La chronique de Nicolas Capt
Il ne faut pas enterrer Donald Trump trop tôt

Me Nicolas Capt, avocat en droit des médias, décortique deux fois par mois un sujet d’actualité ou un post juridique pour Blick. Cette semaine, il revient sur l'éventualité que Donald Trump, l'ex-président des Etats-Unis, soit arrêté.
Publié: 21.03.2023 à 10:01 heures
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Dernière mise à jour: 21.03.2023 à 16:01 heures
Donald Trump pourrait-il être le premier président américain a être arrêté dans l'histoire du pays?
Photo: keystone-sda.ch

Ce samedi 18 mars, Donald Trump, à la surprise générale, a dévoilé par le biais d’un message posté sur son propre réseau social Social Truth qu’il craignait d’être arrêté ce mardi par les autorités judiciaires new-yorkaises: «NOW ILLEGAL LEAKS FROM A CORRUPT & HIGHLY POLITICAL MANHATTAN DISTRICT ATTORNEYS OFFICE, WHICH HAS ALLOWED NEW RECORDS TO BE SET IN VIOLENT CRIME & WHOSE LEADER IS FUNDED BY GEORGE SOROS, INDICATE THAT, WITH NO CRIME BEING ABLE TO BE PROVEN, & BASED ON AN OLD & FULLY DEBUNKED (BY NUMEROUS OTHER PROSECUTORS!) FAIRYTALE, THE FAR & AWAY LEADING REPUBLICAN CANDIDATE & FORMER PRESIDENT OF THE UNITED STATES OF AMERICA, WILL BE ARRESTED ON TUESDAY OF NEXT WEEK. PROTEST, TAKE OUR NATION BACK!»

Nul besoin d’être grand clerc ou de lire dans le marc de café: si Donald Trump devait être arrêté, cela constituerait un fait unique dans l’histoire des Etats-Unis d’Amérique. En attendant de savoir si ce mardi sera celui de la spectaculaire arrestation, petit rappel des enjeux.

Concrètement, le 45e président américain est soupçonné par la justice new-yorkaise, et en particulier par le procureur démocrate de l’Etat de New York, Alvin Bragg, d’avoir menti sur la raison du paiement (ou plutôt du remboursement) opéré par son entreprise, la «Trump Organization» à son avocat d’alors Michael Cohen. Il avait en effet été indiqué que ce montant de 130’000 dollars avait servi à «couvrir des frais juridiques». Selon la théorie de l’accusation, ce montant était en réalité destiné à rembourser un paiement effectué par l’ancien avocat de l’ex-président à une actrice de charme (Stormy Daniels) avec l’objectif d’assurer son silence en relation avec une supposée aventure extraconjugale. Si cela est avéré, le risque existe que Donald Trump soit condamné pour de fausses déclarations (et non pour le paiement en lui-même).

A cela s’ajoute le fait que le procureur de New York investigue également l’affaire sous un autre axe, soit de ce qu’il se serait agi d’une falsification ayant pour but de masquer un autre crime, par exemple un don illégal à la campagne du candidat de 2016. Une seconde accusation que l’on imagine volontiers plus fragile, mais qui aurait pour avantage pour l’accusation de poursuivre Donald Trump pour un crime et non un délit… Il faut toutefois rappeler ici que l’ancien avocat du président, Michael Cohen, a, dans ce contexte et depuis lors, plaidé coupable notamment de fraude fiscale et violation des lois sur le financement des campagnes électorales, le parquet fédéral estimant que «Cohen a[vait] effectué ces paiements» pour acheter le silence de l’actrice «dans le but d’influencer l’élection présidentielle de 2016».

Reste que, en l’état, les chances réelles que Donald Trump soit inculpé et, a fortiori, condamné sont extrêmement difficiles à estimer. Ce d’autant que, chez l’Oncle Sam, la politique se mêle bien volontiers à l’administration de la justice et que les velléités du procureur (démocrate) à rendre la justice pour Donald le républicain pourraient cacher des intentions plus partisanes. Il ne faut en effet pas mettre de côté la couleur politique et ses enjeux particulièrement prononcés aux Etats-Unis. Et surtout ne pas enterrer trop promptement un animal politique qui n’en est pas à sa première résurrection. Si les chats ont neuf vies, Donald Trump en a sans doute au moins le double.

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