Chronique de Nicolas Capt
La censure et Twitter: épisode 8745

Me Nicolas Capt, avocat en droit des médias, décortique deux fois par mois un sujet d’actualité ou un post juridique pour Blick. Cette semaine, il revient sur les troublantes influences du réseau social Twitter, désormais entre les mains d'Elon Musk.
Publié: 29.11.2022 à 11:29 heures
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Dernière mise à jour: 29.11.2022 à 12:48 heures
Elon Musk menacerait de divulguer des informations sur le fils du président Joe Biden.
Photo: DUKAS
Nicolas Capt

Elon Musk, que l’on sait peu avare de coups d’éclats, vient de lâcher une véritable bombe en twittant qu’il envisageait de rendre publics des discussions internes (sous l’empire de la précédente direction) portant sur des décisions de censure de contenu. Il s’est d’ailleurs amusé à faire voter les internautes sur cette idée sans précédent (résultats sans appel: 85% pour; 15% contre).

Et les dessous qu’Elon Musk entend dévoiler s’annoncent pour le moins explosifs: il s’agirait ni plus ni moins que des discussions internes ayant mené à la censure sur Twitter du «New York Post» en relation avec un article sur le fils de l’actuel Président américain, Robert Hunter Biden, détaillant les très curieuses trouvailles faites sur son ordinateur portable en lien avec ses affaires à l’étranger.

Une censure, mais sur quels fondements?

Fait troublant: cette censure a eu lieu dans les semaines précédant l’élection américaine 2020. Ajoutez à cela les avertissements que Twitter accolait à la majorité des messages publiés par Donald Trump et vous aurez un bon aperçu dont le réseau social influençait, ou tentait d’influencer, la politique américaine, tout en se réfugiant systématiquement derrière son statut de seul hébergeur (par opposition à un éditeur) lorsqu’il était pris à parti judiciairement.

Que l’on apprécie Donald Trump ou pas, cette manière de faire pose sérieusement question, ce d’autant que, depuis la mise en place de l’administration Biden, de nombreux médias, et non des moindres (New York Times, Washington Post, CBS, etc.) ont confirmé la légitimité de l’enquête du New York Post sur Hunter Biden.

Il sera extrêmement intéressant de voir la manière dont les organes dirigeants de Twitter ont mis en place cette censure, sur quels fondements juridiques et surtout avec quels objectifs avoués ou discernables. Gageons que ces documents, s’ils sont rendus publics, seront de nature à entraîner un scandale aussi important que celui déclenché par les pratiques de Cambridge Analytica.

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