«On» enchaîne les galères
Les pompes de Roger Federer doivent renoncer à leurs racines suisses à l'étranger

Roger Federer et sa marque On n'ont pas fini d'être dans la tourmente. Une association qui protège la marque suisse demande à l'entreprise de chaussures de respecter la loi «Swissness» à l'étranger. Des poursuites judiciaires menacent la société du sportif suisse.
Publié: 21.01.2024 à 15:07 heures
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Dernière mise à jour: 21.01.2024 à 17:51 heures
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Roger Federer avec le modèle «The Roger». Sa marque On a déjà dû retirer le petit drapeau suisse sur les chaussures vendues en Suisse il y a des années de cela.
Photo: On
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Thomas Schlittler

La marque de chaussures suisse On a fait couler beaucoup d'encre cette semaine. Selon une enquête du magazine «K-Tipp», documents douaniers à l'appui, la société de Roger Federer fait fabriquer ses chaussures au Vietnam à des prix très bas, alors qu'elles coûtent une petite fortune à l'achat en Suisse.

La fabrication du modèle «The Roger Clubhouse Mid», à laquelle a participé Roger Federer en tant que copropriétaire de On, ne coûte que 17,69 francs à l'entreprise. En Suisse, le modèle en question s'acquiert contre la modique somme de 230 francs, soit un prix d'achat nettement plus cher que dans d'autres pays.

A la suite de la publication de l'enquête en question, Blick a demandé à un professionnel du domaine lausannois de donner son avis, rajoutant une couche au procès médiatique de la marque du sportif préféré des Suisses. 

Swissness Enforcement dénonce un abus

Le comportement commercial de On n'agace pas seulement les clients et industrie. Une enquête de Blick montrent que le fabricant est également dans le collimateur de Swissness Enforcement, une association qui lutte contre l'utilisation abusive des indications de provenance suisses à l'étranger.

L'organisation, fondée en 2021, a un but bien précis: faire respecter la loi nationale sur le Swissness au-delà des frontières. Elle est financée par l'Institut Fédéral de la Propriété Intellectuelle et l'économie suisse. Des représentants de la Confédération, d'Economiesuisse, de Swissmem, de l'industrie horlogère et chocolatière suisse et de Victorinox siègent au comité directeur.

Interrogé à ce propos, le directeur de l'association David Stärkle confirme avoir pointé du doigt le fabricant de baskets: «En novembre 2022, nous avons attiré l'attention des juristes de On sur le fait que les règles de Swissness doivent être respectées dans le monde entier», confie-t-il.

Et pour cause: Swissness Enforcement s'insurge que le petit drapeau suisse figure sur les produits On à l'étranger, alors que le groupe fait produire sa marchandise exclusivement en Asie. «Selon le droit suisse, le fait qu'On développe ses chaussures ici ne suffit pas à lui permettre de faire de la publicité avec la croix suisse», rappelle David Stärkle, qui a prié On de retirer l'ultime icône de tous ses produits.

On joue la carte de la mention 'Swiss Engineering'

Mais jusqu'à présent, cette requête a été ignorée par le fabriquant. Pour les chaussures commercialisées en Suisse, On a déjà renoncé depuis des années au drapeau suisse. Mais à l'étranger, une porte-parole du groupe confirme que les chaussures de Federer continuent de brandir la croix suisse.

L'entreprise du sportif s'est exprimée sur le conflit qui la confronte à Swissness Enforcement: «Chez On, nous sommes fiers de nos racines suisses. C'est au siège d'On Labs à Zurich, où travaillent plus de 900 collaborateurs, que se déroulent la recherche, le développement et la conception des produits de On. Avec la mention 'Swiss Engineering', nous indiquons que nos produits contiennent de l'innovation et de la technologie suisses.»

Une jolie déclaration qui n'annonce pourtant pas de concession imminente. Swissness Enforcement souhaite réitérer sa demande dans les semaines à venir pour voir si On est prêt à reconsidérer sa pratique.

Dans le cas contraire, l'organisation se réserve le droit de prendre des mesures juridiques. «En Allemagne par exemple, un tribunal pourrait juger l'utilisation de la croix suisse comme déloyale», justifie David Stärkle. 

L'escalade juridique veut être évitée

Idéalement, Swissness Enforcement souhaite éviter une escalade juridique. «Les violations de Swissness par des entreprises qui n'ont aucun lien avec la Suisse restent prioritaires», avance David Stärkle. D'un autre côté, il estime qu'il est de son devoir de ne pas rester les bras croisés face aux agissements d'On.

«Si nous ne faisons rien, nous nous décrédibiliserons car nous tapons sur les doigts des entreprises étrangères qui agissent de la même manière», s'insurge le président. A défaut, de nombreux «resquilleurs de la suissitude» dans le monde entier ne manqueront pas de se le rappeler et de l'utiliser dans leur intérêt.

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