C'est un exploit. Avant Loris, aucun Suisse n'était parvenu à se hisser en finale de «The Voice», célèbre télécrochet de TF1. Déterminé à aller encore plus loin, le Neuchâtelois de 18 ans donnera son maximum pour remporter la 11e édition de l’émission, ce samedi 21 mai à partir de 21h10. L'épilogue d'une aventure à voir derrière votre écran, ou depuis la fanzone organisée au Tennis Club du Mail de Neuchâtel, dont le restaurant est tenu par son père.
À quelques heures de ce bouquet final qui pourrait bouleverser sa vie, le rappeur-chanteur ne tremble pas. Au téléphone, ses mots sont posés. Ses émotions sont palpables, son envie de bien faire — de se surpasser, même — aussi.
Une chose frappe: malgré sa soudaine notoriété et son jeune âge, Loris ne cède pas aux sirènes du showbiz. Transporté par une grande humilité, il n'est pas près de se noyer dans les paillettes. Ni de se faire avaler tout cru par les requins qui lorgnent son succès. Interview.
Comment est-ce que l’on se sent à quelques heures du dénouement?
Je me sens bien, détendu. Je suis prêt à attaquer cette finale et à m’amuser avant tout.
Vous arrivez à gérer votre stress et vos émotions?
Franchement, oui. Je pense que le travail comble tout ça. Quand on veut faire quelque chose et qu’on travaille à fond pour y parvenir, on est porté. On oublie le reste et tout ce qui peut se passer.
Vous avez des techniques particulières pour garder le cap?
Pas vraiment… Je me concentre sur ce que je dois faire. Je me freine en me répétant que les heures que je vis maintenant doivent être le calme avant la tempête. Mon objectif est d’arriver sur scène apaisé pour pouvoir ensuite tout lâcher, tout déballer.
Ça doit être difficile de garder les pieds sur terre, malgré votre humilité naturelle et votre sensibilité. Vous devez lutter pour ne pas prendre la grosse tête?
Non! Mon comportement fait partie de mon éducation. J’ai une famille derrière moi qui est là pour me ramener sur terre, si ça devait commencer. Et «The Voice» ou pas «The Voice», ce milieu est très, très petit. Tant qu’on n’a pas rempli quatre fois le Stade de France et achevé trois tournées mondiales, je pense qu’on ne peut pas se permettre de prendre la grosse tête.
Vous êtes tout de même le premier Suisse à arriver en finale de l’émission! Votre vie et le regard des autres sur vous ont forcément dû changer, non?
Bien sûr! Mais c’est normal. Comme tout individu qui commence à se mettre en avant, j’ai des personnes qui arrivent autour de moi, qui s’intéressent. Je suis le premier Suisse en finale, c’est vrai. Mais le Fribourgeois Gjon’s Tears avait marqué «The Voice» avant de faire un très joli score à l’Eurovision. Donc mon statut, le fait que je sois le premier à faire ci ou ça, reste très secondaire pour moi.
Et vous, vous vous voyez toujours de la même manière depuis le début de cette aventure?
Oui, absolument. Je ne compte pas changer. Ça serait dommage de le faire maintenant… Il faut prendre un peu de distance: je suis où j’en suis grâce à qui je suis. Pas grâce à celui que je pourrais être.
Le fait de douter, ça a quelle place dans votre vie?
Le doute, c’est aussi quelque chose qui me pousse à être meilleur. Quelque chose qui m’encourage à toujours en vouloir davantage, à m’améliorer constamment. Mais il faut réussir à trouver le bon dosage.
C’est important?
Oui! Sinon on peut se sentir paralysé, partir en dépression… Il faut faire en sorte que le doute soit un avantage plutôt qu’un désavantage.
Et concernant ce samedi soir, vous partez confiant?
Non, pas du tout. Mais je pars heureux. Parce que je touche à quelque chose qui me ressemble, qui est clairement moi. Je suis vraiment heureux d’être arrivé jusqu’ici, d’être sur scène et d’avoir le soutien de mes coachs, Nolwenn Leroy et Marc Lavoine. Et bien sûr d’avoir le soutien de la Suisse et de «mon» Neuchâtel!
D’après vous, qui mérite le plus de gagner?
Tout le monde mérite de gagner. Je pense sincèrement que tous les finalistes ont leur petit truc qui les distingue des autres et qui leur permettra peut-être de faire carrière plus tard. Maintenant, au public de décider.
Et, indépendamment des efforts des uns et des autres, qui va gagner?
C’est impossible pour moi de vous répondre. À mes yeux, on est tous victorieux.
Même-là, vous ne vous mettez pas en avant. C’est typique des Neuchâtelois d’être aussi modeste?
Je ne pense pas (rires). Mais je suis du genre à prendre sur moi. Et après tout le beau qui m’est déjà arrivé dans cette aventure, je ne vois pas comment je pourrais me mettre en avant. Ce n’est en tout cas pas à moi de le faire.
En parlant de votre ville de Neuchâtel: vous vous y voyez toujours dans dix ans ou vous rêvez d’autre chose, de mieux, de plus grand?
C’est dur pour moi de vraiment me projeter. Mais, si je vois les choses en grand, j’aimerais remplir un Stade de France dans dix ans et faire une tournée internationale. Est-ce que ce rêve impliquera un logement à Paris ou ailleurs? Je n’en sais rien… Quoi qu’il arrive, Neuchâtel restera toujours ma ville et la Suisse mon pays. C’est ici que j’ai grandi, que je me retrouve.
Et musicalement, la Suisse c’est important pour vous?
À part Henri Dès, que j’ai adoré quand j’étais tout petit, je ne dirais pas qu’un artiste suisse m’ait particulièrement inspiré. Mes influences, je vais les chercher là où ça tape à l’international, là où ça fait des millions et des millions de vues. Ce n’est pas encore le cas dans notre pays. Mais j’espère que ça va se développer petit à petit. Que les arts prendront progressivement de l’ampleur.
Vous avez 18 ans. Indépendamment que vous gagniez ou non ce samedi, vous êtes sûr d’avoir trouvé votre voie?
Ma vie, ça sera la musique. J’en suis sûr et certain.