Sergei Aschwanden vise le Conseil d'Etat
«Je souhaite proposer une alternative crédible»

Le député PLR Sergei Aschwanden se lance dans la course au Conseil d'Etat vaudois, annonce-t-il à Blick. Le médaillé des Jeux olympiques de Pékin doit désormais séduire son parti, qui ignore tout des intentions des sortants Pascal Broulis et Philippe Leuba. Interview.
Publié: 10.08.2021 à 05:59 heures
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Dernière mise à jour: 10.08.2021 à 07:46 heures
Sergei Aschwanden, 45 ans, se verrait bien siéger au Château Saint-Maire, fort de ses récents succès électoraux obtenus grâce à sa grande notoriété.
Photo: Darrin Vanselow
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Sergei Aschwanden se lance dans un nouveau combat potentiellement sanglant. L'ancien judoka, médaillé de bronze aux JO de Pékin en 2008 et surnommé «l’éternel bagarreur» par «Le Temps», veut à nouveau s’illustrer. Pas sur les tatamis cette fois, mais dans l’arène politique vaudoise, où les ippons sont plus rares que les coups bas.

L'ex-sportif d'élite vise le Conseil d'État, annonce-t-il à Blick. Plus déterminé que jamais, il entre dans la danse en vue des élections cantonales de mars 2022. Le moment est bien choisi: tandis que la ministre PLR sortante Christelle Luisier est officiellement candidate à sa réélection, le doute plane toujours sur les intentions de ses collègues Pascal Broulis et Philippe Leuba. L'attente se fait longue et des voix s’élèvent pour qu’ils «dégagent». Sergei Aschwanden a, pour l'instant, le champ libre.

Le député, lui aussi PLR, veut représenter «l’alternative». Comprenez: le grand parti vaudois connaît des turbulences et a besoin de sang neuf pour conserver ses trois sièges au Conseil d'État. Sergei Aschwanden, 45 ans, se verrait donc bien siéger au Château Saint-Maire, fort de ses récents succès électoraux obtenus grâce à sa grande notoriété. Pour mémoire, il a été élu en 2017 au Grand Conseil après avoir été premier vient-ensuite au Conseil national en 2015.

Mais il y a un «mais». Celui qui dirige désormais plusieurs organismes touristiques des Alpes vaudoises reste novice en politique. Parfois vu comme un «ambitieux monothématique» par ses pairs, arrivera-t-il à passer l’épaule au sein de son parti? Une étape essentielle avant de pouvoir envisager de balayer ses adversaires.

Êtes-vous candidat au Conseil d’État vaudois?
Je suis candidat à la candidature. Il faut faire les choses dans l’ordre. Je déclare aujourd’hui mes intentions et je les porterai jusqu’au congrès du PLR Vaud de septembre. Je souhaite pouvoir offrir une alternative aux délégués. Libre à eux, ensuite, de déterminer qui sera à même de remporter un siège pour le parti. Cette décision ne m’appartient pas, mais je pense en être capable.

Le PLR entérinera sa stratégie lors du congrès de septembre. Il est très peu probable que le parti envoie quatre candidats. Cela signifie-t-il que vous visez le siège de Pascal Broulis ou de Philippe Leuba?
Je viens du sport. Dans le sport, il y a une compétition. Elle peut être dure mais elle doit être juste et fair-play. Il faut impérativement respecter la stratégie et les envies du parti. Le but n’est pas de voler le siège de qui que ce soit. Je ne porte par ailleurs aucun jugement concernant Pascal Broulis et Philippe Leuba. Mais, comme je vous l’ai dit, je souhaite proposer une alternative crédible.

Est-ce que vous comptez capitaliser sur votre statut de personnalité publique? Vous avez marqué les esprits avec votre médaille olympique à Pékin en 2008.
Il est vrai que mon passé de sportif me permet d’avoir une certaine notoriété dans le canton. C’est un atout, c’est indéniable. Je compte le mettre en avant pour convaincre. Cependant, ma vie de sportif et ma vie politique sont deux choses différentes et j’ai d’autres envies. Il me semble toutefois légitime de capitaliser aussi sur mes réussites sportives qui sont le résultat d’un travail de longue haleine et qui ont participé à faire de moi celui que je suis aujourd’hui.

