En Suisse, parler de salaire reste souvent très tabou. Combien gagnent vos voisins? À partir de quel revenu annuel fait-on partie de la fameuse «classe moyenne»? Et quand la quitte-t-on pour appartenir aux couches les plus aisées de la population?
Une nouvelle étude de la Banque Cler est très instructive à ce sujet. Elle analyse les données pour les années 2007 à 2019 en se concentrant sur le revenu net: tous les revenus (salaires, rentes, pensions alimentaires et revenus du capital) moins les déductions telles que les frais de maladie, les allocations d'utilité publique ou les versements dans le pilier 3a.
Cette étude a une définition large de la classe moyenne: y appartiennent toutes les ménages dont les occupants gagnent entre 59'085 et 80'000 francs. Ceux qui gagnent moins font partie de la classe inférieure, tandis que ceux qui ont la chance d'avoir davantage de revenus nets que 80'000 francs par an font partie de la classe supérieure.
Vous l'aurez compris, ce ne sont pas les revenus des personnes individuelles qui sont évalués, mais bien ceux des ménages. Pour les ménages qui bénéficient de deux salaires, le revenu du ménage est donc, logiquement, l'argent gagné mis en commun. Selon la banque, il n'existe pas encore de chiffres post-pandémie, en conséquence, ceux de 2019 sont les plus récents.
Répartition stable des revenus
Au cours des 13 années étudiées, il n'y a presque pas eu de changement dans la répartition des revenus :
- 35% des ménages appartiennent à la classe inférieure;
- 37% à la classe moyenne;
- 28% à la classe supérieure.
Seule évolution notable soulignée par Samuel Meyer, CEO de la Banque Cler: le seuil pour appartenir à la classe moyenne a augmenté de plus de 9% par rapport à 2017. La raison? Les revenus ont sensiblement été revus à la hausse de 2007 à 2019, ce qui a provoqué un déplacement des couches.
A noter que celles-ci sont définies à l'aide du salaire médian: la moitié de la population gagne davantage, l'autre moitié gagne moins. En 2019, cet indicateur s'élevait à 53'600 francs par ménage, soit 4500 de plus qu'en 2017 (49'100).
Le Valais, parent pauvre
Autre évolution de taille: en 2019, la Suisse compte 350'000 ménages disposant d'au moins un million de francs de fortune. C'est 67% de plus qu'en 2019! Dans le canton de Zoug, 14,2% des ménages sont millionnaires, devant Schwyz (13,4%) et, plus surprenant, le petit demi-canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures (11,6%).
A l'inverse, le canton du Valais est le plus mal loti. La tranche des 10% des ménages aux revenus les plus élevés commence à 106'200 francs, contre 200'000 dans le canton de Zoug, et la moitié des ménages valaisans disposent de moins de 42'400 francs de revenus nets.
L'étude a été élaborée par la Banque Cler, détenue à 100% par la Banque cantonale de Bâle, en collaboration avec l'institut de recherche économique BAK Economics. Ce «Swiss Income Monitor», très exhaustif, peut être retrouvé en ligne et en français en cliquant sur ce lien.