Michael Hengartner
«L'EPFL a augmenté le nombre de ses places d'apprentissage de 5%»

Michael Hengartner, président du Conseil des écoles polytechniques fédérales (EPF), nous parle cette semaine des apprentis des EPF.
Publié: 20.10.2021 à 19:00 heures
Michael Hengartner

«Le Domaine des EPF, c’est seulement pour ceux qui ont fait de hautes études.» Quiconque dit cela n'a jamais vu de l'intérieur l'une de nos institutions. Chez nous, tout le monde n'a pas un diplôme universitaire en poche, loin de là. Et c’est tant mieux, car nous avons également besoin de personnes aux compétences très différentes pour faire tourner les rouages de nos écoles et établissements de recherche.

La Suisse a de nombreux atouts. Parmi eux, notre système de formation dual est sans nul doute l’une de nos cartes maîtresses. De nombreux pays nous l’envient. En Suisse, on peut faire non seulement un apprentissage mais aussi des études, et être très bien formé dans les deux domaines. Les chercheurs, en particulier, savent très bien à quel point les détenteurs d’un CFC sont précieux. C'est pourquoi nous les formons nous-mêmes. Rien qu'à l'ETH Zurich, 170 apprentis sont actuellement en formation, et ce, dans quelque 15 professions différentes. Il y a des électroniciennes, des assistants de bureau, des spécialistes de la maintenance opérationnelle, des informaticiennes, des documentalistes, des commerciaux, des dessinateurs-constructeurs industriels, des laborantines, des logisticiens, des médiamaticiennes et même des gardiens d'animaux!

Et ce n’est pas tout: au WSL, outre les professions mentionnées ci-dessus, il y a aussi des cuisiniers; à l'Empa, vous trouverez également des polymécaniciennes et des électriciens; à l'Eawag des opératrices en informatique et au PSI des automaticiens, des assistantes socio-éducatif, des agents de propreté, des employées de cuisine, et, et, et…! L'EPFL a même augmenté le nombre de ses places d'apprentissage de 5%, afin de pouvoir accueillir les jeunes qui ont perdu leur emploi suite à la pandémie.

Nos apprentis remportent régulièrement des prix lors de concours nationaux – citons rapidement l’exemple du «SwissSkills Championship 2020», durant lequel 4 des 10 meilleurs apprentis suisses en électronique venaient du PSI – et représentent la Suisse aux «WorldSkills», l’équivalent des Jeux olympiques pour l’apprentissage.

Positivement surpris

Les chercheurs étrangers, qui ne connaissent pas forcément le système de formation suisse, sont souvent positivement surpris par la qualité du travail des jeunes apprentis. A Lausanne, un Laboratoire-école pour les apprentis a même été mis sur pied à l’Institut des sciences et ingénierie chimiques, qui n’est certainement pas étranger à cette réussite. Comme il se doit, le Laboratoire-école est dirigé par un duo: Céline Henzelin-Nkubana, qui a un parcours académique derrière elle, et Luke Harris, qui a fait un apprentissage suivi d’études en HES. Les apprentis bénéficient du bagage professionnel très différent qu’apportent avec eux ces deux formateurs.

Une activité type lorsque l’on réalise un apprentissage chez nous est la préparation et parfois la réalisation d'expériences. Il s'agit d'un travail d’une importance particulière. Aussi, les professeurs et les doctorants citent souvent les apprentis dans leurs cours ou à la fin d’articles scientifiques. Parfois, ils sont même cités comme co-auteurs d'articles scientifiques. C'est l'une des plus hautes distinctions que l'on puisse obtenir dans le monde universitaire. Apprenti et co-auteur d'une étude scientifique : avec une telle carte de visite, l'entrée dans la vie professionnelle ne peut être que réussie!


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