Occupations pro-Palestine sur les campus
À l'UNIL occupée, visite de Carlo Sommaruga et une nuit de plus sur le campus

La mobilisation estudiantine contre la guerre à Gaza se poursuit mercredi en Suisse romande. À l'UNIL, les élèves ont accueilli le conseiller aux États Carlo Sommaruga et peuvent rester une nuit de plus. Même son de cloche à Genève. Le récap' de la journée.
Publié: 08.05.2024 à 22:15 heures
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Carlo Sommaruga (PS/GE), conseiller aux Etats genevois, échange avec une étudiante lors d'une occupation par des étudiants pro-palestiniens d'une partie du bâtiment Geopolis de l'UNIL, le mercredi 8 mai 2024.
Photo: keystone-sda.ch

De l'Université de Lausanne (UNIL) à celle de Genève (UNIGE), les mobilisations estudiantines pro-palestiniennes se sont poursuivies le mercredi 8 mai.

La Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) a quant à elle exprimé son inquiétude. Voici ce qu'il faut retenir de cette journée.

Une nuit de plus à l'UNIGE

A Genève, des représentants des étudiants pro-palestiniens, qui occupent depuis mardi le hall d'UniMail, ont rencontré des membres du rectorat de l'Université de Genève (UNIGE). Les manifestants ont obtenu le droit de dormir une nuit de plus sur place.

L'entretien avec le rectorat a été qualifié de constructif par une étudiante du mouvement. Il a été proposé à trois membres de la Coordination étudiante pour la Palestine-UNIGE (CEP-UNIGE) de participer, jeudi, à un conseil scientifique qui doit discuter du rôle de l'université dans les débats publics en général.

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Les revendications des étudiants pro-palestiniens seront abordées lors de cette réunion, ont indiqué des membres de la CEP-UNIGE devant les médias. Pour rappel, les occupants d'UniMail réclament notamment la suspension des accords de collaboration passés entre l'UNIGE et les universités et instituts de recherche israéliens.

En cas de participation à ce conseil scientifique, la CEP-UNIGE s'engagerait à ne plus occuper la nuit le hall d'UniMail. Elle continuerait à le faire seulement pendant les heures d'ouverture du bâtiment. Les étudiants pro-palestiniens seraient ainsi tenus de quitter le bâtiment jeudi, à 18h00.

La banderole polémique

Le professeur Frédéric Esposito, du Global Studies Institue, propulsé comme médiateur entre le rectorat et les étudiants protestataires dans cette affaire, a relevé que la rencontre de mercredi entre les deux parties a permis à chacun d'exposer ses positions.

Selon lui, l'un des points de la discussion a porté sur une banderole noire accrochée à UniMail par les étudiants pro-palestiniens, sur laquelle figure la phrase «from the river to the sea, Palestine will be free» (de la rivière à la mer, la Palestine sera libre). Aux yeux de certains, ce message peut être interprété comme un refus à l'État d'Israël d'exister.

La phrase fait polémique car elle est utilisée par des groupes antisémites, a noté le médiateur Frédéric Esposito. Le rectorat aurait voulu que la banderole soit retirée. Mais la CEP-UNIGE a promis une clarification sur le thème de cette dernière, a ajouté le professeur. Une contextualisation et des explications seront fournies à travers un QR code et un flyer. Le rectorat s'est dit satisfait pour l'instant de cette explication. La banderole restera donc en place jusqu'à nouvel avis.

Une nuit de plus et Sommaruga à l'UNIL

Sur les campus lausannois, seule l'occupation à l'Université de Lausanne (UNIL), où le mouvement avait débuté jeudi dernier, est toujours en cours.

À l'UNIL, les négociations se poursuivent entre la direction de l'Université de Lausanne et les étudiants propalestiniens. Ces derniers ont été autorisés à passer une nuit de plus dans le bâtiment de Géopolis, a indiqué une porte-parole du collectif estudiantin à Keystone-ATS mercredi en fin de journée.

En journée, le collectif a reçu la visite du conseiller aux Etats Carlo Sommaruga (PS/GE). Celui qui est également président du groupe parlementaire Suisse-Palestine, s'est dit reconnaissant envers les étudiants de leur mobilisation.

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Pour lui, la revendication de «cesser la collaboration avec les universités israéliennes est fondée», a-t-il déclaré à Keystone-ATS. L'Université devrait réfléchir à des «collaborations avec des universités palestiniennes et israéliennes simultanées dans le même projet», d'après lui.

Plus grand-chose à l'EPFL

L'EPFL a quant a elle été occupée le temps d'une journée, le mardi 7 mai. Une petite centaine de personnes, avec banderoles et tentes, se sont réunies dans le hall central du bâtiment SG d'architecture peu avant midi. Le lieu a rapidement été bouclé par des agents de sécurité, des portes ont été cadenassées.

Après de longues négociations avec la direction de l'EPFL, et la menace pendante d'une évacuation de force par la police, le collectif pro-Palestine a fini par libérer le hall central du bâtiment vers 17h30. Des discussions entre la direction et une délégation du collectif ont eu lieu mercredi vers 17h.

Les chefs de l'Architecture à l'EPFL ont envoyé, le 8 mai au matin, un mail de soutien au collectif estudiantin pro-Palestine qui a occupé leur bâtiment la veille.

Inquiétudes des communautés juives

La poursuite des manifestations pro-palestiniennes inquiète la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI). «Les universités sont des institutions démocratiques dans lesquelles des débats ouverts devraient être cultivés», a déclaré mercredi la FSCI, contactée par l'agence Keystone-ATS.

«Les voix fortes des protestataires portent toutefois des traits idéologiques radicalisés», écrit le secrétaire général de la FSCI Jonathan Kreutner. Elles donnent l'impression que tous les étudiants partagent leurs positions, ce qui n'est «certainement pas la vérité».

Des ultimatums et des exigences extrêmement unilatérales sont posés et les personnes pensant différemment sont intimidées, poursuit M. Kreutner. Pour les étudiants juifs, l'université n'offre plus de cadre protégé.

La question se pose donc maintenant de savoir si les protestations, en particulier à l'Université de Lausanne, sont couvertes par les valeurs d'une université et doivent être tolérées. Il ne doit y avoir aucune tolérance pour les débordements antisémites dépassant clairement les limites, comme le slogan «From the River to the Sea».

D'une manière générale, il appartient au corps enseignant de prendre ses responsabilités, souligne le secrétaire général. C'est aux professeurs et aux directions des universités de «maîtriser la situation et, si possible, de mener des discussions constructives avec les protestataires».

(Avec l'ATS)

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