La médaille olympique gagnée en 2008 marque la consécration de la carrière sportive de Sergei Aschwanden.
Photo: Keystone

Des voix critiques, y compris au sein de votre propre parti, estiment que vous êtes «monothématique». Touchez-vous le puck dans d’autres sujets que le sport?
C’est une bonne question. Ces remarques sont légitimes. J’étais candidat aux élections fédérales de 2015 puis j’ai été élu député en 2017. Il faut savoir que je me suis lancé en politique parce que j’estimais qu’il y avait des grosses lacunes dans les politiques publiques qui touchent au sport. Les choses prennent maintenant le bon chemin.

J’ai une certaine expertise dans le domaine et je l’assume. Mais cela ne dit pas tout de moi. Je suis depuis le début de la législature dans la commission thématique des affaires extérieures et dans la commission consultative en matière d’asile. Depuis une année et demie, je suis aussi dans la commission thématique de la politique familiale. Ce sont des thèmes qui m’intéressent et dans lesquels j’ai désormais acquis certaines connaissances.

Quels seront les domaines qui vont compter pour vous si vous accédez au Conseil d’Etat?
Il faut d’abord être désigné par le congrès puis être élu. Vous m’accorderez donc que nous n’y sommes pas encore. Ensuite, il y a la répartition des départements qui se fait par ordre d’ancienneté et par consensus. J’estime qu’il faut respecter la structure et le fonctionnement des institutions. Personnellement, mon parcours fait que j’ai évidemment une sensibilité pour le sport et pour le tourisme. Je m’intéresse aussi énormément à l’économie vaudoise et à ses réalités; j’ai d’ailleurs fait une mineure HEC durant mes études universitaires.

Je suis par ailleurs père de quatre enfants, la politique familiale est donc quelque chose d’important pour moi. Je me rends bien compte des défis quotidiens auxquels les familles vaudoises sont confrontées. Ce sont des sujets sensibles à mon cœur. Mais je ne réfléchis pas ainsi. Si je suis élu, je prendrai le département qui me sera alloué, quel qu’il soit, et je travaillerai de façon professionnelle et consciencieuse. C’est ma manière de voir les choses.

Au-delà de ces thématiques, qu’est ce qui vous motive dans la fonction que vous visez?
J’ai envie d’amener du sang neuf. J’ai un parcours atypique en politique, cela peut être intéressant. J’ai aussi envie de défendre les valeurs PLR en incarnant une certaine jeunesse et nouveauté. Conseiller d’Etat, c’est une fonction — si on a la chance de pouvoir l’exercer — qui reste un honneur et un privilège. J’en reviens à mon passé de sportif et à mon caractère de compétiteur mais avoir une pression extrêmement élevée et se trouver dans des situations où il faut systématiquement trouver des solutions à des problèmes compliqués, cela me plaît.

Justement. Vous êtes relativement jeune en politique. Ne brûlez-vous pas des étapes?
Disons que c’est un avantage comme un inconvénient. On peut me reprocher un certain manque d’expérience, j’entends cette critique et je l’accepte. Mais j’analyse les choses différemment. Je pense pouvoir amener de la fraîcheur et une autre vision. Pour espérer un nouveau dynamisme, il faut du sang neuf, non?

La relation entre le PLR et l’UDC n’est pas au beau fixe dans le canton. Si vous êtes adoubé par le congrès PLR, serez-vous l’artisan d’une alliance au 2e tour?
Vous allez vite en besogne (rires). J’estime qu’il faudra parler stratégie, vous avez raison, mais ce n’est pas du tout le moment de le faire. Il faut déjà voir qui sera candidat à la candidature avec moi. Ensuite, il faudra aller au congrès, etc. Je ne vais pas vous refaire toutes les étapes. Pour être honnête, cela me semblerait un peu prétentieux d’exposer ma stratégie, qui n’est d’ailleurs pas encore entièrement arrêtée. Ce n’est pas le bon moment.

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