Embarqué dans un voyage sentimental sur les traces de ses ancêtres en Irlande, Joe Biden s'adresse jeudi à Dublin au Parlement, 60 ans après John Fitzgerlad Kennedy, seul autre président américain catholique, également d'origine irlandaise.
Arrivé mercredi en Irlande après un passage éclair - et politiquement délicat - dans la province britannique d'Irlande du Nord, Joe Biden s'est attaqué jeudi à la partie la plus institutionnelle de son voyage dans ce pays qu'il dit porter dans son «âme».
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«Je ne repars pas!»
Il a reçu un accueil chaleureux, avec une foule massée le long du passage de son cortège à travers Dublin et les honneurs militaires à son arrivée sous un grand soleil dans la résidence présidentielle pour rencontrer Michael Higgins. «Je ne repars pas!», a plaisanté devant les journalistes le démocrate de 80 ans, qui dit se sentir «à la maison» en Irlande.
Joe Biden, détendu et souriant, a planté un arbuste dans la résidence du président, non loin de deux arbres témoignant du passage de deux de ses prédécesseurs aux racines irlandaises. Il s'agit de Barack Obama, et surtout de John Fitzgerald Kennedy, dont le voyage en Irlande en 1963 avait été un immense événement.
«Les mêmes valeurs et préoccupations»
Comme JFK - le premier président américain à l'avoir fait - Joe Biden va s'adresser jeudi aux deux chambres du Parlement irlandais. Il a d'ores et déjà dit, en étant reçu par le Premier ministre irlandais Leo Varadkar, que les deux pays partageaient «les mêmes valeurs et les mêmes préoccupations».
Le lien du président américain avec l'Irlande va bien au-delà de la diplomatie. Sa visite, faisant écho à celle qu'il avait effectuée en tant que vice-président, en 2016, est une affaire très personnelle. Joe Biden vient en Irlande sur les traces de ses ancêtres, qui comme tant d'autres ont quitté l'Irlande ravagée par la famine au XIXe siècle, pour chercher une vie meilleure aux Etats-Unis.
Cet attachement n'est pas non plus dénué d'arrière-pensées politiques, pour un président qui envisage de se représenter en 2024. Son enfance dans un clan irlandais soudé permet de polir une image de président issu d'un milieu modeste et travailleur. De quoi glaner peut-être des voix auprès des 30 millions d'Américains qui revendiquent des racines irlandaises. Et l'émigration irlandaise permet à Joe Biden de marteler son discours favori, sur les promesses et les «possibilités» de l'Amérique, sur la «foi» en l'avenir et sur la «dignité» qu'il entend restaurer.
Deux visites
Son voyage officiel comporte deux visites dans deux régions présentées comme des berceaux des Finnegan et des Blewitt, les ancêtres du président. Il y a eu le comté de Louth (nord-est) mercredi, il y aura vendredi Ballina, dans le comté de Mayo (nord-ouest), où Joe Biden fera un discours.
La toute première partie de son déplacement a toutefois été moins chaleureuse. Il s'est rendu mercredi à Belfast, pour apporter son soutien à l'équilibre en vigueur depuis vingt-cinq ans dans la province britannique, qui semble aujourd'hui fragilisé.
Mettre fin à cette paralysie
Les institutions nord-irlandaises, censées consacrer la coopération entre les partis autrefois ennemis, sont actuellement bloquées en raison de désaccords sur les suites du Brexit. Le président américain, qui a rencontré les principaux leaders politiques d'Irlande du Nord, a appelé à mettre fin à cette paralysie.
Mais ce Démocrate catholique et si farouchement attaché à son héritage irlandais a reçu un accueil glacial de la part des unionistes. Attachés à l'appartenance au Royaume-Uni, ils bloquent toute formation d'un gouvernement local et l'ont qualifié pour certains d'"antibritannique».
Des remous
La Maison Blanche assure, elle, n'avoir eu que des retours «positifs» après ce bref passage à Belfast. Le président américain a toutefois suscité des remous avec l'une de ces gaffes dont il est coutumier. En évoquant un cousin éloigné rugbyman, Rob Kearney, il a raconté que ce dernier avait donné du fil à retordre aux «Black and Tans», une force britannique particulièrement brutale qui avait combattu les indépendantistes irlandais dans les années 1920.
«Pour n'importe quel amateur de rugby en Irlande, le président parlait très clairement des All Blacks», l'équipe de Nouvelle-Zélande, a balayé sa conseillère Amanda Sloat.
(ATS)