La chronique de Nicolas Capt
Faut-il distinguer le compte Twitter du candidat et du président?

Me Nicolas Capt, avocat en droit des médias, décortique deux fois par mois un post pour les lecteurs de Blick. Cette semaine, il nous parle de conflits d'intérêts: le candidat Macron peut-il utiliser le compte Twitter du président Macron?
Publié: 22.03.2022 à 14:43 heures
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Dernière mise à jour: 22.03.2022 à 18:01 heures
Emmanuel Macron s'est fait rappeler à l'ordre pour l'utilisation de son compte Twitter officiel à des fins de diffusion de slogans de campagne.
Photo: Screenshot/AFP
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La Commission nationale (française) de contrôle de la campagne électorale (CNCCEP) a récemment tapé du poing sur la table en interdisant aux candidats assumant des fonctions et charges publiques l’utilisation de leurs comptes de micro-blogging (comprendre Twitter) officiels pour porter leur propagande électorale.

Premier visé, le président-candidat Emmanuel Macron, prié de cesser de se servir de son compte twitter @EmmanuelMacron pour y diffuser des messages de campagne, la CNCCEP estimant que ce compte servait «de longue date et de façon prépondérante» à «relayer des messages afférents à l’exercice de ses fonctions de Président de la République», de sorte qu’il était «préférable de ne pas utiliser ce compte» pour y diffuser des messages de campagne.

De huit millions d'abonnés à... 23'000

Il est vrai que ce compte est suivi par un nombre très important d’internautes (plus de huit millions à ce jour). Résultat: Macron et son équipe de campagne doivent se rabattre sur un nouveau compte dédié à la présidentielle (@avecvous) qui n’est lui suivi que par… guère plus de 23'000 personnes. On comprend que la potion soit plutôt amère, ce d’autant qu’il semble, à ce jour à tout le moins, que d’autres candidats, comme Valérie Pécresse (@vpecresse; 447'000 abonnés) ou Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo; 1'545'000 abonnés), continuent de battre campagne avec leurs comptes habituels, de présidente de la région Île-de-France pour la première, et de maire de Paris pour la seconde…

Et l’équipe de campagne de Macron de préciser son propos, en relevant que lors de l’émission de TF1 «Face à la guerre», où le compte Twitter officiel d’Emmanuel Macron n’a pas été utilisé, la capacité d’audience sur les réseaux n’a été que de 3%, là où d’autres comme Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour, pourtant largement distancés dans les sondages d’opinion, obtiennent respectivement 40% et 23%.

Il est vrai que cela peut surprendre.

L'équation est complexe

Cela étant, rassurerez-vous tout de même, les annonces de meeting (de campagne) d’Emmanuel Macron demeurent relayées par le Garde des Sceaux Eric Dupont Moretti (@E_DupondM; 217'000 abonnés), le Maire de Nice Christian Estrosti (@cestrosri; 191'000 abonnés) ou encore la Ministre chargée de la citoyenneté Marlène Schiappa (@MarleneSchiappa; 234'000 abonnés).

Chassez le naturel, le politicien revient au galop…

Mais, au fond et il est vrai, l’équation est sans doute bien plus complexe, dès lors que les activités quotidiennes afférentes à la fonction d’un président en exercice, ou à tout autre personne aux affaires d’ailleurs, participent indirectement, et même directement lorsque des bruits de bottes se font entendre, à l’image du candidat dans le public. A se demander, donc, dans quelle mesure cette distinction a vraiment un sens, à l’heure de la politique spectacle et de la communication tous azimuts sur les réseaux.

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