Cet entretien prévu à 11h00 est maintenu alors même que Kiev appelle désormais ses alliés occidentaux à cesser toute politique «d'apaisement» à l'égard de Moscou, accusé par Washington et Kiev d'avoir massé 150'000 soldats aux frontières orientales ukrainiennes.
Après leur rencontre du 7 février à Moscou, cette discussion entre les présidents français et russe constitue «les derniers efforts possibles et nécessaires pour éviter un conflit majeur en Ukraine», a souligné l'Elysée.
La Russie peut lancer une attaque sur l'Ukraine «à tout moment», répète de son côté la Maison Blanche. Le président américain Joe Biden doit participer dimanche à une rare réunion du Conseil de sécurité nationale consacrée à la crise ukrainienne, quelques jours avant un entretien entre son secrétaire d'Etat Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov, jeudi 24 février.
Mais les voyants sont désormais au rouge, avec l'Otan qui estime que «tous les signes indiquent que la Russie prévoit une attaque complète» de l'Ukraine.
Emmanuel Macron s'était entretenu samedi avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, qui dit ne pas vouloir «riposter aux provocations le long de la ligne de contact», selon l'Elysée. Volodymyr Zelensky lui a «confié de dire à Vladimir Poutine la disponibilité de l'Ukraine à dialoguer», a souligné la présidence française.
«Une action militaire russe contre l'Ukraine porterait la guerre au cœur de l'Europe», a martelé un conseiller présidentiel français, en évoquant un risque de conflit «en Ukraine et autour». Il n'y aurait alors «pas d'autre option possible qu'une réaction très forte», a-t-il ajouté.
Les séparatistes pro-russes de l'est ukrainien, qui accusent Kiev de vouloir les attaquer, ont annoncé samedi une «mobilisation générale» des hommes en état de combattre, après avoir ordonné l'évacuation de civils vers la Russie voisine.
Dans la nuit de samedi à dimanche, les agences russes ont signalé des tirs d'artillerie dans la banlieue de Donetsk, à proximité immédiate de la ligne de front.
Le Kremlin nie toute intention d'attaquer l'Ukraine voisine, que le Kremlin veut faire revenir dans sa sphère d'influence.
Moscou conditionne la désescalade à des «garanties» pour sa sécurité, comme le retrait d'Europe de l'Est de l'infrastructure militaire de l'Otan et l'assurance que l'Ukraine n'adhèrera jamais à l'Alliance atlantique, des demandes inacceptables pour les Occidentaux.
Sur le front, dans l'est de l'Ukraine, les combats ont redoublé. Kiev et les séparatistes soutenus par Moscou s'accusent mutuellement d'envenimer ce conflit qui a fait plus de 14'000 morts depuis 2014.
La région russe de Rostov, frontalière de l'Ukraine, a déclaré l'état d'urgence pour faire face à un possible afflux de réfugiés en provenance des zones séparatistes. Selon les derniers chiffres des séparatistes, plus de 22'000 personnes ont été évacuées en Russie, chiffre faible pour des zones où vivent plusieurs centaines de milliers de personnes.
Depuis près de trois mois, Washington n'a cessé de sonner l'alerte sur les préparatifs d'une offensive russe en Ukraine. Vendredi, M. Biden s'était dit, pour la première fois, «convaincu» que son homologue russe Vladimir Poutine avait décidé d'envahir l'Ukraine «dans les prochains jours», et que la multiplication actuelle des heurts sur la ligne de front dans l'est du pays visait à créer une «fausse justification» pour lancer l'offensive.
«Pas de guerre avec la Russie», «Plus de guerre, ni froide, ni chaude. Ce dont on a besoin c'est d'amour», disaient les panneaux brandis lors d'une petite manifestation samedi à New-York. A Varsovie, une manifestation de solidarité avec l'Ukraine est prévue dimanche à la mi-journée, au moment où s'achève la Conférence de sécurité de Munich.
Samedi, le président ukrainien y avait exhorté les Occidentaux à cesser leur politique «d'apaisement» vis-à-vis de Moscou et à augmenter leur aide militaire à Kiev, «bouclier de l'Europe».
(ATS)