Analyse de Michel Jeanneret
Pierre Maudet fera la loi au Conseil d’État

Trois élues de droite, trois élus de gauche et Maudet au milieu: la configuration parfaite pour celui qui signe son grand retour en politique. Quels en sont les dangers? La poursuite des enfantillages. Et tout ne semble pas bien parti. Attention: législature sportive.
Publié: 30.04.2023 à 17:00 heures
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Dernière mise à jour: 10.04.2025 à 16:32 heures
À l'issue du second tour des élections genevoises, Pierre Maudet fait bien son grand retour.
Photo: keystone-sda.ch
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Michel JeanneretRédacteur en chef

Il est le grand vainqueur de l’élection au Conseil d’État genevois. Parti seul, sans alliance, Pierre Maudet signe son retour en politique par la grande porte, déjouant les croche-pattes tendus par une «alliance de droite» de façade, qui aura certes profité à la centriste Delphine Bachmann, mais clairement échoué à imposer sa majorité de droite au gouvernement, puisque Philippe Morel (MCG) et Lionel Dugerdil (UDC) se prennent tous deux une claque.

Le PLR peut se réjouir de la brillante élection de ses deux candidates, un signal important à la veille des fédérales. Mais il n’aura donc pas réussi à faire trébucher un Pierre Maudet honni, dont il voulait plus que tout déjouer le retour en politique.

La revanche du paria

Pire que cela, pour tous les adversaires du fondateur de Libertés et Justice Sociale (LJS). Plébiscité au milieu de trois élues de droite et trois élus de gauche, Pierre Maudet ne pouvait rêver d’une meilleure constellation. Le voilà désormais leader naturel et, en bon radical, arbitre d’un Conseil d’État qui l’avait ostracisé — puis en quelque sorte chassé — en 2021. Quelle revanche!

Sur quoi cette configuration singulière peut-elle déboucher? Tout dépendra de l’attitude des six collègues du «revenant». Si les deux élues PLR se sont montrées très intelligentes et fair-play sur le plateau de la chaîne de TV régionale Léman Bleu, relevant la légitimité de celui qui a récolté près de 50’000 voix, l’attitude des Vert-e-s — qui se disent «choqués» par l’élection de Pierre Maudet — et de leur représentant au Conseil d’État, Antonio Hodgers, fait craindre une collaboration difficile.

Hodgers et son disque un peu rayé

Antonio Hodgers, qui répétait aujourd’hui encore son étonnement que les Genevoises et les Genevois aient élu un homme condamné pour «corruption», devra rapidement changer de disque. Il lui faudra accepter le retour de celui qui lui a toujours fait de l’ombre — et c’est peut-être là un des nœuds du problème, s’il ne veut pas être accusé de semer la zizanie au sein d’un exécutif qui devra par-dessus tout trouver le chemin de la collaboration.

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À ce titre, Pierre Maudet aura également un rôle important à jouer. Il suffira qu’il cède à la tentation de régler ses comptes pour que le Conseil d’État poursuive cinq années supplémentaires dans ses mêmes travers, à savoir l’incapacité de former une équipe solide, susceptible de faire avancer Genève.

Une législature sportive

Et, avancer, Genève en a bien besoin. Une grande partie de la population vit dans la crainte de perdre son travail, souffre de la baisse de son pouvoir d’achat et est excédée par la mauvaise gestion du trafic (comprenez une absence totale de vision politique à cet endroit), qui rend la ville et le canton de plus en plus difficiles à vivre.

C’est exactement ce qui précède qui a engendré un immense ras-le-bol de la population. Un ras-le-bol qui a porté Pierre Maudet au pouvoir. Espérons que ses collègues en prendront acte, avec un minimum de modestie, pour que cette législature qui s’annonce sportive ne soit pas qu’une joute ne menant nulle part.

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