Alexander Vögtli est catégorique: l'analgésique parfait n'existe pas et l'industrie pharmaceutique se doit de développer rapidement de nouvelles substances actives plus efficaces contre la douleur. Et surtout plus sûres...
Car mal dosés, certains médicaments représentent un risque, parfois mortel, pour la santé. Pour Blick, le fondateur de Pharmawiki – le dictionnaire en ligne des médicaments – attire l'attention sur les quatre analgésiques les plus courants en Suisse, disponibles sans ordonnance.
L'aspirine provoque parfois des saignements
Cette substance active a été mise sur le marché pour la première fois en 1899. Selon la revue «Health Forecast», des millions de personnes le prennent sous forme de pilule ou de poudre effervescente.
Comme d'autres inhibiteurs de la CGRP – une hormone présente en forte quantité dans le sang pendant les crises de migraine –, l'aspirine est généralement prise pour soulager les maux de tête.
En raison de son effet fluidifiant sur le sang, elle est aussi utilisée à faible dose pour prévenir un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral.
Un surdosage peut entraîner des saignements et des troubles gastriques. Les adultes et les adolescents ne devraient pas prendre plus d'un à deux comprimés trois fois par jour.
L'ibuprofène peut faire des trous dans l'estomac
C'est l'un des analgésiques les plus vendus et les plus appréciés. C'est même l'un des médicaments qu'Alexander Vögtli délivre le plus souvent en tant que pharmacien.
Cette «arme à tout faire» soulage les douleurs musculaires et articulaires, les migraines ou les maux de dents. Elle inhibe également les inflammations et les états grippaux.
Seulement voilà, chez les personnes âgées qui souffrent à la fois d'hypertension et d'arthrose, l'ibuprofène augmente le risque de maladies cardiovasculaires, voire d'infarctus du myocarde.
Pire: à forte dose, il perforerait même les parois de l'estomac et de l'intestin.
Pour minimiser ses effets sur les parois abdominales, il est possible de prendre un bloqueur d'acide gastrique avant un comprimé d'ibuprofène, ou de privilégier des pastilles à sucer qui contiennent du flurbiprofène, un anti-inflammatoire agissant de la même manière que l'ibuprofène.
Enfin, l'ibuprofène peut également être appliqué sous forme de crème en cas de douleurs musculaires et articulaires.
Dans tous les cas, les médecins conseillent de ne pas prendre cet antidouleur plus de cinq jours par mois.
Le paracétamol entraîne parfois un «effondrement» du foie
Développé au XIXe siècle, ce principe actif est surtout connu pour sa capacité à ralentir l'élévation de la température corporelle. En revanche, lui n'a aucune propriété anti-inflammatoire.
En cas de fortes douleurs, le paracétamol peut être combiné à l'ibuprofène en alternance.
Les professionnels de santé recommandent de ne pas en prendre plus de 3000 milligrammes, soit trois comprimés, par 24 heures.
En cas de surdosage, relativement rapide à atteindre, des lésions hépatiques peuvent en effet se produire et, dans le pire des cas, provoquer un coma hépatique, c'est-à-dire un « effondrement » du foie dont l'issue est presque toujours fatale.
Selon «Health Forecast», le paracétamol est même la cause la plus fréquente d'insuffisance hépatique aiguë et la raison principale pour laquelle les spécialistes de santé exigent de l'industrie pharmaceutique des analgésiques moins risqués pour le foie.
Le diclofénac augmente les risques d'infarctus du myocarde
Le diclofénac est l'un des analgésiques les plus vendus. Il est souvent utilisé pour soulager les douleurs articulaires dues à l'arthrose et à l'arthrite. Les sportifs utilisent cette substance en cas de claquages et de contusions.
En automédication, il ne faut pas prendre plus de 75 milligrammes par jour. Les personnes qui en ingèrent fréquemment risquent en effet d'endommager le système digestif et prennent le risque d'avoir un infarctus du myocarde ou une attaque cérébrale.
Le dicolfénac est aussi dangereux pour les animaux, car il se retrouve notamment dans les eaux usées via l'urine humaine et ne peut pas être traité par les stations d'épuration.
Des quantités même infimes de diclofénac peuvent nuire aux poissons... ou les animaux d'élevage traités avec ce produit. Dans le sous-continent indien, presque toute la population de vautours a disparu parce que ces oiseaux avaient dévoré des carcasses de bovins traités avec cet analgésique.