Il faut 50 membres du Conseil national pour obtenir une session extraordinaire. Voilà qui tombe bien pour le groupe UDC, qui compte 55 élus. Le parti a donc fait valoir son droit et a obtenu un débat supplémentaire sur le sauvetage d'Axpo.
Le débat sollicité par Thomas Aeschi, chef du groupe UDC, a eu lieu lundi soir. Or, si les 55 représentants du parti ont permis l'obtention de ces heures supplémentaires, ils étaient bien moins nombreux à effectivement assister aux débats. Cela n'a pas échappé aux élus des autres partis: seuls 13 élus UDC sur 55 étaient présents!
«Hilarité partielle» de l'Assemblée
De quoi provoquer quelques railleries, surtout à gauche de l'hémicycle. C'est Sarah Wyss, élue PS de 34 ans, qui a ouvert les hostilités. «Chers 13 membres présents du groupe UDC, je suis heureux de vous voir ici, puisque c'est vous qui avez souhaité cette session extraordinaire», a-t-elle commencé à la tribune. Le PV de séance des Services du Parlement vaut son pesant de cacahuètes: «hilarité partielle de l'assemblée».
Interrogé, le président du groupe UDC Thomas Aeschi rétorque que 50 représentants du parti ont participé aux votes, sans exception. Les procès-verbaux de cette session extraordinaire le confirment: il n'y avait que deux absences excusées dans le camp démocratique du centre.
Ils n'étaient plus que cinq
Le hic, c'est que ces 50 élus n'ont visiblement pas trouvé les débats très intéressants. Seul Mike Egger (UDC/SG) a pris la parole au nom de son parti. Ce sont ensuite des représentants d'autres partis qui ont animé les débats, tandis que les élus UDC avaient déjà quitté la salle.
Ada Marra n'a pas manqué cette belle occasion de tacler l'autre camp. La socialiste a sollicité la parole à la tribune pour s'adresser directement à Ueli Maurer. L'UDC n'était alors plus représentée que par... cinq membres. «Comment évaluez-vous la qualité de leur attention?», a interrogé Ada Marra. De quoi provoquer une hilarité plus que partielle de l'assemblée, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.
Ueli Maurer beau joueur
La réponse du conseiller fédéral a été très honnête. «Comme vous le savez, j'appartiens en premier lieu au Conseil fédéral. Je ne suis pas responsable de mon groupe parlementaire», a rétorqué le Zurichois. Avant d'enchaîner: «Mais, je l'avoue, cela m'a aussi agacé».
Le jeune Mike Egger (30 ans) n'est pas décontenancé par ces déclarations de son conseiller fédéral. «Il s'agissait pour nous de montrer à la population que nous examinons un prêt aussi onéreux que 4 milliards de francs, explique l'UDC saint-gallois. Nous exigeons par ailleurs que des conséquences soient tirées dans plusieurs commissions: l'environnement, l'aménagement du territoire et de l'énergie ainsi que les finances. Et cette session extraordinaire fait partie de ce plan.»
Le Saint-Gallois fait remarquer que les rangs des autres partis étaient aussi clairsemés. Et que ce n'est pas si surprenant que l'UDC ait sollicité un débat supplémentaire tout en brillant par son absence partielle: le parti voulait «donner un signal» avec cette mesure. À savoir critiquer la «politique symbolique de la gauche dans tout le débat énergétique», assure Mike Egger.
«De la neige d'hier»
Un autre saint-gallois, l'élu du Centre Nicolo Paganini, a donné la réplique à l'UDC à la tribune du National. «Le mot d'ordre de ce débat pourrait être: tout a déjà été dit, mais pas encore par tout le monde.» Par cette déclaration, l'élu voulait ironiser sur le fait que le plan de sauvetage des entreprises d'électricité est, en réalité, déjà sous toit.
Le Saint-Gallois ne manque pas de métaphores — très alémaniques — pour qualifier les propositions minoritaires de l'UDC: «de la neige d'hier», «du café froid» ou «du vieux vin dans des nouvelles bouteilles», image Nicolo Paganini auprès de Blick. L'UDC a tout à fait le droit de solliciter une session extraordinaire, admet-il. Sans y participer? L'élu du Centre ne se prononce pas.