Trois fois plus qu'en 2003
De plus en plus de Romandes et Romands s'adonnent au sexe homo!

En vingt ans, le nombre de personnes ayant couché avec quelqu'un du même genre a triplé en Suisse romande, pour atteindre 19%, selon un sondage de Blick et M.I.S Trend. D'autre part, les non-hétéros (10%) ont une vie sexuelle bien plus intense, diversifiée et libre.
Publié: 18.02.2023 à 09:04 heures
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Dernière mise à jour: 18.02.2023 à 16:03 heures
La sexologue Aline Tatone n’est pas surprise de voir trois fois plus de personnes franchir le pas du sexe homo qu'il y a 20 ans: «La curiosité a toujours été présente, mais la condamnation sociétale est moins grande aujourd’hui. On s’autorise davantage à essayer.»
Photo: KEYSTONE/AP/ANDREA COMAS
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Amit JuillardJournaliste Blick

Le sexe homo fait-il moins peur? En vingt ans, le nombre de Romandes et de Romands ayant fait l’amour avec une personne du même genre a triplé, dans toutes les catégories d’âge, pour atteindre une moyenne de 19%. Par exemple, les 18-29 ans sont aujourd’hui près d’un quart (22%) à déclarer en avoir fait l’expérience, contre 7% en 2003. Un delta immense, sachant que ce grand sondage de Blick, réalisé en partenariat avec M.I.S Trend, est représentatif.

Dans le lit des Romandes et des Romands

C’est un paradoxe: à l’heure où le sexe inonde le web, jamais nous n’avions aussi peu fait l’amour. Pourquoi? Que se passe-t-il sous les couettes romandes en 2023? À l’occasion de la Saint-Valentin, Blick a voulu le savoir. Plus de 1000 personnes — un échantillon représentatif constitué par l'institut M.I.S Trend — ont accepté de répondre sans tabou sur leurs habitudes intimes. Fréquence des rapports, nombre de partenaires, pratiques, consommation de pornographie, différences entre hétéros et non-hétéros: nous vous proposons cinq volets pour tout savoir, dont un consacré aux violences sexuelles.

C’est un paradoxe: à l’heure où le sexe inonde le web, jamais nous n’avions aussi peu fait l’amour. Pourquoi? Que se passe-t-il sous les couettes romandes en 2023? À l’occasion de la Saint-Valentin, Blick a voulu le savoir. Plus de 1000 personnes — un échantillon représentatif constitué par l'institut M.I.S Trend — ont accepté de répondre sans tabou sur leurs habitudes intimes. Fréquence des rapports, nombre de partenaires, pratiques, consommation de pornographie, différences entre hétéros et non-hétéros: nous vous proposons cinq volets pour tout savoir, dont un consacré aux violences sexuelles.

Dans le détail, 8% des sondées et sondés le font «régulièrement» (dont 4% de personnes hétérosexuelles), 4% «occasionnellement». Près de 7% ont essayé «une seule fois». Une partie de ces personnes se définissent pourtant comme «hétéros» puisque seuls 10% de notre échantillon s’identifient comme «non-hétéros». Au sein de cette dernière catégorie, 35% d’homos et 43% de bis. Environ 1% du panel représente le «T» — pour trans — de l’acronyme «LGBTQIA+».

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Aline Tatone, psycho-sexologue romande, spécialiste de ces questions, s’étonne un peu. «10% de non-hétéros, ça me paraît faible, avance cette chroniqueuse pour 'Arcinfo'. Je dirais qu’en réalité, c’est largement 20% de la population. En consultation, ces questions reviennent une fois sur deux.»

«L’inventivité est liée à la réalité des corps»

Elle n’est, en revanche, pas surprise de voir de plus en plus de monde franchir le pas du sexe homo. «La curiosité a toujours été présente, mais la condamnation sociétale est moins grande de nos jours, note la thérapeute de couple. On s’autorise davantage à essayer. C’est plus facile aussi parce qu’aujourd’hui, lorsqu’on couche avec une personne du même genre, on n’est plus forcément obligé de porter une étiquette, on peut dire que c’est juste une pratique.»

