«En raison de la crise sanitaire, il est difficile de sortir du Vietnam, mais impossible d'y revenir d'ici au 15 septembre», a déclaré Philippe Grumbach, l'avocat du prévenu. «Mon client veut être présent et ne veut pas être dispensé de comparaître. Il faut donc reconvoquer des débats», a-t-il ajouté.
Christian Hänni, président du Tribunal criminel basé à La Chaux-de-Fonds (NE), a suspendu la procédure et renvoyé l'audience à une date ultérieure. La partie plaignante, soit Tissot et CK Watch & Jewelry, les avocats des quatre prévenus et le Ministère public y étaient aussi favorables.
Selon eux, l'absence du principal accusé entraînerait «une disjonction des causes» et pourrait engendrer notamment des jugements contradictoires et une inégalité de traitement dans la fixation de la peine.
Un des prévenus, un sexagénaire qui était responsable qualité de la marque Tissot, est accusé d'avoir reçu entre 2006 et 2015 plusieurs fois des sommes importantes, pour un montant indéterminé, mais au moins 13,2 millions de francs dans le but de permettre à un autre prévenu, basé à Hong Kong, d'obtenir de manière privilégiée des contrats et de poursuivre sa collaboration avec Tissot, peut-on lire dans l'acte d'accusation.
Un des autres prévenus, âgé de 61 ans, est accusé des mêmes délits, mais pour la période allant de 2013 à 2014 et pour près de 3 millions de dollars de Hong Kong. Cet horloger est aussi prévenu d'avoir reçu des enveloppes contenant entre 100'000 et 200'000 francs, soit un total de 1 million ainsi que six voyages tous frais payés en famille, de la part de fournisseurs de Tissot non identifiés entre 2008 et 2013.
Un troisième prévenu, âgé de 46 ans, est accusé des mêmes chefs d'accusation mais pour la marque CK Watch & Jewelry. Il a reçu 558'950 euros en 12 fois entre 2007 et 2013, ainsi qu'un montant de 835'539 dollars de Hong Kong versé le 11 décembre 2013.
Outre la gestion déloyale et le blanchiment d'argent, le 4e prévenu, domicilié à Hong Kong et âgé de 50 ans, est accusé de corruption active, et pas seulement passive contre les autres prévenus. Entre 2006 et 2015, il aurait soudoyé en son nom propre et par l'intermédiaire de diverses sociétés, les trois co-accusés.
Ce dernier souhaitait ainsi obtenir des contrats et poursuivre sa collaboration avec Tissot, basé au Locle, et respectivement CK Watches & Jewelery, basée à Bienne (BE), les deux sociétés appartenant au Swatch Group. Les motivations des quatre accusés, selon l'acte d'accusation, est l'enrichissement illégitime.