L’horreur du 7 octobre 2023 sera omniprésente ces jours prochains. A l’aube du premier anniversaire de l’assaut terroriste du Hamas contre le sud Israël, le souvenir et la commémoration de cette tragédie seront incontournables. Le discours prononcé ce vendredi à l’Assemblée générale des Nations Unies par Benjamin Netanyahu y a évidemment fait référence. Les 1200 personnes tuées par les commandos palestiniens, et la centaine d’otages qui demeurent aux mains du Hamas dans la bande de Gaza, ont scandé chacune des phrases du premier ministre israélien.
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Cette omniprésence du 7 octobre 2023 dans notre imaginaire est justifiée. Ce qui s’est passé ce jour-là, dans un déferlement de haine absolue, est une horreur qui doit être condamnée sans aucune réserve. Mais comment ne pas constater qu’un an après, la détestation d’Israël dans le monde est encore plus grande? Comment ne pas voir que la destruction impitoyable de Gaza, qui a entraîné la mort de près de 40 000 palestiniens, est une victoire militaire qui alimente la haine pour des générations? Et comment ne pas comprendre qu’une guerre au sud Liban contre le Hezbollah, si elle est déclenchée, aboutira à un brasier dont nul ne peut aujourd’hui prédire les conséquences?
Poursuivre les hostilités
Benjamin Netayanhu, on le sait, a un intérêt objectif à poursuivre les hostilités. Il vient de le prouver avec son discours incendiaire contre l'ONU. Sa coalition gouvernementale avec l’extrême-droite ne croit qu’en la force pour asservir les ennemis d’Israël. Sa survie politique, face aux centaines de milliers de manifestants qui réclament chaque semaine son départ et lui reprochent d’avoir abandonné les otages du Hamas, est garantie tant que la guerre continuera.
Cet homme-là, les yeux rivés sur le calendrier électoral américain et le retour potentiel au pouvoir de son allié inconditionnel Donald Trump, n'a jamais voulu donner une chance à un cessez-le-feu. Pas question, non plus, d'accéder aux demandes des États-Unis dont l’armée israélienne dépend complètement pour ses livraisons d’armes?
La réponse aux initiatives diplomatiques pour sortir de l'engrenage guerrier, un an après le 7 octobre, est donc un «non» aussi retentissant que terrifiant. Dès l’annonce, dans la nuit de mercredi à jeudi, de la proposition d’arrêt des hostilités entre Tsahal et le Hezbollah pour 21 jours, cosignée par la France, les États-Unis, l’Australie, mais aussi l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis, Netanyahu et les siens ont dit «non». L’État-Major israélien pense que le Hezbollah, affaibli et moins aidé par un Iran en difficulté, peut être vaincu. La population israélienne, sensible au sort des déplacés du nord du pays, demande justice pour les siens. Et la milice chiite, en poursuivant ses tirs de missiles sur Israël et en forçant les civils à l’exode, renforce cette détermination.
Un seul élément manque: l’avenir
La guerre permanente est donc bien plus forte que la diplomatie. Elle permet à Netanyahu d’endosser le costume du vengeur. Elle fait oublier les failles sécuritaires et politiques qui ont conduit à l’assaut terroriste du Hamas. Elle fait du Liban un avertissement: quiconque se dresse contre Israël subira le même sort.
Un seul élément manque: l’avenir. Tous les jeunes israéliens qui ont perdu la vie le 7 octobre avaient devant eux un horizon. Ils incarnaient, par leur diversité, leur musique, leur joie de vivre, ce que le Hamas déteste. Or l’état de guerre permanent, en niant l’existence du peuple palestinien dont tous les droits sont bafoués, est l’antithèse de cet avenir.
En rejetant la communauté internationale, Netanyahu propose à son pays un horizon bouché: celui d’un tunnel de dévastations et de haine qui ne vengera jamais l’assaut du 7 octobre.