter les dépenses. Quand les scanners ou les machines deviennent plus efficaces, les prix augmentent. Contre le bon sens, sauf pour l’ensemble des acteurs qui bénéficient directement de cette rente de situation.
Cette semaine, le Conseil national s’est encore rangé du côté du statu quo. Ma proposition pour permettre les importations parallèles de médicaments a été rejetée. Une autre proposition, pour négocier des rabais avec les fournisseurs de prestation, a aussi été rejetée. Parce que l’édifice est trop complexe, parce qu’il ne faut pas secouer le cocotier.
En septembre, on s’indignera à nouveau de l’augmentation des primes-maladie. Mais qu’attendez-vous d’autre d’un système dans lequel tout est planifié, à commencer par les prix?