En 2020, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) a enregistré un peu plus de 11'000 demandes d'asile, alors qu'il tablait sur 15'000 à 16'000 demandes. En raison de cet écart, «nous avons économisé environ 160 millions de francs dans le domaine de l'asile par rapport au budget 2020», avait alors déclaré l'ancien chef du SEM Mario Gattiker dans une interview à Blick.
Si le nombre de requérants d'asile diminue, les coûts de l'asile baissent. S'ils sont plus nombreux, les coûts augmentent. La Confédération peut influencer les coûts de l'asile, par exemple en réglant plus rapidement les demandes et en renvoyant plus rapidement les demandeurs d'asile déboutés.
Mais le nombre ne peut pas être contrôlé avec précision. Un plafonnement des coûts de l'asile à 2 milliards de francs, comme le souhaite le groupe UDC dirigé par le conseiller national Thomas Aeschi, est peu réaliste. L'UDC en est également consciente.
Le Bureau de la consommation est-il nécessaire?
Dans la lettre que l'Union démocratique du centre a envoyée mardi à un groupe d'experts chargé de trouver un potentiel d'économies dans le budget fédéral, on trouve 17 exigences grâce auxquelles les dépenses devraient baisser de 5,5 milliards de francs. Nombre d'entre elles ne sont pas nouvelles: réduire de moitié les coûts de l'asile, diminuer l'aide au développement, empêcher la croissance des dépenses du personnel fédéral.
Parmi les revendications, il y a aussi celles qui devraient être sérieusement envisagées. Par exemple, la fermeture du Bureau fédéral de la consommation. Son utilité n'est guère évidente, les organisations privées de consommateurs apportent une contribution bien plus décisive. Mais le potentiel d'économie – selon l'UDC – n'est que d'un million de francs.
Pourquoi soutenir les cantons ?
L'UDC veut que les cantons perçoivent au maximum 300 millions de la Confédération pour l'hébergement des personnes âgées, des pauvres et des étrangers. Les cantons ruraux devraient, selon l'UDC, continuer à recevoir 380 millions. Pourquoi? Simplement parce qu'ils sont escarpés et peu peuplés? Au vu de l'état moribond des caisses fédérales et des excédents records des cantons, la nécessité de cette aide est plus que douteuse. Il y aurait là près d'un milliard de francs d'économies à réaliser.
L'UDC renvoie en outre à la fondation immobilière Fipoi, qui met à disposition des organisations internationales comme l'OMS à Genève des bureaux à prix avantageux. Les 61 millions alloués à cet effet sont-ils vraiment nécessaires? Et qu'en est-il des dix millions de francs que la Confédération dépensera en 2024 pour la présence de la Suisse à l'exposition universelle et aux grands événements sportifs?
Ces exemples montrent bien où se situe le problème des économies: Le Conseil fédéral et le Parlement se sont donné pour mission de renforcer la Genève internationale. Dès lors, voulons-nous vraiment qu'en 2025, il n'y ait pas de pavillon suisse à l'exposition universelle d'Osaka, au Japon?
Economiser chez les Dettling
Les économies se feraient de toute façon dans d'autres domaines. Un coup d'œil sur le budget 2024 montre que dans l'agriculture, les paiements directs représentent à eux seuls 2,8 milliards de francs par an. C'est beaucoup si l'on considère que la contribution des paysans au produit intérieur brut ne représente même pas un pour cent. Il n'est guère étonnant que le parti dirigé par Marcel Dettling – agriculteur de profession – ne mette pas le couteau, ne vienne pas couper dans ce domaine.
Après l'attaque de la Russie contre l'Ukraine, une demande d'économies au niveau de l'armée susciterait un tollé. Pour de nombreuses personnes, l'institution militaire devrait plutôt recevoir plus d'argent. Pour cette année, le Conseil fédéral a prévu un budget de l'armée de plus de 5,6 milliards, qui devrait encore augmenter dans les années à venir.
Les subventions à la loupe
Il est plus probable que les spécialistes des économies de la Confédération examinent la nécessité et l'effet de certaines subventions. Le Contrôle fédéral des finances a déjà identifié un potentiel d'économies dans ce domaine: la Confédération verse par exemple des subventions pour la publicité en faveur de la viande, qui ne semblent pas du tout nécessaires.
Un autre exemple est celui de l'agriculture: il y a un mois seulement, le Parlement a décidé de soutenir la branche viticole locale à hauteur de neuf millions de francs par an pour la publicité – et ce, sans que l'on sache si une telle aide est nécessaire.