Dans un document judiciaire daté de mercredi, que l'AFP a pu consulter, les avocats s'appuient notamment sur un article du Daily Mail, dans lequel l'un des jurés confie avoir convoqué ses souvenirs de victime durant les délibérations pour éclairer le reste du jury. La défense y voit «des motifs irréfutables pour un nouveau procès».
Après 40 heures de délibérations étalées sur cinq jours, le jury avait déclaré le 29 décembre dernier Ghislaine Maxwell, 60 ans, coupable de cinq des six chefs d'accusation qui pesaient sur elle, dont le plus grave, celui de trafic sexuel avec son ancien compagnon, le financier Jeffrey Epstein, mort en prison en 2019.
Aucune date n'a encore été fixée pour le prononcé de la peine, qui risque maintenant d'être retardé.
L'incident a été pris au sérieux par le bureau du procureur fédéral de Manhattan, qui a suggéré au tribunal de «conduire une enquête», notamment pour savoir si le juré a bien révélé durant le processus de constitution du jury, c'est-à-dire avant le début des audiences, avoir été victime de violences sexuelles dans le passé.
Une information qui aurait pu conduire à un examen plus poussé dans sa sélection, la défense pouvant alors arguer de sa partialité pour une telle affaire.
La juge Alison Nathan a répondu un peu plus tard mercredi, dans un autre document écrit, que la demande de la défense serait bien examinée, sans se prononcer sur une enquête. Elle a fixé la date du 19 janvier pour que la défense expose ses arguments, avec un délai au 2 février pour que l'accusation réponde.
Dans l'article du Daily Mail, le juré, un homme de 35 ans, présenté sous ses deux prénoms Scotty David, explique que son expérience lui a permis d'éclairer les autres jurés sur le fait que des victimes d'abus sexuels n'ont pas toujours un souvenir linéaire et exact de leur traumatisme. La défense avait attaqué durant le procès certains témoignages, en relevant des incohérences dans le récit des victimes.
«Selon le juré, cette révélation a influencé les délibérations et a convaincu les autres membres du jury de condamner Mme Maxwell», écrivent ses défenseurs.
Le juré dit ne pas se souvenir si on lui a demandé s'il avait été victime d'abus sexuels, disant avoir «survolé» le questionnaire qu'on lui avait soumis, mais il assure qu'il aurait répondu honnêtement si la question lui avait été posée.
En parallèle de ce procès, la justice américaine examine les poursuites civiles intentées par l'une des victimes du couple, Virginia Giuffre, à l'encontre du prince britannique Andrew, qu'elle accuse de l'avoir violée en 2001, quand elle avait 17 ans. Le prince Andrew, qui fréquentait le couple Epstein-Maxwell, a toujours vigoureusement démenti ces accusations.
(ATS)