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«C’est logique que la vie sexuelle de la communauté arc-en-ciel soit nettement plus intense, diversifiée et libre. Pour les hétéros, c’est facile, les organes s’emboîtent. Pour les autres, il faut aller chercher du plaisir différemment.»
Aline Tatone, sexologue active à Neuchâtel et Lausanne
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Derrière les portes closes, les différences entre hétéros et non-hétéros en matière de cul sont frappantes, montre aussi notre sondage. La vie sexuelle de la communauté arc-en-ciel est nettement plus intense, diversifiée et libre. «C’est logique, lance Aline Tatone, qui pratique à Neuchâtel, mais aussi à Lausanne. Pour les hétéros, il n’y a pas besoin d’aller beaucoup plus loin que la pénétration vaginale. C’est facile, les organes s’emboîtent. Pour les autres, il faut aller chercher du plaisir ailleurs, différemment. L’inventivité est aussi liée à la réalité des corps. Tout cela demande par ailleurs une communication plus régulière.»

Les non-hétéros font davantage l’amour que les hétéros

Plongeons dans la réalité des statistiques. Premièrement, notons que seules 56% des personnes non hétéros sont en couple exclusif (contre plus de 75% des hétéros). Près de 11% sont en relation libre ou en polyamour (contre 2% des hétéros).

L’âge de la première fois est aussi plus bas: 23% l’ont vécue avant 15 ans (contre 14% chez les hétéros), même si la moyenne est similaire (à 18 ans). Près de la moitié (42%) a des partenaires occasionnelles ou occasionnels — de l’autre côté du miroir, c’est seulement 18%.

La fréquence des rapports est aussi plus élevée: près d’un tiers (29%) dit s’envoyer en l’air une à plusieurs fois par jour ou plusieurs fois par semaine (contre un quart chez les hétéros, qui sont pourtant plus souvent en couple). En moyenne, les hétéros ont 1,4 rapport par semaine, contre 1,7 pour les autres. Mais peu importe: 73% des non-hétéros aimeraient coucher plus régulièrement (contre 59% des hétéros).

La communauté queer a une sexualité beaucoup moins traditionnelle. Un peu moins de la moitié des non-hétéros ont testé le sexe à plusieurs (46% contre 19% des hétéros) et 23% ont connu plus de 50 partenaires (contre 4% chez les hétéros). Près de 17% ont tenté l’échangisme (contre 7% des hétéros) et 48% ont fait l’amour avec une personne de quinze ans plus âgée ou plus jeune (contre 17% des hétéros).

Plus de sodomie, plus de sextoys, plus de fétichisme des pieds, plus de bondage

Mêmes constats sous la couette. Les personnes lesbiennes, gays, bis ou pansexuelles s’essaient davantage à la fellation (80% contre 75% des hétéros), au cunnilingus (86% contre 79% des hétéros), à la sodomie (67% contre 48%), à l’utilisation de sextoys (72% contre 50%), au bondage (37% contre 22%), au sadomasochisme (18% contre 10%), aux jeux de domination-soumission softs (48% contre 21%) ou encore au fétichisme des pieds (30% contre 12%). L’ouverture à aborder le sujet avec son ou sa partenaire est aussi plus grande: 69% le font (contre 53% des hétéros).

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Et ce n’est pas tout. Le goût de l’aventure est aussi plus prononcé sous le rainbow. Un peu moins d’un tiers (32%) — seulement — ne se sont jamais laissé séduire par un ou une inconnue (contre près de deux tiers des hétéros).

Parlons porno, un peu, aussi. Seuls 11% n’en regardent jamais (contre 37% des hétéros). Les personnes non hétéros sont, en outre, plus conscientes de son impact sur leur vie sexuelle — seuls 37% disent que le porno n’a pas d’influence (contre 51% des hétéros).

Un nombre de viols élevé dans la communauté LGBTQIA +

Mais malgré tout, les personnes gays, lesbiennes, bi- ou pansexuelles semblent ressentir plus de frustration(s) que les autres. Environ 55% de celles-ci disent leur satisfaction quant à leur activité sexuelle, contre 63% des hétéros.

