Ce message-là peut s’afficher à tout moment sur nos téléphones portables ou sur nos écrans. Il ne s’agira pas, comme pour les milliers de bipeurs piégés du Hezbollah d’un message destiné à faire exploser une charge confinée dans l’appareil. Nous verrons juste quelques mots apparaître, par exemple en titre d’une dépêche d’agence de presse: «La nouvelle guerre du Liban a commencé. Un an après le 7 octobre 2023, le conflit régional a démarré.»
A lire sur les bipeurs
Souvenez-vous bien de ces mots, car ils sont, depuis mardi soir, presque devenus inévitables. Désormais affaibli par cette frappe ciblée extraordinairement complexe et audacieuse, sans doute réalisée par les services de renseignement israéliens, le Hezbollah se prépare à coup sûr à la guerre.
Son chef, le Cheikh Hassan Nasrallah, n’a dans ces conditions plus d’alternative. S’il ne riposte pas, sa crédibilité subira un contrecoup massif. Et s’il riposte, Benjamin Netanyahu aura obtenu le prétexte attendu pour lancer son armée dans ce sud du Liban où elle a toujours fini par s’embourber, incapable d’en finir avec cette milice chiite libanaise qui a su depuis des décennies ligoter la société, et mettre la main sur presque tous les centres de décision politiques, économiques et militaires de ce pays déstructuré et au bord de la faillite.
Ni Libanais, ni Israéliens
Nous n’avons pas, comme les cadres et les combattants du Hezbollah, de bipeurs piégés dans nos poches ou attachés à nos ceintures. Nous ne sommes pas, comme tous les Libanais et en particulier comme les habitants de Beyrouth, à portée des frappes de Tsahal.
Nous ne courrons pas, comme des milliers d’Israéliens, le risque d’être pilonnés par des milices et de voir nos vies détruites. Mais cela ne nous empêche pas d’être otages d’un conflit que Benjamin Netanyahu ne se cache plus aujourd’hui de vouloir élargir.
Victoire militaire totale
Le Premier ministre israélien veut une victoire militaire à la fois totale et indéniable pour présenter à ses concitoyens lors de l’anniversaire de l’assaut terroriste du Hamas, le 7 octobre. Il sait que la destruction des ennemis de l’État hébreu, au moins revendiquée, est la seule réalisation qui pourra lui permettre d’échapper à la colère d’une très grande partie de la population israélienne. Sa propre survie politique, et celle de sa coalition alliée à l’extrême-droite, exigent donc cette guerre totale.
Nous voilà donc «bipés» sans aucun moyen de stopper l’engrenage. L’incontestable victoire israélienne sur le Hezbollah engendre maintenant un climat de peur maximale. Et ce, au moment où la Russie accroît sa pression militaire sur l’Ukraine.
Piégés par les incroyables agents du Mossad, les bipeurs du Hezbollah ont sans doute éliminé ou blessé des tueurs, des hommes en armes, et des donneurs d’ordres qui rêvaient d’éradiquer Israël. Ils ont aussi tué des et blessés des enfants et des civils. Ils nous ont surtout rapprochés, à travers la fumée sortie de ces récepteurs piratés, d’une guerre que personne ne saura – ou pourra – arrêter.