«Moquerie», «injustifiable», «fausses incitations»
Les cantons décrient la campagne de vaccination d'Alain Berset

Les cantons de Suisse orientale ne voient pas d'un bon œil les projets d'incitation au vaccin du Conseil fédéral, en particulier la prime de 50 francs pour toute personne qui convainc quelqu'un de son entourage. Ils ne sont pas seuls.
Publié: 06.10.2021 à 11:52 heures
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Dernière mise à jour: 06.10.2021 à 12:07 heures
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La semaine dernière, Alain Berset a présenté l'offensive de vaccination prévue.
Photo: keystone-sda.ch

Une semaine nationale de vaccination, des équipes plus mobiles, des conseillers et une prime pour ceux qui convainquent des proches à se faire vacciner: voici les mesures proposées la semaine dernière par le Conseil fédéral pour rattraper le retard de la Suisse en termes de vaccination. Le projet est en consultation auprès des cantons, et il ne fait de loin pas l’unanimité.

Les cantons orientaux se montrent particulièrement critiques. Le canton de Saint-Gall rejette la plupart des mesures, qu’il ne juge ni efficaces ni réalisables. Cette position est également endossée par le canton de Thurgovie.

Les bons de 50 francs ne sont «pas justifiables»

Pour la Thurgovie, l’idée des bons de 50 francs pour les personnes qui convainquent les autres de se faire vacciner est «une moquerie». Saint-Gall estime la mesure «non justifiable». En principe, ils conviennent que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour augmenter le taux de vaccination. Mais «la décision ne doit pas être prise par une pression supplémentaire ou sur la base d’incitations financières, mais sur la base de considérations sociales et sanitaires», estime le gouvernement de Saint-Gall. Thurgovie critique également les «mauvaises incitations» qui sont mises en place.

Les cantons de Suisse orientale ne voient pas non plus d’un bon œil le projet de déployer 170 équipes mobiles de vaccination supplémentaires dans toute la Suisse et d’envoyer des conseillers dans toutes les régions du pays pour inciter les indécis. Le canton de Saint-Gall indique que «des services d’information sont déjà à la disposition de la population à divers égards». Le canton utilise déjà des unités mobiles de vaccination. De son point de vue, d’autres ne sont pas nécessaires.

Seul le projet d’une semaine nationale de vaccination, qui doit avoir lieu en novembre, est approuvé en Suisse orientale.

«Précédent très problématique»

Les projets du Conseil fédéral ne sont pas non plus bien accueillis dans d’autres cantons. Neuchâtel et Glaris s’opposent à l’envoi de conseillers en vaccination ainsi qu’aux bons de 50 francs. «Pour des raisons tant éthiques que pratiques, nous refusons fermement toute rémunération d’un acte de santé», écrit le gouvernement neuchâtelois. Il s’agirait d’un précédent très problématique «qui pourrait, par exemple, ouvrir la porte à la commercialisation du don d’organes, du don de sang, etc.»

Une meilleure rémunération pour les médecins

Les cantons sont d’avis que d’autres mesures pourraient et devraient être prises pour augmenter le taux de vaccination. Ils critiquent par exemple le fait que les médecins ne sont rémunérés que 14,50 francs par vaccin, alors que les pharmacies 24,50. De nombreux médecins ont par ailleurs cessé de prodiguer la piqûre puisqu’ils ne rentraient pas dans leurs frais. Pourtant, écrivent les gouvernements cantonaux, les cabinets médicaux seraient «un point de contact important», en particulier dans les régions rurales.

Neuchâtel propose également, entre autres, qu’une brochure d’information sur la vaccination soit envoyée à tous les ménages. Les cantons ont jusqu’à aujourd’hui midi pour envoyer au gouvernement fédéral leur avis sur les propositions. Le Conseil fédéral se prononcera mercredi prochain. (lha/daj)

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