La chronique de Philippe Nantermod
La pensée magique et le Covid

Philippe Nantermod a rejoint les rangs des chroniqueurs de Blick. Le Valaisan, conseiller national du groupe PLR, livre ici son premier texte d'opinion pour nos lecteurs. Il y est question de politique de la santé, un thème qui lui est cher.
Publié: 20.01.2022 à 11:36 heures
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Dernière mise à jour: 03.02.2022 à 17:38 heures
Philippe Nantermod critique les croyances et pratiques de l'homéopathie.

Si vous me lisez ici, c’est que j’ai quitté «Le Temps». Après une chronique un peu mordante sur la confiserie homéopathique, le journal de référence a publié les défenseurs du vieux Samuel Hahnemann. Les mêmes qui vous rappellent à l’ordre sur la vérité scientifique et l’importance des faits, s’ouvrent aux défenseurs des sciences occultes dès que l’objet du crime ressemble (ça s’arrête à «ressemble») à un truc naturel.

Et personnellement, n’ayant aucune envie de collaborer à la version New Age de «Paroisse vivante», même si on affuble opportunément les papiers d’un bandeau d’avertissement clamant que «les articles d’opinions ne reflètent pas celui du journal». J’ai choisi mon camp, camarade.

Depuis 2009, nous nous infligeons une disposition constitutionnelle sur la «médecine» complémentaire. On les appelle comme ça pour ne pas la confondre avec la vraie médecine, celle qui marche, mais pour la rembourser quand même.

A l’époque, les brillants esprits imaginaient, pour quelques millions, enterrer le débat des croyances ésotériques et des thérapies alternatives. Aujourd’hui, on paie cash les dérives des médecines complémentaires les plus extrêmes.

Financer les sciences occultes, c’est soutenir ces cabinets de médecin qui ont proliféré et qui soutiennent mordicus les théories fumeuses des chakras, des énergies et des vibrations au lieu des découvertes scientifiques des trois derniers siècles, vaccination en tête. C’est financer l’homéopathie ou l’anthroposophie, cette école mystique romantique à l’origine de foyers d’infection de rougeole depuis 2010, et du Covid depuis 2020. On a considéré les médecines douces au pire comme inoffensives. On découvre qu’elles contribuent aujourd’hui à casser les efforts de santé publique en pleine pandémie.

En réaction à la chronique à l’origine de mon déménagement, on a promu les rebouteux et les homéopathes, la pensée magique et même Greta Thunberg (sans rire). On m’a dit que j’étais un moyenâgeux fermé d’esprit, que même les hôpitaux accueillaient ces thérapies. C’est vrai. On y accueille bien des clowns dont les bienfaits sont, eux, démontrés. J’ai pu lire la promotion de l’Ivermectine contre la pandémie. Qu’il était humiliant de contredire les gens qui croyaient à choses irrationnelles.

Chacun est libre de se soigner comme il l’entend. Si vous voulez avaler des sabres, du foie de canard pourri dilué ou du concentré de mercure, c’est votre affaire. Si vous croyez à une énergie vibratoire quantique divine venu de la Lune, grand bien vous fasse. Mais faites-le seul, pas avec mes primes. Il n’appartient à une assurance obligatoire de soutenir ni vos croyances, ni les miennes. Ou alors, il faudra demain rembourser les voyages à Lourdes des catholiques, dont les pèlerinages n’ont en tout cas pas moins montré de résultats probants.

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