D’abord la bronchiolite, provoquée par le virus respiratoire syncytial (VRS), et maintenant la grippe: la moitié des Suisses sont malades, les hôpitaux font état d’un manque de lits et de personnel. Bien sûr, ce n’est pas comparable à la situation pendant la pandémie de Covid-19. Si le personnel de soins est actuellement bien occupé, c’est aussi parce qu’il doit effectuer les opérations qui ont été reportées pendant la pandémie – ce que l’on appelle les interventions électives. Mais pas seulement. La situation serait moins précaire si nous avions tiré quelques leçons de la pandémie.
L’Office fédéral de la santé publique travaille actuellement à une révision de la loi sur les épidémies. Il paraît que les juristes de l’OFSP s’aventurent sur des sujets aussi brûlants que l’obligation vaccinale pour le personnel de santé. Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi Alain Berset aurait souhaité changer de département… Car si le projet devait effectivement être présenté au public au printemps, comme prévu, cela ne manquerait pas de susciter des réactions virulentes.
Le vaccin contre le Covid a prouvé son efficacité – il est, de fait, préoccupant de voir combien de personnes tentent de minimiser cette avancée scientifique a posteriori. Il n’en reste pas moins qu’il faut bien réfléchir si, lors d’une prochaine pandémie, une obligation légale de vaccination réservée au personnel de santé est une bonne idée. Une telle loi risque d’aggraver la pénurie de personnel soignant.
Un relâchement dangereux pour la santé publique
En parallèle, certaines leçons faciles à appliquer que nous avons appris de la pandémie de Covid-19 sont complètement ignorées par les autorités. Le virus a provoqué de grandes souffrances dans notre pays. Mais il a également prouvé de manière frappante l’efficacité des mesures de prévention les plus simples: le port de masques FFP2 et le lavage régulier des mains ont permis de freiner la propagation de tous les virus respiratoires.
Lorsque les autorités ont pu baisser le niveau d’alerte concernant le coronavirus au printemps, elles auraient dû s’appuyer sur ce succès. Pourquoi la Confédération n’a-t-elle pas lancé une campagne pour continuer à promouvoir de l’hygiène des mains? Avec un message du type: le Covid est terminé – restons quand même propres! Après tout, il est plus fréquent qu’une personne soit infectée lors d’un contact avec un objet dans le cas de la grippe et du VRS que dans le cas du coronavirus. Encourager l’hygiène des mains dans les écoles pendant la pandémie était juste – mais cela le serait encore plus maintenant.
La Suisse, bonne élève en matière de prévention, et maintenant?
Une campagne d’information professionnelle post-pandémie aurait également pu éviter des scénarios dangereux pour la santé publique. Aujourd’hui, quiconque tousse, éternue et a la gorge qui pique fait un test Covid. Si celui-ci s’avère négatif, beaucoup ont le sentiment qu’ils peuvent se mêler aux autres sans prendre de précautions. Ce comportement est probablement l’une des raisons pour lesquelles la saison de la grippe commence plus tôt cette année que précédemment.
Notre pays a obtenu des résultats convaincants en matière de prévention. Le Covid en est un exemple, le VIH en est un autre. Les campagnes suisses contre le sida ont d'ailleurs longtemps été considérées comme exemplaires dans le monde entier, comme en témoignent les affiches et les spots publicitaires de 35 ans sur le site Internet de l’OFSP.