La chronique de Benjamin Décosterd
Le spectacle de drones de Paléo n’était pas nul: vous n’avez juste pas les codes

Clap de fin pour le festival nyonnais et les chroniques de Benjamin Décosterd, qui dresse le bilan de cette 47e édition.
Publié: 29.07.2024 à 08:17 heures
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Dernière mise à jour: 29.07.2024 à 13:50 heures
Benjamin Décosterd, auteur et humoriste

Clap de fin pour le festival nyonnais et les chroniques de Benjamin Décosterd, qui dresse le bilan de cette 47e édition.

Pour cette dernière journée, le rendez-vous était donné à 15h avec la conférence de presse de fin de festival. L’occasion de revenir sur le traditionnel «bilan positif» d’une édition «de rêve», selon Jacques Monnier (programmateur) qui devient «sereine» dans la bouche de Daniel Rossellat (Dieu).

Un choix de mot prudent qui trahit ce qu’il se murmure à l’espace presse à propos de ce Paléo 2024. Ce n’était pas génial, ce n’était pas nul: c’était. Bon, soyez rassurés, il y a quand même eu un peu de langue de bois/autosuçage:

  • Lors du concert de Sean Paul, la foule n’était pas beaucoup trop nombreuse mais «débordante et magique».
  • Booba n’a pas été à chier, mais «le public n’a parfois pas les codes du rap».

De mon côté, j’«évoque les senteurs de la veille» (en langage Paléo, ça veut dire que je pue encore la niaule). Et je crois que je ne suis pas le seul à fatiguer. Les visages sont marqués: la course d’école a viré au journalisme de guerre. Une lutte contre le soleil, l’alcool mondain et l’absence de nouveaux angles pour couvrir le festival.

Si ça continue quelqu’un finira bien par pondre un article sur comment pondre un article sur Paléo. Ah bah non tiens: c’est moi qui l’ai fait jeudi soir.

Chat GPT ne va pas nous remplacer si vite

Pour ne rien arranger, Jacques Monnier évoque l’idée de faire revenir Zaho «lâche-toi» de Sagazan l’an prochain, mais sur la grande scène (soupir…). Bon, je râle mais ça permettrait de lutter contre notre future mise au chômage par Chat GPT. Pour écrire sur le Paléo, il n’y aura pas besoin d’intelligence artificielle mais juste de la fonction copier-coller. En passant, voici l’affiche de l’édition 2015 avec… Les Vincent, Patti Smith, Caravan Palace, Calogero, Véronique Sanson et déjà des hot fondues.

(Notons qu’en 2015, il y avait Christine and the Queens. Si ça se trouve, il était aussi programmé cette année mais a encore changé de nom et personne n’a remarqué que c’était lui.)

Bref, sentant bien qu’il fallait secouer tout ce petit monde, Daniel Rossellat évoque qu’il y aura peut-être des nouveautés plus sexy que reZaho de reSagazan. Il nous rappelle sa devise: «innover, surprendre, séduire». Surprendre et séduire, ça aurait pu être de Yannick Buttet, à voir si la Chambre valaisanne du tourisme l’utilisera.

Et les drones dans tout cela?

Depuis lundi et l’annonce d’un «point presse drones» (développement suit…), tous les médias romands étaient sur le qui-vive. Quelle ne fut pas notre déception au moment d’apprendre que le show censé remplacer les feux d’artifices sera en fait un show de feux d’artifices mais lancés depuis des drones pyrotechniques.

Comme avec Zaho de Sagazan, on part donc sur, a priori, la même chose mais ailleurs. En fait, Paléo fait comme les vieux couples qui «pimentent» leur vie sexuelle: un bon vieux missionnaire, mais sur le canapé plutôt qu’au lit.

Cela dit, c’est compliqué de s’imaginer ce show nocturne depuis notre salle de presse à 16h. Il a fallu attendre 23h15 pour voir le résultat et c’était pas dynamique/vraiment pas dynamique (NE PAS OUBLIER DE METTRE À JOUR AVANT PUBLICATION).

Les drones devaient transmettre un message d’amour universel et c’est bof/raté/mitigé (FAIRE BIEN GAFFE DE FINALISER AVANT MISE EN LIGNE). Quoi qu’il en soit, ne pas totalement supprimer les feux d’artifices est une belle main tendue aux boomers qui pensent «qu’on peut plus faire de blagues sur les trans avec l’accent chinois en grillant son steak de bœuf le 1er août devant un bouquet final, parce que bon les écolos quand même…»

Un peu à l’image des mascus choqués de nos sociétés «décadentes» menacée par une perte de virilité (cf. les drag-queens à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris).

Et même si j’essaie de suivre la logique, je constate que ce raisonnement ne tient pas. Parce que y'a rien de plus «tarlouze» que de se sentir menacé par une drag-queen, mais enfin…

Est-ce que tout ceci a encore un lien avec Paléo? Est-ce un prime de TF1 qui produit la soirée du dimanche (Gims, Christophe Maé et Mika)? Bamboulé? Tant de questions en suspens.

Et surtout: qui faut-il suivre pour cette dernière chronique? Comme le dit le tatouage de Maéva (assistante marketing/un peu jolie/avec un léger strabisme quand même), «il faut suivre son instinct». Et mon instinct m’a poussé à aller écouter Gims, devant un public d’apparence jeune (car avec des chaussettes hautes, une absence de soutien-gorge et peu de deuxième degré).

Amour universel et flûte de pan

Quant à lui, le concert de Mika était très chouette/pas ouf (JE CROIS QUE VOUS AVEZ COMPRIS CE RUNNING GAG PTDRR). Surtout son discours touchant sur le vivre-ensemble après une chanson. C’était aussi subtil que mobiliser 900 drones pour symboliser l’amour universel avec une mappemonde et un cœur, sur une bande son à base de flûte de pan, qui n’aurait rien à envier aux salons de massage les plus glauques de Payerne.

En chroniqueur à l’écoute de mon public (aka mes potes), j’ai volontairement fait l’impasse sur le concert de Christophe Maé.

Un peu pour des raisons diplomatiques évidentes, mais aussi parce que dire des saloperies sur Christophe Maé impliquerait d’avoir un avis sur Christophe Maé. Et je crois que ça ne m’intéresse pas.

Pour le reste, je retire un «bilan positif» de ces chroniques «de rêve» pour une année «sereine» au niveau des commentaires. À l’année prochaine. Cœur et planète sur vous.

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