C’était une invention supposée faire gagner du temps et de l’argent. L’ASTRA Bridge, un pont mobile de chantier, a été imaginé afin que la circulation puisse suivre son cours au-dessus des zones de construction d’autoroutes.
Ce projet pilote de l’Office fédéral des routes (OFROU) devrait ainsi permettre d’éviter les bouchons, d’éviter la fermeture de voies ainsi que de réduire la durée des futurs chantiers. Il est actuellement testé sur l’A1 entre Recherswil et Luterbach, dans le cadre de travaux d’entretien.
Seulement voilà: cette invention qui paraissait révolutionnaire est en train de se transformer en échec coûteux. Des tests erronés et insuffisants, ainsi qu’un manque de place lors des travaux ont mis un terme prématuré au projet de plusieurs millions de l’Office fédéral des routes (OFROU). C’est ce que rapporte le magazine «K-Tipp» dans sa dernière édition.
Les tests ont eu lieu «uniquement avec des voitures et un car», rapporte le magazine. Les camions n’avaient alors jamais roulé sur le pont. Une erreur fatale.
Pas fait pour les camions
Lorsque le pont a été installé pour la première fois en avril sur l’A1 près de Luterbach (SO), il est vite apparu qu’il ne fonctionnait pas comme prévu.
La pente des rampes, de 6,1% chacune, a posé problème. Les chauffeurs de poids lourds ont eu du mal à franchir le pont, ce qui a provoqué des bouchons, surtout aux heures de pointe. Les voitures basses ont même parfois touché le sol avec le dessous de caisse.
Le projet a donc été abandonné au bout de deux mois – quatre mois plus tôt que prévu. L’OFROU a fait savoir qu’il souhaitait améliorer l’inclinaison des rampes. Maintenant, selon «K-Tipp», des «tests de conduite approfondis, en particulier avec des camions avec différents chargements, doivent être effectués pour la première fois».
Les travaux sous le pont ne se déroulent pas comme prévu
Concernant le projet pilote, la circulation aurait dû pouvoir se poursuivre à une vitesse de 60 km/h sur le pont (de 236 mètres de long) pendant les travaux. En dessous de l’autoroute, le revêtement aurait dû être rénové sur une centaine de mètres. Une fois la zone terminée, le pont, composé de différents modules, aurait dû être déplacé sur 100 mètres jusqu’au tronçon suivant.
Mais les travaux sous le pont ne se déroulent pas non plus comme ils le devraient. Le pont ne mesure que trois mètres de haut – trop peu pour de nombreux engins de chantier. Les travaux d’assainissement dureraient donc «plus longtemps» et seraient aussi «un peu plus chers», admet l’OFROU. Plusieurs entreprises de construction affirment également à «K-Tipp» qu’il manque de la place sous le pont pour un travail efficace.
De plus, comme les étapes de construction sont nettement plus courtes que sur un chantier normal, il y a jusqu’à dix fois plus de joints transversaux sur la route qu’en temps normal. Chaque joint transversal représente un point faible – et «un certain risque d’affaiblissement», admet l’office fédéral.
Le pont présente donc de nombreux inconvénients. On ne sait pas s’il sera à nouveau utilisé un jour. Ce n’est que s’il passe les nouveaux tests de conduite et d’aptitude, qu’il sera à nouveau utilisé à partir du printemps prochain. Dans le cas contraire, il risque de faire un flop de 20 millions.
(Adaptation par Nora Foti)