La chronique de Sonia I. Seneviratne
Le climat se dérègle: ne faisons pas l’autruche

La chroniqueuse et professeure de l'EPFZ Sonia l. Seneviratne invite les Suisses à ne pas faire l'autruche concernant le dérèglement du climat et à voter pour des politiciens qui s’engagent de manière crédible.
Publié: 15.10.2023 à 12:18 heures
Photo: DUKAS
Sonia l. Seneviratne

Nous venons de vivre le mois de septembre le plus chaud depuis le début des mesures. L’observatoire européen Copernicus a démontré que l’augmentation moyenne de la température observée le mois dernier dans le monde dépassait pour la première fois nettement la barre des 1,5 °C, avec une moyenne mensuelle de 1,75 °C par rapport aux conditions préindustrielles.

Anomalies moyennes mondiales de la température de l'air en surface par rapport à 1991-2020 pour chaque mois de septembre de 1940 à 2023. Source des données: ERA5.

Cette incroyable anomalie de température était malheureusement prévisible: elle se situe dans le haut de la fourchette prévue au niveau actuel de perturbation du climat par les émissions humaines. Ces températures montrent à quel point le climat est déréglé, une situation qui ne fait malheureusement qu’empirer.

Existe-t-il des explications autres que le réchauffement climatique d’origine humaine pour ces températures particulièrement hautes le mois dernier? Des scientifiques ont montré une contribution possible de l’explosion du volcan Tonga-Hunga Ha’apai, et le phénomène El Niño a également été un facteur. Néanmoins, il est bien établi que sans les émissions humaines, une variation climatique de cette ampleur ne serait pas possible. Le réchauffement global moyen à long terme a déjà atteint 1,2 °C, ce qui correspond à environ deux tiers de l’écart observé le mois dernier.

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Le déni ne fera pas disparaître la crise climatique
Sonia l. Seneviratne
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Il est tentant de faire l’autruche face à des vérités désagréables, surtout lorsque d’autres problèmes nous guettent, que ce soit la guerre dans des pays proches ou l’augmentation des coûts de la santé. Mais le déni ne fera pas disparaître la crise climatique.

Nous ne devrions pas non plus nier que la crise climatique est dangereuse pour notre santé et notre économie. Nous avons déjà des morts climatiques en Suisse. Des professionnels de la santé l’ont d’ailleurs souligné lors de la dernière manifestation pour le climat à Berne. En outre, une étude récente a montré que les événements extrêmes dus aux changements climatiques coûtent 143 milliards de dollars par an dans le monde. La crise climatique nous coûte cher et constitue une menace pour la vie et l’intégrité physique.

Que peut faire chacun d’entre nous pour contrer cette évolution inquiétante? Tout d’abord, trouver comment contribuer à réduire l’utilisation des énergies fossiles, que ce soit à titre personnel ou professionnel. Chaque décision qui aide à moins augmenter les concentrations de CO2 à long terme est une contribution à la stabilisation du climat. Et deuxièmement, et c’est particulièrement important avant les élections du week-end prochain: voter pour des hommes et des femmes politiques qui s’engagent de manière crédible. Pour cela, il est recommandé de prendre en compte le classement environnemental du WWF des parlementaires. Prenons nos responsabilités!

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