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«On sait aujourd’hui que l'homophobie intériorisée peut se répercuter de manière violente sur les partenaires et ressortir dans le sexe.»
Aline Tatone, sexologue et thérapeute de couple, spécialiste des questions LGBTQIA+
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C’est peut-être que tout n’est pas si rose. Plus de la moitié (54%) déplore avoir vécu des situations de contrainte sexuelle (contre 44% en moyenne chez les hétéros, mais 55% chez les femmes). Certains cas de figure paraissent plus courants au sein la communauté LGBTQIA +. Par exemple, l’agression ou le viol (13% contre 6% des hétéros et 11% de toutes les femmes interrogées). «Ça vient probablement de l’homophobie intériosée, suppute la sexologue Aline Tatone. En d’autres termes, l’homophobie de la société que les personnes homosexuelles intègrent dans leur subconscient. On sait aujourd’hui que cette homophobie intériorisée peut se répercuter de manière violente sur les partenaires et ressortir dans le sexe.»

Notre interlocutrice ose une seconde interprétation: «Je pense qu’il y a aussi le fait que l’homosexualité peut être réprimée de manière tellement forte, qu’au moment de passer à l’action les pulsions sexuelles sont très fortes voire irrépressibles. Cela peut avoir pour conséquence d’agir avec des gestes plus brutaux.» Plus courant aussi chez les non-hétéros, le rapport non-protégé devant l’insistance du ou de la partenaire (33% contre 14% chez les hétéros) et le retrait du préservatif sans l’accord de l’autre (11% contre 6%).

La fatigue et le stress touchent non-hétéros comme hétéros

Reste que les personnes non-hétéros se protègent bien plus des maladies sexuellement transmissibles (54% contre 38%). Seules 23% ne se protègent pas du tout et contre rien (39% des hétéros). Près de 14% ont recours à la PrEP, pilule prophylactique contre le VIH, pourtant très chère — à partir de 900 francs par an pour une prise en continu, en achetant des génériques. Un traitement non remboursé par l’assurance maladie.

Les principaux obstacles au fricotage sont les mêmes pour les deux populations ici sous la loupe. La fatigue, le stress, le surplus de travail, le manque de temps et l’absence de libido sont le plus souvent évoqués. En revanche, si la grossesse et les enfants sont de réels «tue-l’amour» pour 17% des hétéros, c’est beaucoup moins le cas chez les non-hétéros (9%). Le manque d’attirance envers le ou la partenaire, les traumatismes passés, la peur liée au rapport sexuel, la préférence pour la masturbation et l’hygiène (par exemple, le fait de devoir faire un lavement avant de s’adonner au sexe anal) sont, eux, bien plus souvent soulignés par les non-hétéros.

Méthodologie et marge d'erreur

Ce sondage de M.I.S Trend a été mené en collaboration avec Blick. L'étude a été menée en ligne entre le 24 et le 30 janvier 2023. Au total, 1045 personnes ont répondu à 21 questions. Les résultats ont été pondérés de manière à obtenir des chiffres représentatifs pour la population romande. La marge d'erreur maximale est de plus ou moins 3% sur l’échantillon total.

L'évolution de certaines habitudes sexuelles a pu être observée grâce à un autre sondage, déjà réalisé par M.I.S Trend, publié à l'époque par «L'Hebdo» en 2003. Les données avaient alors été recueillies par téléphone et la différence de méthodologie peut expliquer certains écarts dans les résultats, répondantes et répondants faisant généralement preuve d'une plus grande honnêteté lors d'un sondage en ligne.

Ce sondage de M.I.S Trend a été mené en collaboration avec Blick. L'étude a été menée en ligne entre le 24 et le 30 janvier 2023. Au total, 1045 personnes ont répondu à 21 questions. Les résultats ont été pondérés de manière à obtenir des chiffres représentatifs pour la population romande. La marge d'erreur maximale est de plus ou moins 3% sur l’échantillon total.

L'évolution de certaines habitudes sexuelles a pu être observée grâce à un autre sondage, déjà réalisé par M.I.S Trend, publié à l'époque par «L'Hebdo» en 2003. Les données avaient alors été recueillies par téléphone et la différence de méthodologie peut expliquer certains écarts dans les résultats, répondantes et répondants faisant généralement preuve d'une plus grande honnêteté lors d'un sondage en ligne.

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