Après le refus de la loi CO₂
«Sauvez le climat, mais faites-le sans moi»

Les gens sont favorables à la protection de l'environnement tant qu'elle ne leur coûte rien et ne restreint pas leur liberté, écrit Christian Dorer, rédacteur en chef du groupe Blick.
Publié: 13.06.2021 à 17:47 heures
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Dernière mise à jour: 13.06.2021 à 19:17 heures
Christian Dorer, rédacteur en chef du groupe Blick

Il n'y a plus personne aujourd'hui, ou presque, pour prétendre que la Terre ne se réchauffe pas. Un consensus se forme aussi autour de la nécessité d'agir. Et pourtant: 51,6% des votants ont rejeté aujourd'hui la loi CO₂, qui proposait un train de mesures. D'où vient cette contradiction?

Lorsque les choses deviennent concrètes, chacun y trouve un argument personnel: conduire sera plus cher! Prendre l'avion sera plus cher! Le mazout coûtera plus cher, et je ne peux pas me permettre un nouveau système de chauffage plus respectueux du climat!

Ensuite, il convient de relever que la proposition avait beau être soigneusement équilibrée, elle s'est enlisée dans une bureaucratie crasse, avec des milliards allant pour partie dans un fonds pour le climat et pour partie à chacune et chacun d'entre nous. Selon quels critères? Personne n'a vraiment compris.

La naïveté de la Grève du climat

Cela a ouvert la porte à une campagne anxiogène des opposants, qui a fait mouche. Le slogan «conduire une voiture, un privilège pour les riches?» est absurde, parce que le prix de l'essence fluctue aujourd'hui déjà bien plus largement que la hausse maximale prévue par la loi de douze centimes. Mais cela a fonctionné.

Et enfin, plus inattendu: la loi a été torpillée par une partie de la Grève du climat, qui lui a donné le coup de grâce en estimant que le texte ne suffisait pas et qu'il allait être supplanté par une version plus ambitieuse. Quelle naïveté!

Il y a fort à parier que les politiciens suisses ramasseront les morceaux et proposeront quelque chose d'encore plus modéré. Après tout, notre pays a tout de même ratifié l'accord de Paris sur le climat.

Il ne faut en revanche pas se leurrer: vouloir sauver le climat sans investir dans les nouvelles technologies et sans renoncer à ses vieilles habitudes est aussi réaliste qu'espérer maigrir de dix kilos sans faire le moindre effort et en continuant de dévorer son mille-feuilles quotidien.

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