Emmener des touristes voir la Lune de près, récupérer les déchets dans l'espace, ou encore transporter des troupes militaires d'un point A à un point B sur la Terre: la fusée géante Starship en fait rêver plus d'un. Plus encore: il s'agit de la fusée la plus grande au monde (elle fait 119 mètres de haut) – un joyau qui pourrait révolutionner le secteur spatial.
Ce sont les raisons pour lesquelles son premier vol orbital était très attendu ce lundi. Mais tout ne s'est pas déroulé comme prévu. En fait, le décollage n'a carrément pas eu lieu.
Problème technique et report
Le premier décollage de Starship, la plus grande fusée du monde, n'aura pas lieu lundi à cause d'un problème technique rencontré durant les dernières minutes de préparatifs, a annoncé SpaceX durant son direct vidéo.
Les équipes de SpaceX continuaient toutefois à faire tourner le compte à rebours et simuler les opérations de décollage sous forme d'une répétition générale, qui a été stoppée 40 secondes avant le moment prévu du lancement. Des dates de repli sont possibles dans la semaine, peut-être 48 heures plus tard, soit mercredi. L'information reste à confirmer.
«Nous prévoyons un minimum de 48 heures avant de pouvoir retenter ce vol test», a déclaré une employée de SpaceX lors du direct vidéo de l'entreprise. «Une valve semble être gelée», avait plus tôt tweeté le patron SpaceX, Elon Musk.
Gigantesque vaisseau spatial entièrement recyclable
Ce mastodonte noir et argenté, qui fonctionne à l'oxygène et au méthane liquides, n'a encore jamais volé dans sa configuration complète, avec son premier étage surpuissant, qui se nomme Super Heavy («super lourd»). Il est supposé revenir sur sa tour de lancement. Le deuxième étage, le seul à avoir jusqu'ici effectué des tests suborbitaux (à environ 10 km d'altitude), est baptisé Starship et donne son nom à la fusée entière. Celui-ci devrait revenir se poser sur notre planète à l'aide de rétrofusées.
Le plan de vol pour lundi était le suivant: environ trois minutes après le décollage, Super Heavy devait se détacher et retomber dans les eaux du golfe du Mexique. Le vaisseau Starship devait alors continuer seul son ascension, et effectuer un peu moins d'un tour de Terre avant de retomber dans l'océan Pacifique.
L'agence spatiale américaine Nasa envisage d'utiliser Starship comme module d'atterrissage dans le cadre de son programme Artemis, au plus tôt en 2025. À noter que la fusée d'Elon Musk est nettement plus grande et plus puissante que la fusée SLS de la Nasa, avec laquelle l'agence spatiale veut mettre des astronautes en orbite autour de la Lune à partir de 2024.
Le gigantesque vaisseau spatial entièrement recyclable et doté de 33 moteurs devrait pouvoir un jour transporter jusqu'à 100 personnes. Du haut de ses 119 mètres, Starship appartient à la catégorie des lanceurs super-lourds, capables de transporter plus de 100 tonnes de cargaison en orbite. Sa puissance au décollage doit être plus de deux fois supérieure à celle de la légendaire Saturn V, la fusée du programme lunaire Apollo (111 mètres), indique l'ATS.
Doutes avant le test
Le prochain test va-t-il se dérouler sans accroc? Rien n'est moins sûr, car Elon Musk lui-même avait laissé entendre avant lundi qu'il était fort possible que l'un des moteurs explose et détruise tout le premier étage de la fusée.
Dans une interview accordée à l'AFP le 7 mars, le magnat de la «tech» avait ainsi déclaré qu'il y avait une chance sur deux que la fusée n'atteigne pas son objectif: «Je ne dis pas que le vaisseau atteindra l'orbite, mais je vous garantis que ce ne sera pas ennuyeux.» La fusée, dit-il, «a, espérons-le, 50% de chances d'atteindre l'orbite».
Ce genre de cafouillage technique est courant pour SpaceX, dont les tests sont régulièrement des échecs. Le vaisseau SN11, par exemple, avait explosé juste avant son atterrissage, le 29 mars 2021. Le SN10, quant à lui, avait été détruit quelques minutes après son lancement, le 3 mars 2021.
Il reste toutefois une lueur d'espoir: il y a maintenant presque deux ans, le vaisseau SN15 était parvenu à décoller, voler, puis atterrir sans exploser. Une première.
(Avec l'AFP et l'ATS)