La France n’est pas les États-Unis. On le sait depuis qu’Eric Zemmour, le petit clone de Trump, s’est pris une méchante veste au premier tour de l’élection présidentielle. On sait désormais également que la France – aussi désabusée soit-elle – n’est pas non plus prête à se lancer dans l’aventure du populisme à la sauce Le Pen, même s’il y a fort à parier que l’extrême-droite n’a pas encore démontré ses limites, à la différence de sa représentante qui jouait aujourd’hui probablement sa dernière carte.
Pour freiner les extrêmes, Emmanuel Macron dispose de cinq années supplémentaires afin de véritablement mettre sa République «en marche». Pour démontrer que le parti politique qu’il a lancé en 2016 n’est pas qu’un slogan. Après avoir plutôt mal géré la grogne sociale des gilets jaunes et les problèmes d’une France «d’en bas» qu’il ne semblait pas vraiment comprendre, après avoir dû mettre en pause son très controversé projet de réformes des retraites à cause de la pandémie de Covid, le président français a beaucoup de pain sur la planche.
Certes, Emmanuel Macron devra jouer son rôle de leader au sein d’une Europe mise à l’épreuve par la guerre en Ukraine, dans un monde où les équilibres géopolitiques se retrouvent bouleversés. Mais même s’il se montre très à l’aise à l’international, c’est sur son territoire, la France, que ses compatriotes jugeront son action. Sa priorité sera de lancer la longue série de réformes évoquées pour relancer le pouvoir d’achat de nombreux Français qui étouffent à force de devoir se serrer la ceinture.
Sur ce point, le bilan du président n’est pas très net. Certes, le chômage a baissé, laissant penser que sa politique économique connaît un début de succès. Mais cette embellie ainsi que les mesures de redistribution prises pendant son premier quinquennat semblent avoir surtout bénéficié aux plus riches. En novembre dernier, une étude de l’Institut des politiques publiques, relayée par Libération, révélait en effet que les 5% des Français les plus pauvres, soit ceux dont le revenu disponible se situe en dessous 800 euros, étaient même les perdants de l’équation.
Pour rallier la jeunesse de Mélenchon à sa cause et surmonter son échec sur le dossier de l’écologie, Macron a promis une révolution verte et libérale susceptible de doper l’économie de marché. Cette promesse faite en Suisse par les Verts libéraux depuis quinze ans est-elle réaliste, ou la politique de croissance est-elle incompatible avec les impératifs écologiques? La France pourrait servir de test grandeur nature afin de solder cette dispute entre les différents courants écologistes.